LE DOSSIER VALMY (Thriller) : chapitre 24 (Troisième partie)steemCreated with Sketch.

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Chapitre 24 • Un jour en enfer


La veille, nous avons dîné avec les deux allemandes. Patrick lui est rentré pour arriver tôt au laboratoire avec Adeline. Exceptionnellement, on démarre à 8 heures pour les synthèses qui prennent du temps. Le dîner est un moment de drôlerie et de complicité avec Olga et Petra. Oubliées les craintes du début, oubliés aussi les régimes, les deux femmes se régalent et vident les bouteilles de blanc bien frais aussi rapidement que moi. Le réveil est programmé pour 7h30.

7h15, je suis sur le parking et j’attends mes deux invitées pour filer au laboratoire quand le téléphone sonne. C’est Patrick. Je décroche.

  • Vincent, on a un problème. Il y a plein de flics au laboratoire, sur le parking partout. Je suis avec Adeline et nous n’avons pas le droit de rentrer.

Upercut...

  • tu es là?

  • ...Oui... oui Patrick je suis là.

Il me faut encore quelques secondes avant de réagir.

  • Ecoute Patrick, j’attends les filles et j’arrive.

Olga arrive tout sourire aux lèvres. Je dois être blanc comme un linge car elle me dit:

  • quelque chose ne va pas Vincent?

  • Patrick vient de m’appeler, il y a la Police au laboratoire mais je n’en sais pas plus. Le mieux serait que vous preniez votre voiture.

Aussitôt dit aussitôt fait et nous prenons la direction de la Zone Industrielle. J’appelle mon avocat illico sur son portable. Il décroche et me donne immédiatement les instructions :

  • Vincent ne faites aucune obstruction. Rappelez moi dès que vous avez le nom du juge d’instruction que je puisse agir.

  • Mais nous n’avons rien à cacher de toutes manières...

Et soudain, je me dis que si j’ai les flics au laboratoire, il doit également y en avoir chez moi à Paris. J’appelle Julie. Elle décroche.

  • Ca va?

  • Oui et toi?

  • Non, on a des flics au laboratoire et je ne sais pas pourquoi.

  • Il y en a aussi ici depuis une demi-heure.

  • Et?

  • ET? Et ils fouillent tout.

  • Les enfants? Où sont les enfants?

  • Ils sont là dans le salon, assis. Nous n’avons pas le droit de bouger. Ils ne peuvent pas aller à l'école...

  • Ok, aucune opposition, nous n’avons rien à cacher. Je te rappelle dès que j’en sais plus.

Putain de putain de putain. C’est moi la victime et c’est moi que l’on perquisitionne! Et je ne sais même pas pourquoi... Le jour où les allemandes sont là... pour racheter la boite! Ma voiture s’engage dans la zone et en effet notre petit parking affiche complet. Il y a du monde à l’évidence. Plus je m’approche, et plus je mesure que le comité d’accueil est musclé. Je me gare. toutes les voitures sont banalisées et immatriculées 75 sauf celle de la police nationale locale. En me garant, je compte les fonctionnaires en costume gris. Ils sont 17 plus un inspecteur en jean avec son brassard police bien en évidence et deux gardiens de la paix.

Les allemandes suivent. Je sors de la voiture le plus naturellement possible et je me dirige vers les fonctionnaires.

  • Bonjour messieurs, je suis Vincent Le Roy et le dirigeant de cette entreprise. Que puis-je pour vous?

Là, dans un geste coordonné, les fonctionnaires brandissent leur carte professionnelle bardée d’un bleu blanc rouge et l’un deux s’avance :

  • Direction Nationale des Enquêtes Fiscales, nous avons un mandat pour perquisitionner.

Le fisc? Mais qu’est-ce que le fisc vient foutre chez nous? Le gars agite de loin un papier et m’indique qu’il s’agit d’une mesure conservatoire pour éviter que des preuves disparaissent dans le cadre d’un contrôle fiscal...

