Le voyage au bout du monde • chapitre 2
chapitre 2
Avec Marine, nous montons sur le pont supérieur. La manœuvre est précise, lente et apaisée; le rafiot s’enfonce dans la rade d’Audierne et nous distinguons l’écume plus au sud. En effet, le calme ne va être que de courte durée. La houle est montée et le bateau fend les vagues. Il est puissant et nous ne risquons rien sauf un bon mal de mer. Les vagues s’explosent sur l’étrave et nous aspergent vingt mètres plus loin de fines gouttelettes. Il fait frais mais nous sommes bien.
La traversée n’est pas si longue mais magnifique. Longeant la côte, nous passons la pointe du raz et je fais remarquer à Marine que nous irons voir le soleil se coucher ce soir à cet endroit mais sur la côte cette fois avant d’aller dormir à l’hôtel. Je suis loin d’imaginer que rien ne va se dérouler comme je l’avais prévu. Pour l’heure, nous passons le Phare de la Vieille, ce phare légendaire pris depuis des hélicoptères quand les vagues fracassent tout. Aujourd’hui, c’est calme et il fait beau même si la mer gigote un peu. Au fond, l’île de Sein commence à se dessiner.
Sur le bateau, les iliens sont entre eux. Blasés ou non, le spectacle ne les intéresse pas. Ils causent. Ils se connaissent tous à l’évidence. Il y a cette gamine, mignonne qui fait sa petite star parmi les marins qui la croquerait bien. Il est vrai qu’elle est cocotte même si fagotée comme un as de pique. On sent bien deux mondes à bord, les iliens d’un côté et les touristes de l’autre. D’ailleurs de ce point de vue là, nous ne sommes pas très nombreux et tant mieux.
L’île se rapproche et nous serons bientôt à quai. Le coin est truffé de cailloux et naviguer dans le coin ne doit pas être simple. Notre bateau hésite devant l’île. Entré dans l’anse, je distingue toute une foule sur le quai qui attend manifestement notre arrivée. J’ignore encore que l’île vit au rythme de ce bateau et que son arrivée marque le début de la journée.