Rabaul, l'éternel recommencement...
19 septembre 1994, Rabaul, en Nouvelle Bretagne, vit ses derniers instants de prospérité. La ville est à ce moment à l'apogée de sa réussite. Les navires arrivent par dizaines pour décharger leur cargaison et repartir avec bois, huile ou copra, les résidences fleurissent jusqu'à la pointe sud de la baie entourant un aéroport au trafic intensif, les commerçants sont assurés de faire leur journée, plusieurs banques sont installées aux quatre coins de la ville, et toutes les maisons mères des principales administrations y sont implantées. Ici, tout est vert, sourires et activité.
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24 heures plus tard... La ville est désertée, les flammes finissent d'anéantir les plus légères habitations pendant que les cendres commencent à s'accumuler sur les toitures des plus modernes. De toutes manières ce n'est qu'une question de jours, toutes finiront par céder, rompre sous le poids des cendres, brûler ou disparaitre sous une couche noire qui ne cesse de prendre de l'épaisseur. La ville est construite sur une caldera préhistorique et deux de ses cratères secondaires sont entrés en éruption en l'espace d'une heure. Rabaul, exposée sous les vents dominants, s'est vue recevoir toutes les émanations, cendres et pierres de ces deux cratères. Un véritable cataclysme aggravé par les tsunamis qui se succèdent généralement après ce genre de catastrophe. La côte est balayée. Heureusement, grâce à une surveillance efficace de l'activité volcanique de la région, aucune victime directement liée à l’éruption ne sera signalée. Cinq victimes indirectement liées à l’éruption seront comptabilisées les jours suivants la catastrophe.
Le Rabaul Lodge anciennement bordé par un jolie plage. Désormais 100m de cendres le sépare de la mer "Ici, je me rappelle que je venais m'y baigner tout gosse...", se rappelle Rod un australien né ici, en pointant du doigt un morceau de rivage enlisé ou plusieurs épaves totalement abandonnées finissent de rouiller. "Cette allée de cocotiers était le début de la plage...", montrant quelques troncs désormais alignés à plus de cent mètres du rivage. Les cendres des terres ont été portées par les eaux de pluies pendant ces 15 dernières années, et sont venues gagner du terrain à chaque averse. La mer cède du terrain aux cendres.
Les restes de quelques avions et un long couloir vide sont les seules traces visibles de l'ancien aéroport
L'aéroport, d'où les avions s'élançaient face au volcan pour une vue imprenable assurée lors du décollage n'est plus qu'un grand couloir de cendres, coupant par une grande tranchée, une ancienne cocoteraie dont les occupants ne sont plus que des troncs sans tête. L'aérogare a disparu en totalité ainsi que les bâtiments et résidences des alentours. Il ne reste que quelques épaves d’avion en aluminium dépassant les cendres d’une courte tête. Trois semaines après l'éruption les gens ont commencé à revenir. Maisons disparues, ville anéantie, la majeure partie d'entre eux ont préféré tout abandonner et rejoindre leur village de brousse ou reconstruire à 20kms de là, dans ce qui est aujourd'hui le nouveau centre économique de la région: Kokopo. Seule, l'activité portuaire a réussi à maintenir un peu de dynamisme et de présence humaine dans une ville où toute tentative de reconstruction ou d'aménagement se voit sanctionnée dès la permutation des vents par une pluie de cendres provenant de l’activité toujours présente des volcans.
Le cratère du Balana Kaïa
Difficile de positiver d’une telle catastrophe, mais essayons tout de même. Une fois de plus l’Homme a tenté de s’implanter là où La Nature ne le permettait pas et celle-ci a repris son dû en affligeant une désolation dont elle seule parvient à donner de la couleur. Aux pieds des volcans, les sources d'eaux chaudes laissent une trainée ocre et verte en dégageant les 60 degrés de leurs eaux dans une baie aux dégradés incroyables. Ces couleurs paraissent irréelles. Plus haut, Après une bonne heure de marche pentue et de glissades, le cratère du Balana Kaïa s'admire dans une position d'équilibriste depuis ses crêtes que l'on enjambe comme un cheval. Le terme « crête » n’aura jamais été aussi adéquat. C'est de là haut que l'on peut admirer le fond de son cratère se remplissant en saison des pluies, contempler plus loin le cône du Tavurvur encore fumant et causant des réguliers dépôts de cendres sur la ville, ou encore prendre conscience de la totalité de ce paysage lunaire mais captivant. Tout cela serait grandiose si les fondations des constructions ensevelies n'apparaissaient pas de temps à autres pour nous rappeler la douleur de la population.
A cheval sur les crêtes du Balana Kaïa
L’éruption de 1994 n’est pas un phénomène isolé. 1878, 1937 à 1941, 1994, 2002 à 2004, 2005, et plus récemment 2014, autant de périodes d’activités plus ou moins violentes qui ont fait de Rabaul la zone désertique qu’elle est devenue aujourd’hui. Si beaucoup ont quitté la ville pour s’installer à quelques lieux de là, d’autres trouvent la force de revenir, générations après générations, occuper leurs terres, reconstruire leurs maisons, refaire leurs vies, jusqu’à ce que…
Le Tavurvur toujours en activité
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Impressionnante histoire pas évident de vivre avec cette menace
Certains reconstruisent sur les cendres et recréent leur village. Faut être fort...!
Belle histoire d'un endroit qui ressemble à un éternel recommencement, du moins pour les personnes qui soit l'ont quitté soit y reviennent comme en pèlerinage jusqu'à ce que les éléments se déchaînent à nouveau.
Un endroit atypique, oui.
@originalworks
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cela ne doit pas être facile moralement! belles images
Certainement. Mais bon, dans certain pays la terre est le seul bien qu'on possède et que l'on sait travailler. Dur de partir ou de s'imaginer à faire autre chose.