  • Ecoutez messieurs, il n’y a aucun problème. Il n’y a rien à cacher ici alors faites votre travail. La seule chose, c’est qu’aujourd’hui, j’ai mes clientes allemandes avec moi et on a un programme de travail chargé.

Olga et Petra sont restées sur le parking à côté de leur voiture. Je sens un flottement chez les fonctionnaires. Ca c’était pas prévu à l’évidence et ça emmerde tout le monde. Celui qui m’avait parlé quitte le groupe et se dirige vers une des voitures banalisées. Au fond, je distingue qu’il y a une femme assise. Ils vont discuter une bonne dizaine de minutes. Je regarde Adeline qui ne comprend rien. La pauvre stagiaire est pétrifiée. Le fonctionnaire revient. Il me dit:

  • écoutez, on fait d’abord un tour de l’entreprise et ensuite on verra pour vos clientes allemandes.

  • Aucun problème.

  • Par contre, il nous faut deux témoins de nos opérations. Monsieur Le Roy, soit vous êtes témoins avec la demoiselle où nous prenons deux personnes au hasard dans la rue... C’est la procédure.

  • Faites ainsi.

Je regarde Adeline dont les jambes flageollent. Je la rassure avec un peu d’ironie:

  • Allez Adeline, souriez, cela fera un très bon rapport de stage! Pas ordinaire... Vous assistez en direct à une perquisition. Dans le monde la chimie, ce n'est pas tous les jours!

  • ok...

Et j’ouvre les portes du hall. Les fonctionnaires m’emboitent le pas et investissent les lieux. Je les informe qu’ils sont dans un laboratoire et qu’il y a donc des produits chimiques dangereux et qu’il vaudrait mieux mettre des lunettes et des gants. Ca non plus, ils n’avaient pas anticipé. Je leur explique le fonctionnement des lieux, qu’en bas il n’y a qu’un laboratoire industriel, qu’en haut, il y a un deuxième laboratoire et un couloir de bureaux. Je leur ouvre les portes codées une à une des deux laboratoires et les voilà à ouvrir les placards et à examiner nos équipements. Je sens bien que cela ne correspond pas à leurs attentes. Mais mon interlocuteur est encore arrogant.

  • Si vous cherchez quelque chose, c’est forcément dans les bureaux. Vous ne trouverez rien dans les laboratoires. Par ailleurs, toute la comptabilité est dans les deux armoires, là dans le couloir.

  • Vous avez un ordinateur?

  • Bien sûr, le voilà. le mot de passe est vlm07.

  • Ah c’est un mac?

  • Oui pourquoi?

La vieille dame qui était restée dans la voiture les a rejoint. Ils s’isolent dans un bureau. Dix minutes plus tard, elle vient à ma rencontre et me dit:

  • écoutez Monsieur Le Roy, pour vos clientes, elles peuvent travailler dans les laboratoires avec votre chimiste. Ce qui nous intéresse, ce sont vos papiers, vos ordinateurs et donc tout se passe en effet dans les bureaux.

  • On a le droit de faire un café?

  • Oui d’ailleurs ce ne sera pas de refus.

Elle vient foutre le bordel dans ma boite et chez moi avec des dizaines de sbires et elle prendrait bien un bon café! Elle ne manque pas d’air. Mais bon, je retourne accompagné d’un gardien de la paix, main sur le holster donner les instructions à Patrick, Olga et Petra. Olga me regarde d’un air désolé. Elle m’indique qu’elle a prévenu Archibald et qu’il va me rappeler dans la journée... Patrick les accompagne et tant bien que mal ils se mettent tous les trois au travail.

Je retourne dans l’oeil du cyclone. Adeline et moi sommes assis sur deux chaises dans le couloir en tant que témoins. Les fonctionnaires regardent tout, ils saisissent des tonnes de document avec chaque fois un coup de tampon et un numéro de scellé. L’un deux établit une liste informatique sur un PC portable. Au début, je les entends se parler.

  • Tiens j’ai trouvé ça!

  • Ok, on prend!

