LE DOSSIER VALMY (Thriller) : chapitre 3

in #roman6 years ago (edited)


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Chapitre 3 : les origines


La digestion ne semble pas avoir eu raison de mon contradicteur. Il continue de tourner des pages par dizaine à la recherche de «LA QUESTION QUI TUE». Dès la première journée, il comprend vite que l’interrogatoire ne va pas se dérouler comme prévu. Qu’à cela ne tienne, il facture 300 billets de l’heure plus la stagiaire qu’il saute, tout va bien, ça fait un ticket de 40,000$ canadiens dans les fouilles. Alors il continue.

Et donc en bon petit soldat qui n’a pas le choix, je réponds, j’explique, je détaille. Je déballe ma vie depuis le début.

Et tout débute en 2001. A l’époque je travaille pour un groupe de capital risqueur luxembourgeois. Mon boulot consiste à gérer les investissements sur le plan technique et veiller au grain. Dans un dossier justement, j’ai un problème. Les investisseurs ont misé une jolie somme sur un savant qui prétend détenir un procédé révolutionnaire. Le mot phénolique est apparu. Technologie révolutionnaire et exclusive selon son inventeur. Comme je n’y connais rien, j’audite pour écrire mon rapport et conclure si les financiers doivent remettre au pot ou non. Car le savant fou est gourmand et réclame beaucoup d’argent frais. Pourtant, plusieurs choses ne collent pas.

Ma démarche est simple: prendre des consultants et me faire expliquer. Et prendre des contacts pour contrebalancer les propos du savant fou. C’est comme cela que je vais rencontrer Denis mon premier associé puis les chimistes. Les hasards de la vie comme on dit.

Denis est expert de Justice et travaille comme consultant dans le domaine des matières premières. Le contact est immédiat. Rapport parfait et discussion à bâton rompue. L’escroquerie flairée semble avérée selon lui. Pour confirmer cette première approche, j’appelle donc le leader dans ce domaine. Comme ça à l’arrache.

Le standard me passe un « responsable ». C’est le directeur commercial. Comme tous ses cinquantenaires, cadre d’une société cotée en bourse, en charge des directions commerciales, il me répond avec distance mais sans manquer d’intérêt. Je lui propose de déjeuner. Faire des kilomètres, ça me connait. Inviter au resto un quidam pour le faire parler, je sais faire et j’ai toute latitude. Ma carte pro n’a pas de limite.

Allons donc! Après m’avoir écouté, il m’explique que sa société anglaise vient de racheter un portefeuille à une multinationale française dans le nord et qu’il doit développer certaines technologies révolutionnaires cachées depuis 30 ans par les français avec un chimiste hors pair, caché au fond d’un laboratoire.

En dehors de cela, il m’explique que le projet dont je m’occupe est foireux et qu’il est le premier à fournir des produits de merde à prix d’or à l’autre abruti sur lequel mes risqueurs ont investi. Il me trouve très commercial et surtout je connais le monde du bâtiment qui est le secteur qu’il doit développer. En Angleterre, ils sont leaders mais outre manche, ils sont strictement inconnus et se heurtent aux majors comme Saint-Gobain… Et donc à son tour, il souhaite m’inviter.

J’accepte évidemment l’invitation. Je suis curieux de nature. Quinze jours plus tard, me voila à débarquer dans le Nord sur un site CEVESO. Et après avoir passer tous les checks points j’ai rencontré le deuxième chimiste. Type introverti, alcoolique, un ch’ti typique qui de laborantin est devenu le dernier des mohicans dans une multinationale qui a mis de côté des technologies, des fois jamais. Puis ils l’ont oublié et le gars bricole de son côté depuis 15 ou 20 ans. Enfermé au fond du sous-sol dans un laboratoire de 20m2, Il me fait la visite du musée. On explore. Le premier chimiste jubile! Et en effet, ce qu’ils me présentent est incontestablement pertinent.

