LE DOSSIER VALMY (Thriller) : chapitre 23 (Troisième partie)

Archibald a fait écrire à son boss que le contrat était un succès. Je l’inclus dans mes procédures illico. Et le 23 décembre 2006, nous envoyons notre réponse aux canadiens. Les avocats, en pleine trêve hivernale seront pris de court. Ils vont devoir tout numériser et l’envoyer à Alex qui prépare le réveillon du côté d’Arles. Nous sommes contents de notre coup. Après l’humiliation de Kojak, c’est le tour d’Alex. La buche de 2006 aura un arrière goût, telle est ma certitude en tout cas à ce moment là!

Le contrat avec les allemands est également arrivé par mail. Les objectifs sont ambitieux. Mais ils ne nous font pas peur. Bien sûr le nouveau procédé appliqué aux mines leur appartiendrait. Hey! hey! Chaque samedi matin, vers 7h00, Denis et moi faisons le point. Il faut continuer avec les allemands qui ne proposent qu’un contrat de six mois. Mais 450,000 euros à la clé. Et d’après Archibald, la suite sera positive car ils ont trouvé une alternative pour nous sortir de là et nous confier des missions dans un autre contexte. Il faut lui faire confiance. Je n’en sais pas plus mais Denis et moi prenons l’option de les suivre. Nous n’avons pas le choix d’ailleurs.

Les factures de David arrivent et on parle de 65000$ d’honoraires... tout de même. Dans mon bilan, le premier poste de dépense ce sont mes avocats. Je n’ai pas compris que cet épuisement financier n’a qu’un seul but, nous mettre par terre. Et qu’en face, le budget est illimité. Si j’ai cru un instant que la réplique au Canada pourrait faire capituler l’adversaire et qu’il nous foute la paix à minima, c’est tout le contraire qui se produit. Et deux jours après noêl, ils nous produisent une nouvelle requête en contestation. Ca, ça a dû leur couter une fortune.

En février, je vais donc rencontrer la juge d’instruction. Mon avocat parisien est avec moi. C’est une première pour moi. Au delà d’être absolument charmante, je sens d’entrée de jeu qu’elle a lu le dossier car elle me pose des questions pertinentes. D’un point de vue procédural, la plainte ne porte pour le moment que sur l’intrusion dans le système informatique et elle est bien d’accord qu’il faut l’étendre aux autres vilenies subies et découvertes. Je lui confirme qu’au delà des faits, nous avons en plus les preuves pour chacun des points.

Elle demande à l’avocat de solliciter un réquisitoire supplétif pour tentative d’extorsion de fonds en bande organisée suivie des faits. Elle ne lancera les actes qu’à réception du fameux supplétif pour garder l’effet de surprise. En revanche, elle fait nommer immédiatement un expert en informatique pour confirmer le rapport de mon informaticien. Sa phrase est claire :

• ce point là sera déjà blindé.

En sortant, elle me dira : courage. Et moi de rêver que la Justice va enfin intervenir et nous sauver. L’avocat parisien lui adresse notre demande deux jours plus tard en dénonçant tous les faits connus à cette date y compris les pièces justificatives. Huit jours plus tard, un expert est en effet nommé. A cette même période, la Cour d’Appel d’Amiens va également confirmer le jugement du Tribunal de Commerce. On me laisse gérer ma boite et mes adversaires sont à nouveau condamnés pour procédure abusive.

Pour le volet canadien, notre dossier en réponse doit sérieusement les embêter car ils ont lancé une nouvelle procédure que je qualifierai de purement administrative ou procédurale. Le principe est simple même si déconcertant. Notre société est luxembourgeoise et il n’y a pas d’accords entre le Luxembourg et le Québec. Et par conséquent, notre demande reconventionnelle ne peut être introduite que moyennant une caution. Surréaliste mais c’est la loi. Et la somme qui pourrait nous être demandée se situerait dans les 80,000$. Une somme inaccessible pour nous.

Et notre avocat va contre toute attente gagner cette cause. Bien sûr, nos adversaires font immédiatement appel. Le premier trimestre 2007 est donc très positif et nous laisse croire à un dénouement heureux puisqu’ils perdent tous leurs procès. Bien entendu, cela m’occupe plus que de raison. Il faut être sur tous les fronts.

Sur le plan opérationnel, le contrat allemand avance bien. Nous atteignons très vite les objectifs fixés. Archibald veut nous garder et nous fait une proposition qui ne peut pas se refuser.

• Vincent, nous allons acheter toutes vos technologies et tout le matériel de votre laboratoire. Avec cette somme, tu rembourseras les banques et tes associés. Et on vous prend dans nos équipes. toi pour diriger des nouveaux projets que j’ai en tête dans une filiale et Patrick au laboratoire avec un aménagement. Un contrat sur trois ans jusque sa retraite. Il ne viendrait en Allemagne qu’une semaine sur deux.

Et il ajoute:

• et si tu gagnes tes procès, qui semblent bien partis, ce sera du bonus pour toi.

Comment dire non à une telle proposition? Ne dit-on pas que le travail finit toujours par payer? Archibald a demandé à Olga et Petra d’aller à Amiens quelques jours avec deux objectifs. Le premier est d’apprendre à fabriquer de la résine, non pour s’y mettre mais pour avoir une culture plus étendue sur le sujet. Le deuxième est de lister tous les matériels et toutes les technologies et de mettre des prix en face pour aboutir à un chiffre. Avec ce fric, je vais pouvoir rembourser mes actionnaires. Je n’aurai planté personne même si le seul qui aura fait couler de la sueur, c’est moi. Mais bon, je peux me regarder dans la glace le matin, et même le midi et le soir tiens!

Avec Patrick, nous avons pris une stagiaire d’un IUT de la région qui cherchait un stage de fin d’étude. Adeline. Elle a commencé à faire la liste des matériels. Elle remplace aussi la secrétaire qui s’est mystérieusement mise en arrêt maladie depuis plusieurs semaines. Je commence d’ailleurs à penser que c’est elle qui a balancé l’histoire des allemands. Et l’histoire va me donner raison. Non seulement, elle ne reviendra pas mais nous envoie également au prud’hommes. Et bien entendu, c’est curieusement le même avocat que celui des chimistes. C’est un peu gros mais bon, je comprends mieux comment et pourquoi ils avaient toujours un coup d’avance.

Bref, le 25 avril 2007, j’accueille donc Olga et Petra et je les installe dans le meilleur hôtel d’Amiens avec en perspective un dîner dans le quartier Saint-Leu. Ce soir là, j’ai décidé de rester sur Amiens aussi pour m’occuper pleinement de mes hôtes. Julie est donc seule à Paris avec les enfants. Mais ça, elle a l’habitude.

Sincèrement, je suis fier de tout ce qui se passe. Il y a encore huit mois, le dépôt de bilan était annoncé. Certes, je suis physiquement épuisé par tous les efforts consentis mais je vois se profiler un retour à la normalité et de belles perspectives pour ma famille également qui ne m’a tout bonnement pas vue depuis un an.