Je ne vois pas bien l’intérêt de saisir les fiches techniques des produits et je comprends que leur discours n’est là que pour impressionner. L’inspecteur en civil appelle le commissariat pour faire un compte-rendu opérationnel. Et il dit à son supérieur qui de toute évidence suit les opérations à distance :

  • ça va, tout se passe bien. On a ce que l’on est venu chercher.

Pauvre et sinistre con. Je garde mon calme. Je suis plus préoccupé parce ce qui se passe pour Julie et les enfants ainsi que ma pauvre stagiaire que cet abruti de fonctionnaire. Vers 10h00, la vieille reçoit un appel sur son portable. C’est l’équipe de Paris qui lui fait un compte-rendu. J’entends vaguement la conversation. Ils n’ont rien trouvé. Elle prend son temps pour réfléchir et finalement elle répond à son interlocuteur:

  • ok vous pouvez quitter. On se retrouve ce soir à la Brigade. Nous non plus, il n’y a pas grand chose. On aura fini aujourd’hui.

De fait, le ballet des saisies se poursuit mais l’arrogance a disparu. Archibald m’appelle. La vieille est juste à côté de moi. elle tend l’oreille alors que je décroche:

  • ok Vince, mon ami, je suis au courant pour ce qui se passe à Amiens. Rien n’est le fruit du hasard mon ami et tes ennemis sont à l’évidence très puissants pour obtenir de telles mesures. Tu comprendras que l’on achètera rien dans ces conditions. Les filles peuvent continuer leur programme technique, je compte sur toi pour y veiller. On se rappelle plus tard.

Le message est clair. Limpide. Je viens de tout perdre à nouveau, là le cul sur une chaise à côté de ma stagiaire qui enchaîne:

  • c’est pas normal ce qui vous arrive Monsieur Le Roy.

Bah oui, c’est pas normal. Mais c’est ainsi. J’ai beau avoir la larme facile, là, ce que je ressens est une profonde haine.

La vieille a investi le local café et commence à amorcer un plan de recul avec un soupçon d’humanité. Elle me demande de raconter mon histoire. Elle comprend. Elle est intelligente cette petite dame. Elle réalise qu’ils se sont fait mettre aussi et elle tente de m’expliquer qu’ils avaient des éléments à priori accablants. Elle m’indique même que ce genre de mesure est tout à fait exceptionnelle, qu’ils ne vont sur le terrain comme ça que quatre fois par an. Elle finit même par m’indiquer qu’elle dirige la plus haute brigade fiscale de France, à Bercy. Nom de dieu! Tout ça pour un petit con comme moi... tout cela n’a en effet pas de sens sauf celui de me broyer. L’état vient de se mettre au service de mes adversaires. A leur solde. Incroyable mais vrai!

Avec en prime, mes enfants que l’on a obligé à rester assis dans un canapé. Ils ont dû avoir peur. Julie doit m’en vouloir même si je n’y suis pour rien. Je pense à eux. Vite qu’on en finisse, je veux retrouver ma famille. J’ai des envies de meurtre aussi. Moi le légaliste qui veille à ne jamais rien faire d’illégal, j’ai envie de tuer Alex et Kojak. Au calibre 12 en pleine face. Pour l’heure, je dois contenir cette haine et rester stoïque. Je ne me remettrai jamais de cette journée du 26 avril 2007. Et la descente aux enfers n’est pas terminée pour autant…


A SUIVRE

Table des matières:

Introductionchapitre 1chapitre 2chapitre 3chapitre 4chapitre 5chapitre 6chapitre 7chapitre 8chapitre 9chapitre 10chapitre 11chapitre 12chapitre 13chapitre 14chapitre 15chapitre 16chapitre 17chapitre 18chapitre 19chapitre 20chapitre 21chapitre 22chapitre 23


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Very dramatic. I love to read it out, because a lot of interesting vocabulary that I can find here. I am curious about the next chapter.

Wow, toujours aussi percutant Vincent. J'aime bien comment tu décris l'état d'esprit de la stagiaire... Et le coup du "je prendrais bien un café" à la personne qu'on perquisitionne est pas mal aussi!

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