LE DOSSIER VALMY (Thriller) : chapitre 17

in #roman6 years ago


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Chapitre 17 • Coups de poker


Nous sommes convenus avec Patrick qu’il viendrait de Rouen sur Paris chez moi le dimanche après-midi et que l’on ferait la route ensemble dans ma voiture. Vers 17h00, sous un beau soleil de fin d’été, nous prenons la route direction Dusseldorf.

Vers 20h00, nous stoppons avant la frontière belge pour dîner. Je me souviens encore de cette conversation mêlée du stress du lendemain où nous jouons notre peau et les petites confidences sur le passé. En clair, nous sommes sur la même longueur d’onde et au lieu de virer ce type il y a un an, j’aurai dû virer les deux autres. C’est ainsi. Il est froid et je n’avais pas accroché. C’est con parce que le seul mec valable, c’était lui. Pendant la route et le dîner, on envisage tous les scénarios possibles et on prépare des réponses à chacune des options.

Vers 23h00, nous sommes en Allemagne, non sans mal. Mon GPS nous a fait tourner en rond sur un échangeur pendant près d’une heure. Pour une bagnole allemande, ça la fout mal! Bref, nous débarquons à Essen à 1h00 du matin. Il est tard et le réveil ne sonne que dans quelques heures. Nous avons besoin d’être en forme. Au lit!

Les chambres sont sublimes. Les allemands ont fait les choses en grand. Tout est réglé même le petit déjeuner continental. Si j’ai eu l’impression de ne pas les bluffer à Amiens au laboratoire, il me faut admettre que ce déballage d’extravagance pour deux petits cons, français de surcroit, en pleine panade ne colle pas. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Patrick non plus.

A 6h50, la voiture est garée sur le parking de Minova. Rien d’extravagant sauf peut être le siège tout en verre vers lequel nous nous dirigeons. L’hôtesse d’accueil note nos noms et nous annonce. Dans un anglais parfait, elle nous indique l’ascenseur et l’étage à rejoindre. Le 7ème étage. Arrivés sur le palier, Archibald est là et nous attend. La poignée de main est chaleureuse. Il s’inquiète de notre voyage et de l’hôtel. Il a envie de savoir si nous avons apprécié. Je me garde bien de lui dire que je m’en contrefous et qu’il y a bien longtemps que l’on ne m’appate plus avec le luxe, les putes et l’alcool. Pour l’heure, il faut être diplomate alors je lui confirme que nous sommes aux anges.

Nous lui emboitons le pas jusque la grande salle. C’est la salle du Board. Nous sommes à l’étage de la direction générale. Au sommet si je puis dire puisque l’immeuble ne compte que 7 étages. Ils sont une dizaine. La secrétaire nous propose du café et des sortes de muffin que j’accepte par courtoisie. Detler mon premier interlocuteur chez eux est là également. Il démarre la discussion en me fixant comme si Patrick n’était pas concerné :

  • Vincent, personnellement, j’ai transmis ton dossier. Ce n’est pas de mon ressort, je m’occupe d’autres projets. J’ai transmis et je suis ravi de vous accueillir. Je vous présente notre Président Directeur Général, Michael.

Le fameux Detler se lève, nous salue d’une poignée de main bien ferme et quitte la salle. Je regarde le dénommé Michael. 45 ans, impeccablement habillé, calme, froid le sourire presque sympathique. Archibald est dans un coin, légèrement en retrait. Tranquille et le sourire aux lèvres. Impossible de déterminer si tout cela est positif ou non. J’ignore que nous partons pour 12 heures de réunion. Patrick n’est pas préparé à ce genre de marathon, dans une langue que nous maîtrisons mais qui nous épuise intellectuellement pour être certains de ne rien louper. J’ignore donc les règles du jeu mais à ma décharge, les allemands ignorent que je ne vais rien lâcher en douze heures. Mon objectif est ultra simple: vendre la boite ou les technologies et les hommes avec. Michael va vite me désarçonner.

  • Vincent bonjour et ravi de te rencontrer, toi et Patrick. Avant que vous appeliez Detler, on vous connaissait. On vous avait identifié.

