A la découverte de nos vieux billets de banque #13

J’aimerai, au travers de ces quelques articles, vous faire découvrir nos anciens billets de banque, qui avaient cours au siècle dernier. Parfois pour la nostalgie, parfois pour les mettre en parallèle avec leur époque, ou le personnage qu’ils mettent en valeur, ou enfin parfois tout simplement pour leur côté esthétique.

Poursuivons avec le billet de 500 Francs Chateaubriand.

Émis de 1946 à 1954, il a cours légal jusqu’en 1963, et vient en remplacement du 500 Francs La Paix. Il est l’œuvre des peintres Eugène Robert Poughéon et Robert Armanelli, et sera imprimé à 365 000 000 d'exemplaires. Le projet de ce billet voit le jour durant la Libération, dès août 1944, alors que les forces alliées progressent sur tous les fronts ; un débarquement est opéré en Provence, la résistance allemande en Normandie est enfin brisée, et Paris est libérée le 26 août 1944. Il devient essentiel, dès lors, de prévoir la réorganisation monétaire de l'après-guerre. En raison des nombreuses pénuries de matières premières et d'énergie, et des combats qui se prolongeront une année supplémentaire, le 500 Francs Chateaubriand ne pourra voir le jour qu'un an et demi plus tard.

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Au recto, figure un portrait de Chateaubriand, à l'air inspiré, tenant une lyre. Dans de petits cartouches verticaux figurent les titres de trois œuvres de l'écrivain : Le dernier des Abencérages, René, et Les Martyrs.

Portrait de Chateaubriand
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Au verso, figurent deux femmes, reposant sur les ruines de ce qui semble être un temple, ou une stelle, dans le style des muses antiques. A nouveau, comme au recto, sont cités dans des cartouches verticaux les titres de quatre œuvres de l'écrivain : Atala, Le Génie du Christianisme, Mémoires d'outre-tombe et Les Natchez.

Alors que les billets des années précédentes louaient des personnages "gestionnaires" et "organisateurs" de l’État (Sully, Jacques Cœur), ce nouveau billet consacre un homme de lettres, et marque une rupture avec la période d'avant-guerre. Il préfigure ainsi les choix futurs, qui se porteront sur des figures du rayonnement intellectuel français, tant dans les lettres, que la musique ou la peinture.

Ce billet rend donc hommage à François-René de Chateaubriand, Homme de lettres des XVIII et XIXèmes siècles. Nous avons déjà cité, de par leur présence sur le billet, quelques unes de ses œuvres les plus connues :
Mémoires d'outretombe, son autobiographie posthume.
Les Natchez, où Chateaubriand relate l'histoire de la tribu indienne des Natchez, en Louisiane, qui se révolta contre les colons Français en 1727
Le dernier des Abencérages, une fiction relatant les aventures d'un survivant de la famille Abencérage après la prise de Grenade en 1492.

On l'ignore souvent, mais Chateaubriand a également embrassé une carrière politique. Charles de Gaulle dira de lui à ce sujet :

«Chateaubriand aurait pu être un grand ministre. Je l'explique non point seulement par son intelligence aiguë, mais par son sens et sa connaissance de l'histoire, et par son souci de la grandeur nationale. J'observe également combien il est rare qu'un grand artiste possède des dons politiques à ce degré.»

D'abord défenseur de la monarchie, dans une opposition "douce" face à Napoléon (Chateaubriand sera brièvement exilé avant d'accepter plusieurs fonctions importantes), il devient, sous la Restauration, ambassadeur en Suède, puis membre de la Chambre des Pairs (équivalent de notre actuelle Assemblée Nationale), et finalement ministre des affaires étrangères en 1823. Des querelles d'égo avec son chef du gouvernement auront cependant rapidement raison de sa carrière.

Pour finir, je vous propose quelques citations de Chateaubriand :

« Les institutions passent par trois périodes : celle des services, celle des privilèges, celle des abus. »

« Le péril s’évanouit quand on ose le regarder. »

« Le ciel fait rarement naître ensemble l’homme qui veut et l’homme qui peut.»

« Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent. »

Merci pour votre lecture ! :)

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