[Roman original] Le silence des sept sceaux XIV
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La course fût très rapide et en quelques instants, Lefebvre se retrouva derrière un écran d’ordinateur à fouiller dans les archives de la sûreté. Il trouva rapidement ce qu’il voulait montrer à Boisvert qui attendait patiemment une explication.
― C’est ce que je pensais, dit Lefebvre en pointant l’écran, un appel a été logé aux alentours de vendredi midi pour une chute du clocher de l’église St-Enfant de Jésus, au même moment où Sandra Templeton s’est suicidée du haut de la tour RBC.
Lefebvre reprit son pianotage sur le clavier.
― Où tu veux en venir avec ça ? Comment est-ce possible ? Conrad ne pouvait pas commettre les deux meurtres… à moins qu’il ait eu un complice, conclut Richard en pensant à Anna.
― J’ai d’abord pensé à Anna, débuta Lefebvre sans détourner le regard de l’écran d’ordinateur, je me disais que tu avais raison et que nous avions à faire à un drame de coeur, mais avec ce deuxième suicide… dit Lefebvre sans finir sa pensée.
Boisvert réfléchissait de son côté à où est-ce que son ami voulait en venir.
― Et qu’est-ce que tu fais du troisième larron du portrait-robot ? demanda Richard.
Lefebvre ne semblait pas sûr de ce qu’il devait dire. Cette irruption aux archives de la sûreté était un coup dans le noir. Il avait une idée de ce qu’il cherchait, mais il n’en était pas sûr. Et puis, il trouva : « Le cadavre de Mélanie Vincelette a été retrouvé sur les marches de l’église St-Enfant. »
― Je ne comprends pas, dit Richard.
― C’était le 2 mai 1963, dit Lefebvre.
― Le même jour que Jeanne Dubois Vitali, dit Richard en comprenant enfin.
Lefebvre sortit une cigarette de sa poche, mais au moment de l’allumer, Richard lui fit signe qu’il était maintenant interdit de fumer dans un immeuble du gouvernement. Lefebvre était médecin et pourtant il avait quelque chose qu’il ne comprenait dans cette incursion dans la vie des gens. Le contrôle de l’individu avait trouvé un nouveau créneau, celui de la santé. Mais depuis quand le médecin avait-il ce droit ? Jadis objet de dérision par Proust, aujourd’hui il dicte la loi. La loi divine était la seule qui comptait pour Lefebvre. Non pas celle de Dieu, celle du ciel et de la terre, celle qui faisait que peu importe le choix de l’individu ou ceux imposés par la collectivité, ils allaient tous inévitablement se retrouver au cimetière.
Cynique et désabusé, le coroner jeta sa cigarette à la poubelle.
― Dis-moi à quoi tu penses ? demanda Richard.
― Je n’en suis pas sûr, mais avec cette histoire de troisième larron, j’ai tendance à croire que ça ne se limite pas à nos deux fugitifs et que ça les dépasse aussi dans le temps.
Les deux hommes repensaient à ce que disait le témoin. Une malédiction ? Non, ils rejetèrent du revers de la main cette idée. Par contre, Lefebvre n’excluait pas la possibilité d’une hypothèse… un peu plus politique.
Anna se réveilla avec un terrible mal de tête sur l’asphalte froid. Il n’y avait personne autour d’elle, pas un passant, pas une voiture. Elle était sur le viaduc de Canora. Elle ignorait depuis combien de temps elle avait été inconsciente.
Celui lui prit un instant avant de se rappeler de ce qu’elle faisait là. Et puis, sans prévenir, l’image de Marc basculant dans le vide, lui revint. Anna couru jusqu’au garde-fou. Elle ne voyait rien, les lampadaires sur le quai de la gare étaient trop éloignés des rails pour qu’elle en ait une vision claire. Anna se précipita vers les escaliers pour les descendre quatre à quatre. En un seul mouvement, elle sauta du quai dans le gravier bordant le chemin de fer. Il n’y avait personne, qu’un trou noir. Elle se demandait qui avait été ce mystérieux assaillant et comment ce dernier et Marc avaient pu faire une chute d’une dizaine de mètres et disparaître après sans laisser de traces.
Cric!
Peut-être avait-elle parlé trop vite. Elle se pencha pour apercevoir des morceaux de verres au milieu des rails. Anna ramassa une étiquette qui se trouvait accolée à quelques morceaux. Elle déroula le papier pour y lire une inscription : « 5U SÉCONAL ». Anna connaissait se produit. C’était un barbiturique anesthésiant. Si le séconal était mélangé à de l’alcool, on racontait qu’il pouvait provoquer des hallucinations ou encore réduire la volonté des individus. Anna savait ça, parce que toutes les jeunes le savent et que c’est comme ça que Jimmy Hendrix était mort, en faisant une surdose de séconal.
Cet indice ne laissait par contre aucune information sur où Marc et son agresseur avaient bien pu aller. Anna commençait à se dire que cette histoire allait vraiment trop loin et qu’il était peut-être temps de se livrer à la police, après tout c’était leur travail de résoudre cette enquête. Bien que dans sa tête ce discours semblait convaincant, elle-même ne l’était nullement. Elle devait par elle-même retrouver Marc, car la police avait la fâcheuse tendance à tirer d’abord et à poser des questions ensuite.
Anna remonta les marches de la gare. Elle traversa Jean-Talon pour se rendre sur Wilderton. Peut-être qu’Azarias pourrait l’aider, se dit Anna. Mais il était passé trois heures du matin et elle ignorait où elle pouvait le trouver. Il y avait peut-être dans ce qu’il avait dit quelque chose qui pourrait l’aider. Mais Anna ne pouvait penser à rien en ce moment. Elle marcha encore un peu plus au sud, avant de finalement se retrouver dans Outremont. L’endroit lui était familier. Puis, elle réalisa qu’elle connaissait quelqu’un dans le coin. Quelqu’un qui pouvait bien lui être d’une aide précieuse.
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