# TEAM-LITTERATURE : Comment trouver un éditeur... c'est quoi un éditeur ? (Compte d'auteur, compte d'éditeur, autoédition)

in #writing7 years ago (edited)

Bonjour à tous !

Vous avez la volonté d'écrire pour être lu (lire chapitre 1 - Pourquoi Ecrire ?) et vous avez trouvé le temps et la manière de peaufiner votre manuscrit jusqu'à le rendre présentable (lire chapitre 2 : Comment écrire ?), vous vous posez maintenant la question ultime :
Comment trouver un éditeur ?

Là, je vous arrête.

Savez-vous déjà quels sont les différents schémas éditauriaux en France ? Quelles sont les conditions à accepter en temps qu'auteur ? Non ? Bon. Cet article vous sera certainement utile. Ensuite, on pourra voir comment.



Préambule : Se faire lire en France

Il y a trois principaux canaux de publication d'un texte :

  • L'édition à compte d'auteur
  • L'édition à compte d'éditeur
  • L'autoédition

Chacun de ces trois canaux peut vous apporter la gloire et la renommée, ou bien vous laissez dans l'ombre la plus épaisse (et fauché, dans certains cas). Ce pourquoi il est nécessaire de faire un petit rappel de la condition de l'auteur en France. J'invoquerai pour cela un article court mais très instructif de Marie Caillet (une jeune auteur que j'apprécie énormément pour sa plume et sa gentillesse).
Je citerai d'elle ces quelques phrases :

"Dans l’état actuel des choses, je constate au quotidien que corriger, lire ou préparer un texte est mieux rémunéré que l’écrire. Cela me paraît très symptomatique de la faible reconnaissance qu’on accorde aujourd’hui au travail de l’auteur. "
Marie Caillet

Ecrire pour être lu ne sera, dans 99.9% des cas, ni synonyme de richesse, ni de gloire, ni de renommée. Donnez-vous toutes les clés de réussite mais attendez-vous au pire. Peut-être serez-vous agréablement surpris. Au pire... vous aurez tenté.

Toujours motivé pour être lu et essayer d'en vivre ? Bien. Alors voici ce que vous devez garder à l'esprit quand vous recherchez un éditeur.

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L'édition à compte d'AUTEUR

Tout est dans le titre. Compte d'auteur -> c'est l'auteur (vous) qui allez raquer, et sévèrement.

Les maisons d'édition à compte d'auteur se repèrent aisément lors de vos recherches : elles ont un catalogue monstrueux, certainement de longues années d'existence, proposent des collections variées (autobiographie, poésie, romans, jeunesse, science-fiction, voyages, livres de cuisine...). Pourtant, vous n'avez jamais entendu parler d'elles, ni vu leurs livres en librairie.
Ce sont certainement d'une de ces maisons que vous recevrez votre premier "Oui" à un envoi de manuscrit.

C'est d'une de ces maisons que j'ai reçu mon premier "Oui". Et j'ai signé. Ça a été le début de ma grande désillusion sur le monde du livre !

Avantages :

  • prise en charge de la maquette.
  • prise en charge dela couverture.
  • prise en charge du référencement (le code barre, l'inscription aux bases de données des libraires et bibliothécaires...).
  • Envoi du catalogue de la maison aux libraires.
  • oh ! vous aurez même des marque-pages en cadeau ! (enfin par partout).

Inconvénients (soyez attentifs, ils sont très subtils) :

