LE DOSSIER VALMY (Thriller) : chapitre 15
Chapitre 15 • Pieds et poings liés
«Vincent,
Permettez nous de vous faire part de notre embarras. En effet, Mathieu et Alex sont venus nous visiter et nous ont informé que vous ne faisiez plus partie de l’entreprise et que c’est Mathieu seul qui suivra ce contrat dès que l’entreprise sera remise à flot.
Vous comprendrez que dans de telles conditions, et malgré les excellents résultats que vous nous avez transmis, nous préférons attendre que la situation se soit clarifiée».
C’est tout de même très fort de lire que je ne fais plus partie de ma propre société. Nos adversaires ne manquent ni de culot ni de malhonnêteté. Mais concrètement, notre dernière porte de sortie vient de se refermer et comme on dit, si tu n’as qu’une porte, que Dieu la ferme. C’est ce qu’il vient de faire.
La mort dans l’âme, je prépare les vacances à la mer. Je suis passé à la FNAC regarder les appareils photos. Je n’y connais rien, mais alors rien. J’ai refait les comptes de la boite, j’ai un budget de 1000 euros à dépenser. J’ai acheté un D80 pour photographier les enfants.
Les enfants! Parlons en des enfants. C’est bien beau de vouloir monter sa boite et tenir tête à une bande de voyous, mais il faut être honnête, je suis tout bonnement en train de passer à côté d’eux. Des années plus tard, ils le diront avec humour : papa, à cette époque, on ne le voyait jamais.
Et pour cause, levé 5h00 tous les matins. Retour vers 21h30 quand je ne suis pas en déplacement... Samedi et dimanche compris, cela va sans dire. Les vacances tombent au bon moment. De toutes manières, pour la boite, il n’y a plus rien à faire, c’est mort. Il reste juste à attendre le dépôt de bilan et que la procédure pénale nous permette de retrouver nos billes.
Si Amiens se casse la gueule, ce n’est pas bien grave. Ce qu’il faut c’est préserver la maison mère au Luxembourg car c’est non seulement elle qui récupérera les dommages et intérêts mais en plus cette société ne génère pas de frais. A titre personnel, tant que VALMY Luxembourg tient, les banques me fouteront la paix avec leur caution.
Il ne me reste qu’à profiter des enfants et de Julie. Sans avoir le coeur léger léger, mais finalement apaisé de cette fin, nous descendons donc direction le Cap Ferret. Et je dois dire que les huit premiers jours permettent de décompresser définitivement. Je trouve l’appareil photo intéressant et je shoote beaucoup. Papa barbecue est revenu sur le devant de la scène et les enfants savourent ce moment incroyable où je passe l’après-midi à aller les rechercher dans les rouleaux de la Pointe.
Patrick aussi a pris des vacances. C’était prévu dès le départ. Il est en Guadeloupe pendant une vingtaine de jours avec sa femme. Pour Patrick, ce sera loin des enfants, mais il faut reconnaître que les siens sont plus âgés et que lui leur consacre du temps pendant l’année.
Il reste 4 jours de vacances et mon fils est en train de récupérer les pommes de pin pour allumer le barbecue quand le téléphone sonne. Numéro masqué. Je prends. A l’autre bout, Patrick, son lointain. Je comprends qu’il est encore en Guadeloupe et que ce n’est pas pour me raconter ses vacances qu’il a pris son téléphone.
En effet, il est en panique. Un huissier s’est pointé chez lui ce matin à Rouen et aurait déposé un épais dossier. Il m’explique qu’il n’a pas les choses en main mais que son fils a lu grosso modo. Cela vient du Québec. Il faut rembourser le million de dollars.
Qu’est-ce que cette nouvelle plaisanterie? Il n’y a rien de pire que savoir qu’un missile est dans la nature et de ne pas en savoir plus. Je pensais tourner la page. Elle me rattrape... Et là, au milieu des paysages d’Arcachon, je ne peux rien faire: pas de connections internet et pas de fax... Jeannot reçoit aussi un petit paquet le lendemain. A priori identique à celui de Patrick. Jeannot n’y connait rien en droit. Autant dire qu’il ne m’en dira pas plus. Lui aussi a lu. On doit rembourser un million et il faut se présenter à Montréal à la mi-octobre.
Les jours deviennent longs et l’envie de repartir vers un poste de commandement opérationnel me tarde... Samedi, nous reprenons la route vers Paris. Je vais rouler toute la nuit. J’ai dû recevoir le même exo7, sauf que les huissiers ont trouvé porte close et pour cause, ce sont les vacances. Je me dis aussi que l’impact est doublement atteint pour nos adversaires. Si les vacances restaient le dernier petit moment de bonheur de cette année, ils les ont anéanties.
Denis est logé à la même enseigne. Nous le sommes tous en fait. A titre personnel. Dans une juridiction qui se situe à 3500 kilomètres de chez nous, dans un pays où notre bon droit romain n’est pas le système en place. Dans lequel nous n’avons donc aucun repère et nous ne connaissons aucun avocat…
Pour s’en prendre une bonne, toutes les conditions sont réunies et nos adversaires le savent. Tout cela est finement joué. Dans un tel bordel, l’appel de Denis va me faire du bien. Il connait un avocat français qui a travaillé au Québec. Il doit l’appeler et me tenir au courant. Nous partageons néanmoins une inquiétude commune : cela va nous coûter un bras.
Le retour à Paris me permet de récupérer les fameux documents et d’en prendre connaissance. Le paquet tient en deux volets. Le premier est un texte et l’autre un ensemble de pièces. Le texte est édifiant. Il rappelle faussement comment j’aurai approché Alex et Mathieu pour leur soutirer un million de dollars avec une technologie qui en fait n’existe pas. Au passage, il est expliqué que je ne suis qu’un petit voyou, qui possède de multiples sociétés dans des paradis fiscaux pour mieux détourner l’argent. Les pièces sont bien évidemment à charge, essentiellement un recueil de témoignages. On y trouve bien entendu celui des chimistes et celui de Kojak, tous prompts à témoigner de l’audace du jeune voyou.
Sur le fond, ce dossier bidon ne m’inquiète pas mais comment se défendre? Denis rappelle. Il a trouvé. C’est un avocat indépendant, ce que l’on appelle un petit cabinet. Son contact lui a donné la précision suivante: vous voyez Joe Pesci dans la guerre des Roses? C’est le même en plus mordant.
Allons y pour ce baveux. Pour l’heure, il faut s’occuper du dépôt de bilan en France. A moins que...
A SUIVRE!
Table des matières:
Introduction • chapitre 1 • chapitre 2 • chapitre 3 • chapitre 4 • chapitre 5 • chapitre 6 • chapitre 7 • chapitre 8 • chapitre 9 • chapitre 10 • chapitre 11 • chapitre 12 • chapitre 13 • chapitre 14
Je n'ai pas encore eu le temps de tout lire à 1 chapitre par jour, j'espère réussir à rattraper mon retard ce week-end !
En tout cas j'aime beaucoup ton histoire de ce que j'en ai lu, combien de chapitre en tout penses-tu que LE DOSSIER VALMY va durer ?
il y en a originellement 34. Mais s'agissant d'une réécriture et adaptation, je n'ai aucune idée du nombre final ici. Chose certaine, les 23 premiers sont prêts :)