[Roman original] Le silence des sept sceaux XIII

[Roman original] Le silence des sept sceaux XIII
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Marc fit signe à Anna qu’il fallait partir de là le plus tôt possible. Anna lui pointa un autobus qui s’arrêtait au coin de Jean-Talon. Ils sortirent de leur cachette et embarquèrent dans le bus.
Dans la nuit sombre, ils filèrent à travers la ville, sans se dire un mot. Anna tentait désespérément de retrouver la piste sur laquelle elle était avant que Marc ne la pousse dans un buisson. Elle repensait aux paroles d’Azarias. Outre les avertissements, bon à faire peur à un gamin de six ans, Azarias avait ajouté en riant : « Suis le chemin, et peut-être verras-tu la lumière au bout du tunnel. » La façon dont il avait dit ces mots avait quelque chose de l’insinuation, il essayait de nous dire quelque chose, se dit Anna.
Le boulevard Jean-Talon se transforma en Graham pour quelques rues de ville Mont-Royal. Anna leva les yeux pour assister à la métamorphose de ville, passant du pauvre quartier de sikhs à celui des riches propriétés bordant Rockland. Les petits arbres chétifs et mourant sont déjà derrière nous, pensa Anna, il n’y a plu que de majestueux chênes plus que centenaire.
Puis, ça frappa Anna comme une gifle. Elle sauta sur le bouton d’arrêt tout en criant au chauffeur de « stopper » immédiatement. Marc ne comprenait pas toute cette agitation. Une fois dehors, Marc n’y voyait pas plus clair. Pourtant, Anna pointait clairement l’écriteau indiquant le nom de la rue Canora.
― Oui, Canora, je ne suis pas sûr de te suivre, dit Marc.
― C’est pourtant simple, ah, j’aurais dû comprendre tout de suite lorsqu’Azarias a parlé du tunnel.
Ce n’est qu’à ce moment que Marc remarqua qu’ils étaient au-dessus du tunnel de la station de train portant le même nom que la rue.
― Canora, c’est CAnadian NOrthern RAilway, expliqua Anna en insistant sur les deux premières lettres de chaque mot, Canora était plus simple à dire pour les ouvriers qui participaient à la construction du tunnel sous la montagne. L’usage s’est transmis aux patrons et le nom est resté pour baptiser cette rue.

Les yeux de Marc s’illuminèrent. Il s’avança vers la rambarde du viaduc, ne regardant de chaque côté, se demandant quel escalier prendre. Anna espérait des félicitations pour sa découverte, mais Marc en était déjà à remarquer un lampion sur le trottoir. Ce lampion n’était pas seul, comme à l’église, il était accompagné de gerbes de fleurs et de la photo d’une jeune fille. Anna se demandait de plus en plus, si cette idée de groupe occulte n’était peut-être pas aussi ridicule que la télévision l’avait fait sembler paraître. Ce troisième accident n’était sûrement pas une coïncidence.
Soudainement, une ombre sauta sur Marc. Anna reçut un coup sur la tête. Tout sembla se passer trop vite, et la dernière image qu’Anna devait se souvenir avant de perdre conscience sur le bitume, était Marc basculant dans le vide avec son assaillant cagoulé.