  • vous payez la maquette (entre 3000 et 4000 €, oui oui).
  • l'illustration de couverture sera soit inexistante, soit réalisée par des bénévoles (attention, high level qui pique les yeux), soit piquée d'une base de donnée d'images gratuites, et donc loin d'être exclusive ni représentative de votre livre.
  • Aucune publicité ne sera faite sur votre livre.
  • lorsque le commercial se pointe en librairie avec les quinze nouveautés par mois (qu'il n'a pas lues, évidemment), il se fait souvent envoyer promenner par le libraire qui n'a pas que ça à faire car il a déjà des stocks monstrueux à gérer et toujours plus de demandes.
  • "Quoi ? vendre votre livre ?" Ah mais la maison n'en a rien à faire, puisqu'elle s'est tirée son salaire sur votre argent. Ça lui coûte moins cher de mettre au pilon ses nouveaux stocks que de les envoyer en rayon.
  • donc... c'est à vous de faire tout le boulot ! hop hop hop, vous achetez vos stocks à la maison (oui oui, vous les rachetez alors que vous avez déjà payé, parce que vous avez payé pour la mise en page), vous stockez tout ça dans votre garage, vous allez vous-même démarcher les librairies, vous vous ferez envoyer au plot parce que certaines librairies refusent tout simplement de prendre le risque de faire du dépôt-vente. Vous ferez des salons du livre en payant les frais d'inscription, de repas, d'hébergement et de déplacement. Enfin, ceux où vous aurez accès en temps qu'auteur indépendant (certains salons n’acceptent que les auteurs invités par une librairie ou les éditeurs, même si ce cas est rare, il est important de le savoir).

Vous rentrerez peut-être un jour dans vos frais. Peut-être.

Je vous déconseille grandement ce genre de maison d'édition. Personnellement, je préfère l'appeler "assistance à l'impression". Mais ça reste une belle escroquerie tout de même.

Voici mon exemple personnel avec la maison d'édition à compte d'auteur "les 2 Encres" (aujourd'hui fermée) : j'ai signé un contrat pour 1000 exemplaires au premier tirage, ainsi que la diffusion du livre au format numérique. J'ai payé 3000€. Après en avoir vendu (toute seule) 450 exemplaires, je me suis rendue compte que la maison avait réimprimé des livres (ils avaient changé le revêtement de la couverture... pas très subtil). Je n'ai jamais pu savoir si la maison avait écoulé les 1000 en en déclarant 450 vendus et se gardait les bénéfices pour elle, ou si ces dindes n'en avaient imprimé que 500 exemplaires, m'entubant de 500 exemplaires sur le contrat. Dans les deux cas, il y a eu escroquerie. Et je n'ai jamais touché 1 centime sur les ventes numériques.

Retenez cela : jamais, au grand JAMAIS, vous ne devrez payer pour faire éditer votre livre.

Pour plus de précisions et surtout pour accéder à la liste noire de ces éditeurs au rabais, je vous invite à consulter le site de l'Oie Plate.



L'édition à compte d'EDITEUR

Là, on parle de VRAIE édition.

Le rôle d'un éditeur est de prendre les risques à la place de l'auteur. Il est à la fois le dénicheur de talents et l'agent commercial du futur l'ouvrage. L'éditeur devra tout mettre en oeuvre pour que votre livre se vende, sinon il coule. Pour ceci, il devra réunir plusieurs points-clés et les réussir à la perfection :

  • Trouver un manuscrit de grande valeur sur la forme (style, pas trop de fautes).
  • Trouver un manuscrit de grande valeur sur le fond (est-ce intéressant ? Est-ce bien traité ?)
  • Trouver un manuscrit sur un thème qui lui tient à coeur (c'est mieux de parler de ce qu'on aime...).
  • Trouver un manuscrit qui plaise au public (tendance et mode bonjour ! Qui est déjà sur le marché ?).
  • Corriger ce manuscrit (forme et fond, ce pourquoi le choix de la matière de départ sera crucial, sinon la perte de temps induite par la correction sera trop importante par rapport aux bénéfices réalisés sur le livre)
  • Identifier un illustrateur à même de rendre hommage au livre tout en le rendant le plus attractif possible.
  • Identifier un illustrateur qui n'ait pas son planning plein jusqu'en 2021...
  • Faire réaliser une maquette originale, adaptée au public (taille de police, illustrations en pied-de-page, type de police...)
  • Caler une date optimale pour favoriser la diffusion de l'info sur la sortie du livre.
  • S'occuper bien évidemment de l'impression des livres (choix de l'imprimerie, du papier (recyclé ou pas, bouffant ou pas, blanc ou blanc cassé...), de la reliure (dos carré collé ou dos cousu ?), de la finition de la couverture (mat, brillante, avec effets de dorure ?)) et se charger des négociations sur le prix d’impression.
  • Démarcher les librairies pour les convaincre de présenter le livre le jour de sa sortie.
  • Organiser avec l'auteur une, deux, voire davantage de dédicaces en librairie ou en salons du livre pour booster les ventes.
  • Démarcher des chroniqueurs littéraires.
  • Envoyer des SP (Service Presse = exemplaire gratuit) à ces chroniqueurs dans l'espoir que ceux-ci réalisent un article flatteur mais juste du livre, et ce à ses frais.
  • Diffuser partout les avis des critiques.
  • Réserver, payer des stands dans des salons du livre, inviter, loger, héberger, défrayer les auteurs sur ces salons.

