MON COMBAT... NOTRE COMBAT... POUR LA VIE PARTIE 4

in #fr7 years ago (edited)

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Source Agence de la biomédecine, le 13/10/2017.
Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.

EDIT : J'avais oublié (alors que je m'étais dis "n'oublie surtout pas!") de dire un très grand merci à @oreille-pointue pour tous tes précieux conseils. ❤️


Je m'étais arrêtée, stoppée net par la barrière.
Un vigile arriva assez rapidement mais cela me parut tout de même trop long car je n'avais qu'une idée en tête, ne pas rater mon avion.
Il tenta de m'expliquer qu'il ne pouvait pas me laisser sortir, en me serinant le règlement, qui m'avait d'ailleurs était remis lors de mon arrivée.

J'en ris, aujourd'hui, en me remémorant la situation, en visualisant sa tête. Il avait dû très vite comprendre, dans mon regard, que je n'en démordrais pas.

« Monsieur, je n'ai pas vraiment le temps et encore moins l'envie de vous expliquer mais vous allez rapidement m'ouvrir la barrière ou je la défonce !
— Je n'ai pas le droit, c'est le règlement... »
Je dus insister, cinq bonnes minutes et longues minutes, avant qu'il daigne enfin m'ouvrir la barrière.

C'est bon signe, c'est un bon présage, ça va être une bonne journée, j'en suis sûre.

C'était parti, j'allais enfin pouvoir me rendre à l'aéroport de Montpellier où je devais rejoindre mon frère.
Il devait également se rendre à Paris, mais pas ce jour-là, et décida de modifier son planning pour "m'accompagner" de l'aéroport de Béziers (il vivait à l'époque à Pouzzoles, un petit village dans l'Hérault) jusqu'à Paris.
Il avait également tenu à financer le vol qui, réservé en dernière minute, avait coûté un bras.

Je suis extrêmement touchée par sa double attention et plutôt rassurée par sa présence même si ce n'est, malheureusement, que le temps du vol...

J'y étais, j'étais à Paris, mon cœur battait la chamade !
J’arrivai sur place avec quelques heures d’avance et j’avais prévu d’aller me détendre, patienter et compter les minutes avant l’heure du rendez-vous, dans le parc Montsouris.
Limitrophe à l’hôpital du même nom, il est situé dans le 14ème arrondissement de Paris où était d’ailleurs né mon mari !
Moment fort agréable qui me permit de ne penser à rien ou presque, et de juste profiter de l'instant présent et du magnifique paysage dans Paris qui s'offrait à moi.

Ça y est, c'est l'heure, enfin j'aurais 3/4 d'heure d'avance mais je préfère.

Je marchai tout de même, d'un pas rapide, portée probablement par le rythme parisien, et parcourai en quelques minutes la centaine de mètre qui me séparait de l'hôpital.
J'y étais, j’étais sur le parvis.

J'entrai dans le hall d'accueil, mis quelques minutes à trouver mon chemin, perdue dans ce labyrinthe avec couloirs, ascenseurs, escaliers, panneaux de signalisation, qui me donnaient le tournis.
Je trouvai, enfin, mon chemin.

C'est bon, j'y suis, j'ai trouvé, je suis devant le secrétariat, on va m'enregistrer, cela va bientôt être à moi, je suis très excitée et stressée à la fois.

« Bonjour, je suis Christel M., j'ai une consultation en PMA, avec le docteur B.
— Bonjour, Madame… comment vous dites ?
— Christel M.
— C'est bizarre, je ne vous trouve pas.»

Mes jambes se dérobent, je suis paniquée, j'ai du mal à parler, les mots s'emmêlent, allez, ça va aller, elle a dû mal chercher. Au lieu de paniquer, et de monter en pression comme à ton habitude, réfléchis deux secondes.

« J'avais RDV dans un an, mais on m'a appelée, après un désistement et...
— Ah, oui c'est bon je vous vois, l'agenda n'a pas été modifié ! »

La pression retomba instantanément, je n'avais plus désormais qu'à patienter.
Le stress et l'impatiente commençaient à monter crescendo au fur et à mesure que les heures passées.
Et oui, les heures, j'en avais, m'avait-on dit, au bas mot, pour deux heures d'attente.
Pas trop grave de toute manière mon avion n'était que le soir, et s'il avait fallu j'aurais pu attendre des dizaines d'heures, sans rechigner et sans broncher.

J'espère tant de ce médecin que je suis prête à tout « accepter. »

« Melle Christel M. ?
— C'est moi, c'est moi, je suis là ! »
Je me levai rapidement et presque en courant, m'approchai d'elle.
C'était une femme d'une cinquantaine d'années avec un air sévère, assez froide, de prime abord.

