LE DOSSIER VALMY (Thriller) : chapitre 11

in #roman6 years ago


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Chapitre 11 • Le jour d'après


En sortant de la réunion du 26 avril 2006, j’appelle Denis qui est toujours au Cameroun. Exceptionnellement, il décroche. Je lui fais un bref résumé et je l’entends crier au bout du téléphone :
  • c’est une mutinerie! Il n’y a pas d’autres termes! Alors comme dans la marine, on va pendre les mutins, haut et court et garder le navire! Cap à l’ouest!

Le lendemain, je me suis levé tôt. Il n’est pas question d’aller sur Amiens et de croiser les chimistes. J’ai rendez-vous avec mon avocat parisien à 10h00. Mon avocat luxembourgeois est également dans la boucle. Mon avocat ou mon ami? Je ne fais pas trop la différence. En tous les cas, il sera le seul à me soutenir dans tout ce qui va m’arriver et en m’enverra jamais la moindre facture. Bref, ce matin là, il est nécessairement dans la boucle.

J’ai appelé ma secrétaire. Elle me confirme qu’il n’y a personne. Les deux chimistes ont appelé pour dire qu’ils ne viendraient pas aujourd’hui. Leur délire continue, avec en prime la conviction qu’ils sont d’ici quelques heures les seuls patrons à bord.

Mes avocats m’écoutent médusés. Des guerres entre actionnaires, ils en ont déjà vu mais une telle histoire, jamais. Sur le plan du droit, il n’y a pas de soucis majeur mais il faut faire les choses proprement. Je souscris. Primo, virer Kojak des dirigeants en tenant un conseil d’administration exceptionnel. Ce point ne pose aucune difficulté, nous sommes majoritaires au delà de ce qui est nécessaire. Secondo, mettre les chimistes à pied. Mais pour cela, il faut respecter les règles du droit du travail sinon on va s’en prendre une. Je les rassure. Je ne suis plus à quelques jours près.

Il va falloir aussi dénoncer le contrat canadien et mettre en avant les manquements. Ok le plan d’actions me va bien. Après tout, ils sont en tort. Et mon carnet de commandes est plein. Ce con de Kojak a eu beau aller voir CPCU, je suis repassé derrière lui le mardi et ce qu’il ne sait pas, c’est que CPCU nous balance une énorme commande. 400,000 euros de chiffre d’affaires. Ca, je me suis bien gardé d’en parler le 26!

Ce qu’il ne sait pas non plus, c’est que la subvention vient d’arriver. Les comptes bancaires sont pleins et j’ai trois mois de trésorerie devant moi. Sans compter le crédit de TVA de 110,000 euros qui devrait m’être remboursé prochainement.

Envers et contre tous, Je n’ai qu’un problème à résoudre: remonter une équipe technique pour faire face à la demande. Si j’ai acquis suffisamment d’expérience dans les formules et que je n’ai plus besoin des chimistes pour cette partie là, en revanche, il me faut un spécialiste des matières premières car la clé du succès est là. Et surtout, c’est le seul truc que je ne maîtrise pas. Les machines et les formulations, je maîtrise, je pense même que j’en sais plus que les chimistes. Cela peut paraitre prétentieux mais l’histoire va me donner raison. Sur ce point au moins.

Nous sommes le jeudi, veille du week-end du premier mai. Là où je suis fort, c’est dans cette capacité à aller très vite sur un objectif. Ma cible : convaincre Patrick de prendre en main le laboratoire, de travailler ouvertement avec le franco polonais et moi. Car je compte bien garder le polonais dans le circuit. On est sur la même longueur d’onde tous les deux et puis l’épisode de la machine l’a marqué. Il a vu ce que c’est qu’un mec qui croit en ses idées et qui va au bout. De façon rationnelle et sans paniquer mais qui ne lâche rien!

Pour comprendre l’enjeu de la discussion que je m’apprête à mener avec le nouveau chimiste, il faut revenir en 2004. Patrick à cette époque fait partie de mes chimistes. Il m’a été recommandé par le principal. Chez les anglais, c’était son numéro 2. A cette époque, je n’y ai vu aucun problème. Plus on aura de compétence, et mieux ce sera.

Patrick, comme les autres a donc démarré Amiens en janvier 2005. Il est d’ailleurs celui qui a choisi tout le matériel du labo. Mais rapidement, les deux autres chimistes et lui vont s’affronter. On peut parler de compétition. Je dirai également différence dans la rigueur.

Chez les deux autres chimistes, nous avons un professeur Tournesol par excellence. Chez Valmy, c’est dieu. L’autre n’a aucune compétence, et avec Denis en 2004, nous faisons ce choix de le prendre. Si on ne prend pas le deuxième, on aura pas le premier. Les deux premiers vont de pair. Comme des siamois.

Patrick, au contraire, c’est la rigueur. Il maîtrise l’amont mais ne connait rien au monde de la formulation, pré carré de l’autre professeur Tournesol. Et comme les technologies ne sont de notre point de vue que de la formulation, dieu est chouchouté. A tout point de vue. Moi, mon métier, c’est de vendre, d’organiser et de commercialiser ce qui sort de la tête de ce bonhomme.

En septembre 2005, à l’occasion de l’incendie chez CPCU, le clivage entre les deux hommes va s’accélérer. Notre savant fou a le sentiment que sa formule est mauvaise et que c’est le fond du problème. Le deuxième problème, c’est qu’il n’a aucune solution.

Patrick a une autre approche. Analyser chaque paramètre systématiquement. Et moi je les pousse car j’ai besoin d’explications pour ne pas perdre le client. C’est le dernier chimiste, l’inutile qui va venir me trouver:

  • On n’en peut plus de Patrick. Et en plus il fouille dans nos dossiers...

Nous voilà bien! Un espion au sein de la boîte au moment où nous risquons de perdre CPCU... Je m’en ouvre à Denis et Kojak. A cette époque, les deux me soutiennent et recommandent de ne pas perdre notre savant fou. Si on a une chance de garder le marché, c’est lui. Nous sommes tous aveugles et c’est un peu de ma faute. Nous allons sacrifier Patrick.

Avec du recul, je passais ma vie à parler de «mes chimistes».

Décision est prise de virer Patrick. C’est Kojak qui s’en occupe. Nous sommes six mois avant la mutinerie. Et Patrick dégage avec un chèque. Sans que Denis ou moi ne comprenions que nous allons vers les emmerdes. Alex a déjà approché les deux chemises renégats pour se liguer contre moi. Mais ça je l’ignore. Ils viennent habilement de dégager le seul qui pouvait gêner leur projet machiavélique.

Le 27 avril 2006, la situation a changé. Notre professeur tournesol ne veut plus bosser. son homologue justifie son rôle d’inutile en se positionnant comme son porte parole. Dieu ne veut plus travailler! J’en discute avec mon polonais. La situation est simple : à nous deux, nous maîtrisons toutes les formules. Dieu n’est pas ou plus indispensable et il n’a aucune solution. Par contre, il nous faut un type qui connaisse les résines. C’est incontournable. Il faut arriver à convaincre Patrick de revenir dans le jeu.

Et une fois de plus, je vais prendre ma voiture... avec Jeannot.


A SUIVRE!

Table des matières:

Introductionchapitre 1chapitre 2chapitre 3chapitre 4chapitre 5chapitre 6chapitre 7chapitre 8chapitre 9chapitre 10


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