En janvier 2016, on me donne un bateau, un tout petit voilier. Un rêve de gamin. Il s'appelle Plouf. Et justement le canote est dans un état pas possible et je n'y connais pas grand chose à part voiler. Je vous raconte le parcours que j'ai mené avec ce petit bateau, devenu mon quatrième bébé!
Le port de Binic possède une aire de carénage. Concrètement, on positionne le bateau dessus à marée haute, on l’amarre de partout, on le béquille et puis on attend que la mer descende. Une fois la mer retirée, on met en route le gros Karcher intégré et il faut enlever les crustacés sous la coque! La chanson dit coquillages et crustacés, et bien, pour un propriétaire de bateau ce serait plutôt : coque et saloperie de crustacés. Bref, la date prévue est le 5 février… et nous sommes le 4!
La veille, j’ai tout finalisé. Je suis passé chez Ronan à l’accastillage et récupéré tous les produits et le matériel nécessaire. Grattoir, pinceaux, rouleaux et surtout l’antifooling. Ronan me demande quelle couleur je veux? J’adore… La couleur? Mais je ne sais déjà pas ce qu’est un antifooling. Il sourit et m’explique : « quand tu auras finis de de gratter la coque et qu’elle sera sèche, tu appliqueras le produit, une à deux couches. C’est la peinture qui protège ta coque. A faire tous les ans ou tous les deux ans. T’inquiète, elle finira de sécher dans l’eau. Tu veux quoi comme couleur? »
Rouge. Je veux du rouge. L’ancienne est rouge et avec sa coque noire, ça claque bien! Tant que j’y suis, je prendrai bien du boute pour refaire mes amarres (en langage de marin on ne dit pas corde mais boute). Celles en place me semblent pas bien épaisses et elles sont surtout dans un état pas possible. Ce n’est pas compliqué, elles sont vertes! Ronan prend à nouveau les choses en main : « nettoie ton canote et quand il sera revenu à son ponton, je viendrai te changer tout ça et te faire des épissures sur mesure ». C’est marrant ce besoin chez les marins de faire des phrases comme dirait Audiard. Surtout avec des mots que je comprends pas. Mais si il le dit, il faut savoir se laisser guider parfois. Dans ma tête, je sais que le raisonnement est toujours le même : j’écoute avec humilité, je m’imprègne et un jour ou l’autre, j’en saurai plus que lui. Car j’apprends vite. Très vite. Mais pour l’heure, profil bas. Je suis à l’école et puis c’est tout!
Philippe, mon pote, est passé sur Plouf. Il m'a promis de refaire la porte de cale. Nous sommes donc passés sur ce qui ressemble à un rafiot pour prendre les mesures. Au milieu du vert ambiant, il n'y a pas que la porte de cale qui est morte. Les montants aussi. La minuscule cabine ne contient rien. Un peu de bordel dans la cale babord. Deux étais notamment. Des étais? Mais pour quoi faire. Décidément, je ne comprends rien.
Je suis passé à la Capitainerie aussi. Là aussi, je ne maitrise pas. Ok pour mettre le bateau sur l’aire de carénage, mais on fait comment, ce d’autant que Plouf n’a toujours pas de moteur et qu’amarrer un bateau… je sais tout juste faire un noeud en huit… Yann m’accueille. Il est de très bonne humeur mon maitre de port. « T’as une veine de cocu! les horaires de marée sont au top et en plus il va faire beau! Plein soleil! » C’est tout moi ça… Je m’en fous de la météo. On fait comment pour mettre le bateau à sa place? Je le sens serein et il me dit : « t’inquiète pas, pointe toi à 6h30 ici à la Capitainerie. On sera là pour t’aider ».
Mouais, moi qui aime bien tout comprendre et tout maitriser, ce ne sera pas pour aujourd’hui. Demain c’est le grand jour et j’ai toute mon équipe au taquet! Ne rien montrer de mes questions et de mes inquiétudes à la troupe, c’est moi le capitaine, non?
Je connais presque la suite mais chut ! ;-), mon paternel était maître de port, alors c'est un peu de la triche :)
J'adore ta petite saga ! Envie de lire le reste ! Vite !!! ;-) va être super ce "plouf" :-)
ah je te confirme, vous n'avez pas fini de me suivre et le canote va se transformer en... chut!!!! la suite demain :D
Cool !