La Saga PLOUF [Episode 6] : L'heure des braves

En janvier 2016, on me donne un bateau, un tout petit voilier. Un rêve de gamin. Il s'appelle Plouf. Et justement le canote est dans un état pas possible et je n'y connais pas grand chose à part voiler. Je vous raconte le parcours que j'ai mené avec ce petit bateau, devenu mon quatrième bébé! Ces derniers jours, nous avons fini de préparer le jour J pour le nettoyer... Jour J donc!

Pour le grand jour, mon pote René vient m’aider. René est artisan menuisier. Un bricoleur dans l’équipe, cela ne sera pas de trop, car pour être très honnête, en bricolage, moi ce serait plutôt deux mains gauches. D’ailleurs, je ne bricole jamais. C’est peut être ça que Plouf va m’apporter, l’envie et combler ce manque de confiance à faire des choses manuelles. sortir de ma zone de confort qui est l’intellectuel. Là, il va falloir un peu moins de procrastination et plus de choses concrètes. Mais j’y suis prêt. De toutes manières, avec Plouf, le pacte est scellé. Je lui ai promis de le remettre à neuf et d’aller sur l’eau. Oui je parle à mon canote. Cela vous surprendra peut être, mais il m’entend.

6h30 je suis donc à la Capitainerie avec René. Les enfants forcément dorment. Ils nous rejoindront à midi! Première étape : le décaper et le laisser sécher. Les enfants feront la peinture. Avec le Karcher de 250 bars, le décapage devrait être une formalité. J’ai pris soin d’emmener des croissants. Yann me fait remarquer que c’est une très bonne idée de chouchouter le maître port. Il est radieux. Moi, je suis comme un gamin. Excité, impatient et totalement à l’ouest. En une journée, je ne vais faire que des choses que j’ignore et que je ne maîtrise pas. Mais par contre, j’ai une putain de motivation.

Il avait bien dit 6h30. Je ne suis pas fou. Je ne suis peut être pas bricoleur mais j’ai de la mémoire. Il est 6h50 et Yann sirote tranquillement son café avec son croissant dans l’autre main. Toute la ville dort et le port aussi. Il fait encore nuit. Toujours aussi serein, il se lève de son siège et nous tend des gilets de sauvetage automatiques. « Allez c’est bon on est parti! » Il était temps, je n'en pouvais plus d’attendre. Là j’ai besoin d’action.

7h00. Yann met en route le moteur du bateau du port. Ours seul. C’est son nom. Un canote à fond plat, tout en aluminium. Et 60 chevaux au cul. Il largue les amarres et Ours seul glisse doucement dans le chenal. Avec la nuit, il y a un côté magique. Arrivé au ponton H, au cul de Plouf, il attache le mien au sien en moins de deux secondes. C’est marrant en le regardant faire, cela semblerait presque simple. Marche arrière. Yann sort gentiment Plouf et le mène au dessus de l’aire de carénage. Il est d’un calme olympien. Moi j’ai l’impression de ne servir à rien. D’un autre côté, je ne sais rien faire non plus. J’attends les ordres en espérant faire bien. C’est déjà pas mal.

Arrivé au milieu de l’aire de carénage, Yann me demande de monter sur Plouf et de récupérer les boutes. Ce que je fais illico. Il sécurise sa manœuvre et saute lui aussi sur Plouf. en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le bateau est amarré en six points. Il ne risque plus de se sauver. Yann est ravi et m’indique qu’on a plus qu’à le béquiller. Des béquilles? bah y en a pas… Il éclate de rire. « Il n’y a pas deux étais dans la cale? » Si en effet. Je me demandais pourquoi il y avait deux étais de chantier tout pourris dans cette cale. Maintenant, je commence à comprendre et Yann m’explique : « quand on l’a récupéré, il n’avait plus les béquilles d’origine alors on en a bricolé deux avec des étais de chantier. Ouvre la cale et passe les moi! »

Aussitôt dit. Aussitôt fait. La mer peut descendre maintenant. Le bateau est prêt à s’échouer droit comme un I. Là Yann nous explique que nous avons deux solutions. La première est de rester sur Plouf et attendre que la mer soit basse pour pouvoir mettre en route la machinerie. La deuxième, et bien, il nous ramène à la capitainerie et on va prendre un café au chaud en attendant de pouvoir démarrer dans deux bonnes heures. On passe de Plouf à Ours Seul sans discuter. C’est clair qu’un bon café ne sera pas de refus. Allez plus que deux heures pour mettre pied dedans!