« Bonjour, Docteur.
— Bonjour, Mademoiselle, votre mari n'est pas là ?
— Non, nous étions...
— Je vous pose une question simple, c'est oui ou non, c'est tout. »

Je restais sur le cul, plutôt hallucinée, par sa façon de me parler.
Dans un tout autre contexte, et si ce rendez-vous n'avait pas eu une importance quasi-vitale pour moi, je lui aurais volontier répondu qu'à moins qu'il est un don d'invisibilité ou qu'elle soit aveugle ou sourde, je ne voyais pas l'intérêt de sa question si elle attendait juste une réponse se limitant à « oui ou non. »
Mais bon, évidement, je n'en fis rien, je ravalai ma salive et ma fierté et acquiesçai avec un sourire forcé.
Elle confirma le diagnostic d'IOP (Insuffisance Ovarienne Précoce) et m'indiqua que seul le don d'ovocyte était possible mais que, par contre, c'était compliqué.

« Il vous faut une donneuse. Avez-vous une donneuse ?
— Euh, non je n'ai pas de donneuse, pas là, maintenant. Je ne savais même pas qu'il fallait que j'ai une donneuse, vous me l'apprenez ! »

Qu'est ce qu'elle me demande ? de quoi me parle-t-elle ? Je rêve, pincez-moi.

En France, pays de don anonyme et gratuit, elle voulait quoi ? Je ne comprenais rien. Il me faudra d'ailleurs un certains temps pour connaître, comprendre, tous les tenants et aboutissants.

« Si vous avez une donneuse, il vous faudra patienter, environ, un an et demi.
Si vous n'en avez pas, il vous faudra patienter, six ou sept ans. »


A peu de chose prêt, c'est vraiment ce que j'avais ressenti.

Voyant mon regard médusé, elle m'expliqua qu'en France la pénurie de don était telle que c'était la seule solution.
« Cela a été mis en place pour pallier au manque de don d'ovocytes. Si vous amenez une donneuse, vous gagnerez des points sur la liste d'attente et ainsi du temps.
— Mais docteur, il y a forcément quelque chose que je ne saisi pas. Le don est anonyme, non ? en France. Je dois convaincre quelqu'un de me donner ses ovocytes, je ne comprends pas ?
— Non, non, ce sont des dons croisés, c'est à dire que vous proposez une donneuse X dont les ovocytes seront implantés chez une receveuse Y et vous, vous bénéficierez des ovocytes de la donneuse A apportés par une autre patiente, comme vous. »

Bon, c'était plus clair, mais plutôt incroyable d'entendre cela. De prime abord, cela s'apparentait un peu à du chantage, « pas de bras, pas de chocolat ! »
Avant cela, si nous étions d'accord, il fallait :

  • se rapprocher du CECOS (Centre d'Etude et de Conservation des Œufs et du Sperm) ;
  • effectuer une longue liste d'examens, bilans et rendez-vous avec différents médecins (généticien, gynécologue, psychiatre...) ;
  • contacter le Président du TGI (Tribunal de Grande Instance), après de qui nous devions déclarer notre intention d'avoir un enfant en ayant recours au don d'ovocytes ;
  • se rendre en mairie pour faire attester de la vie commune avec Dominique, @iriscoffee, depuis plus de deux ans ;
  • etc.

Et surtout attendre un mois.
La consultation s'éternisa le temps de tout m'expliquer. Un peu plus d'une heure plus tard, je ressortis de mon RDV, comme dans un état second, très partagée par ce qui venait de m'être annoncé.

J'avais promis d'appeler mon homme dès que je sortais, dès que je savais. Malheureusement, je ne pus tenir ma promesse.
J'avais besoin d'aller me poser pour vite mettre par écrit tout ce qu'elle venait de me dire et pour ne surtout rien oublier, ne rien manquer.

Un bar ? j'ai horreur des bars, je ne m'y sentirais pas à l'aise.

Le joli parc de ce matin, c'était l'endroit idéal, j'avais besoin de m'asseoir pourquoi pas de m'allonger.
J'avais donc bien compris, je n'avais qu'une option, à deux mois de mes 34 ans, trouver une donneuse, et encore, ce serait long, environ un an à attendre pour avoir juste une chance d'essayer et de tenter le miracle, le fameux.
Attendre six ou sept ans, je ne pouvais pas l'imaginer et encore moins l'accepter. Et toutes ces démarches médicales et administratives...

Je commence à prendre les rendez-vous maintenant je m'étais dis naïvement, si ça me permet de gagner un peu de temps.

Finalement, recentrée sur mon objectif qui était de tout noter pour ne rien oublier, les mots, les phrases et les pages défilés.
Environ une heure plus tard, j'avais réussi et tout était par écrit.
Il fallait que j'arrête de me stresser, ce n'était pas bon et de toute façon il y avait d'emblé, ce fameux délai d'un mois, pendant lequel nous devions réfléchir... et annoncer par écrit, à l'hôpital, notre décision de poursuivre ou pas.

Je filai, tranquillement, vidée de tout énergie, vers l'aéroport où je patienterai le reste du temps.

Nous nous étions dit après avoir pris quelques jours pour y réfléchir, qu'avant de "choisir" la personne à qui nous allions demander, il fallait vraiment bien connaître, comprendre tout ce qu'impliquait le don d'ovocytes, sur le plan médical, sur le plan légal...

