Le voyage au bout du monde • chapitre 5

Pedibus gambus, nous sommes arrivés au bout de l’île. C’est sauvage. Nathalie nous a indiqué qu’ils ont essuyé 37 tempêtes cet hiver. Petit détour dans la lande et retour dans le village. nous passons devant le panneau qui indique clairement l’heure du bateau. Mais quand ton cerveau a décidé de bloquer… il bloque. Dans ma tête, il décolle à 16h30 et nous avons donc le temps de reprendre un verre en terrasse chez Nathalie.

Pendant que Nathalie prépare notre commande, à savoir un café et une bière bien fraîche, je fouille côté fringues. J’aime bien cette marinière et le manteau aussi. Essayages avec ma fille qui fait office de juge de paix. Finalement, je prends les deux. Et puis nous retournons sur la petite terrasse au soleil siroter nos boissons. Au bout du quai, cela semble s’exciter. Mon cerveau est définitivement bloqué car je les observe sans réagir. Les iliens sont tous côté port. Je me fais cette réflexion qu’il n’y a rien d’autre que l’animation du bateau et donc ils sont venus en avance. Il reste pourtant une heure.

Nathalie revient et me réveille de cette torpeur dans laquelle je me suis légèrement plongée. « Vous ne reprenez pas le bateau? » Si bien sûr! Là, notre hôte fait une légère grimace. « Je vous dis ça parce que le bateau vient de partir ». Hein? Mais le départ est à 16h30! Marine me foudroie du regard : « papa, c’est marqué partout 15h30! »

Pourquoi je me suis mis en tête que c’était 16h30? Retour à la réalité en un instant et analyse de la situation : nous sommes prisonniers sur l’île, le seul hôtel ouvert est complet puisque je n’avais pas trouvé de chambres sur internet et nos affaires sont dans la voiture à Audierne. Nous voilà bien!

Nathalie a bien perçu le moment de panique. Impériale, elle nous rassure. elle va passer un coup de fil à une amie pour nous trouver un lit pour la nuit. Elle s’éclipse me laissant seul face au regard assassin de ma fille. Il y a des jours comme ça où l’idée de briller t’échappe totalement. J’essaye de rassurer Marine. J’ai toujours voyagé comme ça à l’arrache et toujours trouvé une solution même quand je baroudais en Afrique.

Nathalie revient quelques minutes plus tard. Son amie peut nous héberger pour la nuit. Ses enfants sont sur le continent et elle a donc une chambre de libre. Il faut prévoir 35 euros…