Là, il vient de marquer un point. Il vient de me scotcher. Il enchaîne :

  • ce que mon équipe a vu à Amiens ne nous intéresse pas.

Et merde! Je le savais, c’était moyen... Il continue.

  • hier soir, j’ai eu un de tes anciens associés qui nous a dit de nous méfier et que tu étais un voyou.

Je fuse, je bondis. C’est plus fort que moi parce que là en trois phrases, il vient juste de me mettre par terre.

  • qui?

La réponse est sybilline :

  • il parle parfaitement allemand...

Et ils éclatent tous de rire. Nous non. Le seul dans mes adversaires qui parle allemand couramment c’est Kojak. Et pendant qu’ils finissent de rire pour revenir aux affaires, je réfléchis. Comment Kojak pouvait savoir que l’on avait contacté Minova et que nous allions en Allemagne? Tout s’est déroulé en 72 heures. J’ai donc un traitre dans mon équipe. Merci Michael pour l’info. il finit d’ailleurs par confirmer qu’il s’agit de Kojak et le couperet tombe :

  • Investir dans Valmy en si peu de temps avec le conflit que tu as eu l’honnêteté de nous informer, ok, pas possible mais vous nous intéressez.

Son anglais est devenu approximatif. Je m’en suis rendu compte. Il est donc au coeur de la discussion. C’est le moment capital et je me concentre encore plus:

  • ce qui nous intéresse, c’est vous. Toi et Patrick. Et votre ami polonais aussi. Venez rejoindre nos équipes. Vous êtes les bienvenus et nous nous occupons de tout.

J’encaisse. C’est plutôt positif mais j’ai déjà eu du mal à convaincre Julie d’aller vivre à Luxembourg, loin de son père malade, et alors qu’elle a tout juste digéré notre retour en France précipité en 2004, je me vois mal lui annoncer que nous repartons pour l’Allemagne. Ca c’est sur le plan humain mais il est vrai que l’accueil sympathique ne nous a pas renseigné sur un point : ils veulent quoi?

Quant à Patrick, à 4 ans de la retraite, avec sa femme établie à la Matmut et à deux ans de la retraite, il n’en est pas question. Je le sais d’avance. Des scénari que nous avons répété en voiture, celui-ci n’avait même pas été envisagé... Il est temps de reprendre la main.

  • Mon cher Michael, nous sommes flattés et honorés. Mais cela n’est pas possible. Patrick ne quittera jamais la France. Moi personnellement, je trouve que ce serait une très belle expérience pour mes enfants. Mais si je fais ça, j’ai des dettes. Et sincèrement, ton aventure ne me tente pas ainsi.

Voilà, j’ai transféré la patate chaude chez les allemands. Tu nous veux? Bah trouve la solution. Si il est prêt à tout payer pour que l’on vienne bosser avec ses équipes, c’est que l’on vaut quelque chose et je veux savoir combien et ce qui les intéresse au fond du fond.

Michael est un homme réfléchi. Il ne veut pas répondre de suite à ma question qu’il a devinée et propose une pause. J’ai compris deux choses, la discussion n’est pas terminée et ils vont nous proposer un plan B. Ils ont besoin de se concerter et nous acceptons d’aller prendre un café avec un sbire. L’analyse est simple: ils veulent nos compétences mais sans s'embarrasser du passé. Sur ce plan là, je les comprends sincèrement. Et personnellement, leur proposition est un pont d’or. Un pont d’or qui signifie planter tous mes associés et mes salariés parmi lesquels il y a un traitre. Désolé Michael, mais en prenant le café, je refuse catégoriquement. Des hommes m’ont suivi et je ne les planterai pas. Le traitre, je m’en occuperai plus tard. C’est certain.

La partie de poker n'est pas finie...


A SUIVRE!

Table des matières:

Introductionchapitre 1chapitre 2chapitre 3chapitre 4chapitre 5chapitre 6chapitre 7chapitre 8chapitre 9chapitre 10chapitre 11chapitre 12chapitre 13chapitre 14chapitre 15chapitre 16


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