Les Jours Sans Ailes • Partie 1 • Chapitre 10

Veille de Rock en Seine. Vincent m’a imposé une dernière fois ses conditions. Tout me fait chier! En même temps, je sais qu’il n’a pas tort. Mais je ne lui ai rien demandé non plus. C’est ma seule porte de sortie. Le Festival c’était son idée. Et je ne l’ai pas obligé à prendre les billets… Il a été catégorique : Si je pars dans huit jours voir Simon, pas de Festival. Là, il me saoule autant que Simon. Quand ce n’est pas l’un c’est l’autre. Une bonne idée serait d’envoyer chier les deux! Ca va finir ainsi…

Surprise! Vincent m’a appelé le matin même du Festival. Il a décrété une trêve. Il veut que je vienne au Festival avec lui… Il n’y a plus de conditions. Il est vraiment amoureux ce couillon! Et pour être honnête, je crève d’envie d’y aller et surtout avec lui… Je sais que je suis chiante mais je m’attache à lui quand même. Bref, je l’ai rejoins après le boulot et il m’accueille en princesse. Toute la troupe est là: son pote que j’aime bien et notre amie. Une bonne bière fera du bien dans cette fournaise.

Très vite, je suis en mode festival. Finies les prises de tête, Vincent est allé nous chercher des bières et nous sommes tous dans l’herbe. Lui contre moi. Les concerts ont commencé. C’est juste bien. Plusieurs de ses amis nous ont rejoint. Beaucoup de femmes comme d’habitude. Plus âgées. Ca va, elles sont adorables et ne nous jugent pas. En fait l’ambiance est sereine. Comme d’habitude aussi, il est le centre et l’animateur de la troupe. Je vois bien qu’il est heureux. Il ne me lâche pas. Bienveillant comme toujours.

Pique nique improvisé du soir sur l’herbe. Cette année, le concert de clôture du premier jour est de la techno et Vincent m’a envoyé des liens. C’est vrai que c’est pas mal. J’ai hâte d’y être. Pour le moment, il y a Fauve sur une petite scène et je l’entraîne avec moi. Je les connais un peu. Et ce n’est pas la première fois que je les vois. Nous déambulons tous les deux sans la troupe.

Comme toujours avec lui, le moment est inoubliable. Simple mais incroyable! Je profite de chaque instant et je le laisse me câliner. Hors de question de le repousser… là je suis à lui! J’ai apprécié son initiative et pour être honnête, cela m’aurait fait chier de le perdre… Je m’attache vraiment.

En arrière plan, je sais très bien qu’il n’a pas zappé Simon. Si seulement il pouvait me laisser du temps, juste du temps, que je clarifie les choses comme je l’entends. A mon rythme. Oui, laisse moi ce temps et attend moi. Même si ce que je projette est insupportable, je vais revenir… j’ai besoin d’en avoir le coeur net aussi!

Pourquoi je suis comme ça? Très simple, fais toi larguer comme une merde quand t’es folle amoureuse, je te promets que le prochain, il peut juste ramer. J’avais même choisi les prénoms des enfants et suivi cet homme jusque Paris… Huit jours plus tard, il disparait, me laissant comme une merde sans rien et sans boulot dans Paris, une ville que je ne connais pas. Je sais bien que cette histoire m’a traumatisé. J’y pense encore. Mes amours depuis? Des hommes mariés avides de petite jeunette, ne présentant aucun danger et une disponibilité qui me convient très bien. Forcément, avec le temps, je m’attache et il est toujours temps de les larguer avant que cela ne prenne d’autres proportions. Des mecs bien en somme mais sans le coup de coeur que j’ai ressenti dès le premier soir pour Vincent.

Lui justement, il est dangereux. Il n’est pas marié et il bouscule tout. Mon mode de vie, mes attentes enfouies qu’il déterre à coup de bulldozer… je sais juste qu’il est sincère. Il est juste pénible à vouloir aller trop vite. Je l’ai pourtant prévenu qu’il fallait trois ans pour m’apprivoiser pleinement. Mais il n’écoute rien. Il est dangereux mais j’en suis déjà un peu amoureuse. Un peu beaucoup et ça ça fout la trouille!

Le concert techno venu de Berlin affiche complet. La troupe s’est enfoncée et nous sommes restés tous les deux en retrait. C’est intime malgré la foule. Nous ne faisons plus qu’un et je me laisse bercer de son parfum et de ses câlins… Avec lui je ne risque rien, je suis une princesse. Lors du concert précédent, il m’a évité d’être piétiné par un pogo improvisé. Forcément vue ma taille, je ne l’ai pas vu venir. Lui oui!

Si il y a un homme avec qui j’ai envie de parler, c’est lui. Pour autant, le truc qui m’emmerde en ce moment, c’est l’histoire avec Simon et forcément, ce n’est pas avec Vincent que je vais en parler. Je n’en parle plus à personne. Tout le monde est contre mon idée. Sauf Simon. Inutile de retourner le couteau dans la plaie…

Le festival se termine comme il a commencé et je reprends le métro après avoir embrassé longuement cet homme qui depuis deux mois ne cesse de me surprendre…