Les Jours Sans Ailes • Partie 1 • Chapitre 11

Le festival était magique. Avec elle surtout. Nous avons touché le bonheur des doigts. C’était fusionnel. J’aurai aimé qu’elle revienne le dimanche mais elle a refusé de croiser mes enfants. Il faudra bien qu’elle les croise un jour d’ailleurs! Cette histoire avec le Simon m’a bouffé toute la semaine qui a suivi. Le festival a eu beau bien se passer, et ma preuve d’amour passée, elle n’a rien changé de ses plans. J’avais misé sur l’honnêteté de mes sentiments pour qu’elle change d’idée. Pour être honnête, je suis fou et mal. Mal à un point! Fou de rage…

Notre amie commune a tout tenté. Mais sans effet. Elle continue son idée. Sa fameuse baise de fin… J’en ai pris mon parti. Pour le reste, je ne sais pas comment je vais réagir. La situation est totalement inédite. Forcément savoir la femme de ma vie dans les bras d’un autre est totalement insupportable mais quelque part, je n’ai pas le choix. Dans cette histoire, je n’ai jamais totalement toutes les cartes en main.

La douleur en bandoulière, j’ai appelé tout mon entourage et ils sont tous formels: « tu la largues point barre et tu passes à autre chose ». Je sais bien qu’ils ont raison mais j’en suis totalement incapable. Incapable de rien d’ailleurs. Incapable de la convaincre de ne pas le faire, incapable de la quitter. Je ne bosse toujours pas. Deux mois que je n’ai pas touché à mes dossiers. Je commence à me faire peur. Mais tout mon être ne pense qu’à elle. La veille de son départ, nous nous sommes vus. Soirée douce et de nouveau sous la couette. Intérieurement, j’espère secrètement qu’elle va juste y aller et ne rien faire. Comment pourrait elle passer d’un lit à un autre?

Et elle est partie. Elle doit être avec lui déjà. Moi, je suis allé me réfugier chez mon père et d’entrée de jeu, je vais prendre une option sur le rhum. Une bonne cuite pour démarrer et tenter de faire passer les heures plus vite. Et il en faut pour me coucher. La bouteille y passe. Et je continue de tourner en rond. Rarement une femme m’a fait aussi mal. Et pendant que je bois, ils baisent forcément! Le deuxième bouteille finit de me coucher.

Le dimanche matin, vers 10h00, j’ai reçu un texto et une photo. La vue de sa chambre d’hôtel… Elle ne manque pas de culot tout de même! Forcément, je la questionne. Elle me demande de ne pas insister, la situation est déjà assez embarrassante comme ça! Elle est mignonne!!! Non mais elle baise avec un autre mec, m’envoie une photo de leur chambre d’hôtel et je dois rester calme? Putain, c’est pas possible ça!

D’un autre coté, son message en dit long. En fait, je me rassure comme je peux. Je suis présent dans ses pensées… Elle est là bas mais avec moi en pensée! Elle peur de me perdre aussi je pense… Allez ronge ton frein, reste patient. Si tu ne bouges pas elle va revenir. Te revenir. Et c’est dur de rester calme malgré tout. Je continue de picoler comme un con toute la journée. Je connais son programme, il doit la ramener sur Toulouse où elle prendra le train de nuit pour Paris. Et dans l’après midi, je vais recevoir un nouveau texto : « j’ai hâte d’être rentrée ». En fait, elle est mal. Et puis plus rien jusque 20h11. L’heure de son train. Mon père n’a rien dit de la journée. Il regarde médusé ma déchéance et la quantité d’alcool que j’ingurgite.

Là, les messages s’enchainent à nouveau. Je ne suis pas dur mais je ne la plains pas non plus. J’ai l’impression qu’elle s’excuse à sa façon. Bien sûr c’est maladroit mais au fond, elle revient. Et je me dis qu’il faut tourner cette mauvaise page et que l’on va enfin pouvoir commencer notre histoire vraiment. elle est censée arriver demain matin, aller au boulot. Je lui propose de se voir en soirée, près de chez elle. Elle accepte aussitôt. De toutes manières, il vaut mieux qu’on vide nos sacs une bonne fois pour toutes!

La journée du 28 août est très longue. En matinée, elle s’est excusée de ne pas avoir répondu à mes derniers messages faute de batterie. A 19h00, nous sommes en face l’un de l’autre. Il y a une gêne perceptible qui ne dure que quelques secondes. Elle tombe dans mes bras. Je suis un peu comme un con et je ne sais pas trop quoi lui dire. je murmure à son oreille: « ne recommence plus jamais ça… la prochaine fois, je ne pourrai pas y survivre ». elle mesure mes propos en m’enlaçant. Elle sait que j’en ai bavé. Qu’elle est seule responsable de tout ça et que personne ne peut lui donner une aussi belle preuve d’amour que ce que je viens de faire.

Bien entendu, j’ai envie de savoir si finalement ils ont couché ensemble. Besoin de savoir. Je sens que je vais me faire mal. Elle coupe court à la conversation ne laissant planer aucun doute: « Vincent, tu savais ce que j’allais faire, alors arrête de poser des questions. » Et nous changeons de sujet. J’ai le coeur en miettes, mais j’ai la femme que j’aime pour moi tout seul maintenant.

Vers 23h00, je la raccompagne à la porte de son immeuble et nous nous embrassons longuement. Là contre le mur dans la pénombre, je vais la caresser. Elle se laisse faire et jouit en me mordillant. L’instant est surréaliste dans ma tête. Hier, elle était encore avec un autre mec et inutile de lui demander si elle s’est protégée… et là, je la caresse intimement. Forcément, il y a encore de lui en elle.

Je me demande si tout cela va laisser des traces… Je n’ose pas lui dire. J’ai envie de tourner la page aussi. Cela tombe bien, elle semble sur la même longueur d’onde. Je ne suis pourtant déjà plus que l’ombre de moi même…