L’avocat d’Alex continue ses questions. Je continue mes réponses plus édulcorées que la vérité. Je ne vais pas lui faire part des petits arrangements entre grands groupes qui tournent mal et que deux bonshommes ont décidé de tirer profit de cette connerie. C’est pourtant la réalité mais je vais garder cet aspect pour moi. L’avocat ne connaitra que les grandes lignes, les noms et les dates. La réalité, c'est que les chimistes sont usés de leurs boites. La plupart des technologies sont inconnues de leurs dirigeants. Je pourrai donc devenir celui qui les commercialise, en off, parce que j’ai la gniaque et que je connais le débouché final. Mais mes investisseurs luxembourgeois essuient la crise internet et ils ne vont pas me suivre financièrement. Pourtant, ce que j’ai vu m’a terriblement bluffé. Je mesure le potentiel. Et je décide de me mettre à mon compte.

En 2002, j’ai donc créé VALMY avec les deux chimistes au Luxembourg. J’en suis le dirigeant et l’actionnaire majoritaire. Je me suis arrangé pour que les chimistes n’apparaissent pas. L’avocat fait mine de ne pas comprendre et voudrait bien colorer le dossier. Ah le Luxembourg! Ca sonne tout de suite malhonnête! Deux raisons simples pourtant s’imposent: le Luxembourg est l’endroit où je travaille et vis avec ma famille et secondo c’est aussi le pays d’Arcelor où j’ai des contacts et qui dès le départ s’intéresse au produit.

Pendant deux années, je vais faire des milliers de kilomètres, en France, en Angleterre et en Italie. J’apprends à maîtriser les technologies. A les rendre industrielles surtout et tisser un réseau de partenaires techniques pour fabriquer et commercialiser le tout. Je vais engloutir 300,000 euros dans cette affaire et toute mon énergie.

En 2004, un peu à bout de souffle financièrement, j’ai réussi à recapitaliser la société pour financer les tests du produit que l’on a fini de mettre au point et j’ai donc de nouveaux actionnaires. Au banc desquels on retrouve Denis qui prend la tête du Conseil d’Administration. Le schéma est simple: si les tests sont réussis, tout le monde remet au pot et on démarre la commercialisation. Les tests, je sais qu’on va les passer haut la main et je suis plutôt serein à cette époque. C’est dans ce contexte que j’ai revu Mathieu sans m’imaginer à ce moment qu’il allait sauter sur mon affaire.

Au fond, tout cela est public et la première journée n’apporte rien aux débats. Leur avocat repart avec la satisfaction de la facturation et certain d’emporter le morceau dans les prochains jours. Alex est perplexe. Il ne comprend rien. Il ne comprendra jamais rien. Sa seule chance, c’est d’être riche et d’avoir par le fait accès à l’intelligence de ses avocats, leurs réseaux, leur influence... La franc-maçonnerie aussi.

Mon avocat s’est détendu. Il voit que je maîtrise mon sujet dans le fond comme dans la forme. Il me lâche même :

  • Le confrère n’a pas encore vu qu’il est en train de faire notre preuve.

Rentré à mon hôtel, je connecte le wifi et j’allume la cam. Je ne ferai pas de coucous aux enfants. Ils sont déjà couchés. Je me lance dans un bref compte-rendu à Julie qui ne va pas tarder à se coucher non plus. Voilà, je suis seul, le décalage horaire me pèse et après une dernière cigarette, je m’écroule. La journée de demain va être longue.


A SUIVRE!

Table des matières:

Introductionchapitre 1chapitre 2


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C'est très bien écrit, on dévore ton roman sans s'arrêter et j'attends la suite avec impatience !

Encore une remontée dans le temps pour rendre le récit plus passionnant: une intrigue économico-scientifique et un complot qui va se produire. Je suis comme l'avocat d'Alex qui ne connait de cette histoire que le peu que tu lui révèle @vincentleroy.

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