Le don se passait en deux temps, le premier qui consistait à préparer le don avec des étapes bien définies, quatre étapes pour être plus précise (information, consentement, bilan et entretien psy.) et le second temps consistant en la stimulation et au prélèvement (étape plutôt compliquée, il ne faut pas se mentir).
Pour ceux que cela intéresse, le site de l'Agence de biomédecine est riche en informations.
Et sur le plan légal,

Loi n°94-653 du 29 juillet 1994 du code civil- art. 10 JORF 30 juillet 1994
Article 311-19
En cas de procréation médicalement assistée avec tiers donneur, aucun lien de filiation ne peut être établi entre l'auteur du don et l'enfant issu de la procréation.[...]

La loi prévoyait donc, que la filiation maternelle se faisait par l'accouchement donc pas de problème, à ce niveau, ce sera mon enfant et je n'aurai aucune démarche à effectuer pour le faire valoir.
Je pensai avoir fait le tour de ce qu'il fallait savoir pour être plus armée afin d'expliquer à l'éventuelle fée que je trouverai.

Mais comment procéder ? A qui demander ? Comment demander ?
Car la loi nous imposait un cadre ! Pour être donneuse, ll fallait être majeure, âgée de moins de 37 ans et en bonne santé.
Jusqu'ici cela allait même si j'avais plus d'amies proches de la quarantaine que de la trentaine. Mais c'est le dernier critère qui était le plus costaud, avoir déjà procréé.

Je me sens comme prise dans un entonnoir, j'ai l'impression que tout ces critères vont rendre la quête de notre donneuse encore plus difficile et peut-être même impossible.

La première à se porter "volontaire," je n'avais d'ailleurs pas douté un instant qu'elle le serait, était ma cousine Marjorie, vous vous souvenez je vous en ai déjà parlé.
Et bien non, cela aurait été trop simple car il y avait les fameux critères ! Elle avait quatre ans de plus que moi et cela nous menait à l'impossibilité pour elle de donner.
Le plus rageant, le plus triste dans cette anecdote est qu'elle était également suivi en PMA car son mari avait des soucis et qu'elle avait bénéficié d'une stimulation dans le cadre d'un FIV.
Elle avait réagi au traitement par une hyperstimulation avec un grand nombre d'ovocytes.
Sur la trentaine recueillies les cinq meilleurs avait été mis en culture et le reste détruit... parcequ'elle avait quelques mois de trop. Elle n'avait pas pu être ma donneuse et alors même que je menais une quête effrénée à la recherche d'ovocytes, un laborantin procédé à la destruction de ceux de ma cousine.

Je voulai tellement trouver une donneuse et si possible vite, que nous avions envisagés toutes les possibilités, certaines même illégale, je vous l'avoue.

Sur le plan des examens médicaux, nous avions commencé par le bilan en laboratoire car ça me semblait être le plus simple et j'obtiendrai les résultats dans les 24 heures.
Le lendemain, je me rendai au laboratoire afin de récupérer les premiers éléments qui allait constituer notre dossier.
C'était un premier pas de franchi, j'étais si heureuse même si ce n'était pas grand chose.

Je récupérai les résultats et je m'enpressai d'ouvrir l'enveloppe tout en regagnant ma voiture.

Non, ce n'est pas possible... c'est un cauchemar... qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ?



Comme à mon habitude les steemiens, la suite au prochain post et oui, j'adore vous faire languir.

Passez une bonne et douce semaine.


Si cela t'a plu, clique sur la bannière et viens faire un tour à la maison !

Christel M.



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Sort:  

Une chance que je sais que cette histoire fini bien. Merci, pour ce partage. J’apprends tellement et j’admire ton courage.

Merci infiniment @lautre,
Merci de me lire et de parler de mon courage. Ca n'a pas été facile...

Je ne pensais pas que l'on pouvait faire autant d'épisodes... Et je suis sûr qu'il y en a encore plusieurs... Je me suis fait avoir, j'attends la suite de la même façon que j'attends mes séries télé...
Merci pour le partage de cette histoire riche en émotions et en péripéties !!! 😉

Merci pour ton soutien qui fait vraiment du bien :-)

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Encore un peu de patience et nous aurons le fin mot de cette histoire ! Upvoté à 100% !

Haaaaannnnn comment je te déteste mdrrrrrr.
Non je plaisante évidemment, mais ton histoire me rend dingue. Ça donne vraiment l'impression qu'on t'a laissé toute seule sans accompagnement.
J'étais vraiment loin d'imaginer que ça pouvait être aussi compliqué. Presque autant que l'adoption.

Méchant ! Effectivement c'est un parcours du combattant mais tu n'as pas fini d'halluciner mais je ne t'en dis pas plus :-)

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Good luck @corsica, hope things will turn right in the future. Based on what the doctor said that you need to find a donor, I thought it was for yourself upon knowing that its an exchange, I thought why? Also mentioned was the shortage of donor. Does it mean that there are lots of woman who also suffer such disorder in that country? (Sorry for the term disorder). Also, in case a donor is around, why need to wait a year and a half before process can be done?

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