A la découverte de nos vieux billets de banque #8
J’aimerai, au travers de ces quelques articles, vous faire découvrir nos anciens billets de banque, qui avaient cours au siècle dernier. Parfois pour la nostalgie, parfois pour les mettre en parallèle avec leur époque, ou le personnage qu’ils mettent en valeur, ou enfin parfois tout simplement pour leur côté esthétique.
Poursuivons avec le billet 5 Francs Bleu, ou 5 Francs Zodiaque.
Cela nous amène à remonter plus d’un siècle en arrière. Tout commence par l’émission par la Banque de France en 1872 du premier billet de 5 Francs. Il est l’œuvre du peintre français Camille Chazal, et fut tiré à 85 000 000 d’exemplaires. Compte tenu des capacités techniques de l’époque, ces premiers billets furent tirés à l’encre noire, et étaient monochromes. Je ne dispose malheureusement pas d’un exemplaire à vous scanner, compte tenu de leur rareté, mais je vous propose les réimpressions effectuées de 1912 à 1917, cette fois-ci à l’encre bleu, afin de lutter contre les tentatives toujours plus nombreuses de faux-monnayage. Les gravures sont, pour l’essentiel, à l’identique par rapport au premier exemplaire en noir. Cet exemplaire à l’encre bleu sera tiré à 400 000 000 d’exemplaires.
Les 5 Francs noirs et bleus auront cours légal jusqu’en 1933.
Au recto, on retrouve, comme il est courant pour l’époque, des figures allégoriques abstraites : Force (le personnage tenant un bâton de commandement sur la gauche), Justice (la femme tenant l'épée sur la droite).
Au verso, toujours des figures allégoriques, avec cette fois-ci Agriculture (cornes d'abondance entrelacées), Sciences et Sagesse (parchemins sur les côtés marqués de caractères chinois).
Le surnom** « Zodiaque »** vient de la particularité que le mois d’émission du billet était indiqué non pas par des chiffres ou des lettres, mais par un des 12 signes zodiacaux de l’astrologie occidentale (ainsi, bélier = mars ; taureau = avril, et ainsi de suite).
L’émission de ce papier-monnaie était une grande nouveauté pour l’époque. En effet, les échanges reposent jusque-là sur des échanges de monnaies métalliques, principalement l’or et l’argent. Deux évènements principaux expliquent l’apparition des billets :
- D’une part, la France vient de ressortir exsangue de la guerre Franco-Prussienne de 1870. Le pays est occupé, et doit payer une lourde indemnité de guerre, ce qui vida les coffres de la Banque de France.
- D’autre part, le fragile équilibre entre l’or et de l’argent se dégrade, ce qui amène les gens à thésauriser les pièces d’argent, c’est-à-dire les retirer de la circulation et les conserver chez eux, car le prix du métal présent dans la pièce monte, tant et si bien qu’il dépasse à présent la valeur indiquée sur la pièce !
Il était donc urgent de remettre des valeurs en circulation, et compte tenu du contexte que nous venons d’évoquer, il fut décider de ne pas frapper d’autres pièces de 5 Francs, mais de procéder à l’émission de « papier-monnaie ».
Il s’agissait d’une décision difficile à prendre à l’époque, et qui fut très décriée dans l’opinion. Les gens étaient attachés aux espèces « sonnantes et trébuchantes », qu’ils savaient bien reconnaitre, et qui rassuraient par leur valeur intrinsèque ! Les pièces étaient en effet toutes constituées de métal plus ou moins précieux ; cela perdura en partie jusqu’à une époque assez proche, puisque l’on pouvait encore acheter son pain dans les années 70 avec des pièces en argent (dites « Hercule). Le billet n’était finalement que du vulgaire papier, plus facile à falsifier que l’argent, et les expériences antérieures d’introduction de papier-monnaie s’étaient révélées désastreuses (notamment l’impression d’assignats à la Révolution, qui se dévaluaient au fur et à mesure que les planches à billets sortaient des imprimeries).
Merci pour votre lecture ! :)