Voilà voilà. Ceci est le tableau parfait de ce que devrait faire tout éditeur à compte d'éditeur. Du moins pour les gros éditeurs, qui représentent 10% des maisons d'édition en France, et qui bien souvent se contentent d'éditer des traductions de best sellers américains et d'auteurs déjà connus et riches.

Autant dire que vous ne serez probablement (sauf coup de chance type concours, pistonnage...) jamais édité chez eux. D'ailleurs, vous ne serez probablement pas bien traité chez eux non plus, où le chiffre d'affaire prime grandement sur l'avis de l'auteur.

Maintenant si je vous dit qu'un petit éditeur gagne, allez, 10% sur les ventes de ses livres ? 20% maximum ? Beaucoup d'entre eux peinent à se sortir un SMIC de leur activité (seul 10% des petits éditeurs font cette activité à temps plein, les autres ont un deuxième travail à côté), alors la dernière ligne de ma liste est rarement respectée. Cependant, notez que votre éditeur présentera une motivation absolue à la réussite financière de votre livre. Vous pouvez donc lui faire confiance pour en faire la diffusion.
Cela ne vous empêche pas de faire vos salons de votre côté. Je ferai certainement un post sur les salons du livre.

En connaissance de tous les impératifs et les risques financiers qu'une vraie édition représente (en plus de vous payer vos droits d'auteur et parfois un avoir, bien sûr), vous aurez compris que passer la barre d'un comité de lecture est très difficile.
Vous recevrez des quantités innombrables de "NON", mais dites-vous qu'un seul "OUI" suffit.

Faire éditer son livre à compte d'éditeur, c'est tomber :

  • au bon MOMENT (demande du public)
  • avec le bon MANUSCRIT (ça, c'est vous : au boulot !)
  • sur la bonne PERSONNE (coup de coeur du comité)
    En gros, c'est beaucoup de travail, mais presque autant de chance multipliée par la force de votre réseau. C'est super ingrat, en plus de ne pas être rentable financièrement.

Vous voulez toujours être lu, même si vous n'avez pas eu la chance de rencontrer le bon éditeur, alors que vous êtes persuadé que votre manuscrit en vaut la peine ?
Remontez-vous les manches, ce n'est pas fini.




L'auto-édition

C'est vous le patron ! Personne n'a voulu de votre livre ? Qu'à cela ne tienne. Vous le ferez vous-même.

Avantages :

  • La transparence des frais et des recettes : vous savez exactement ce qu'a coûté la production de votre livre et vous ne dépendez de personne pour toucher vos droits.
  • Vous pouvez vous autoriser des excentricités de forme, de polices, mises en pages, insertions d'image, qui ne seraient peut-être pas autorisés par une maison d'édition (attention à ce que le résultat soit lisible...). Vous pouvez insérer des C-D, des objets, des QR Code vers d'autres créations de votre univers. TOUT vous est permis, dans la limite de votre porte-monnaie.
  • vous fixez le prix de vente du livre.
  • vous choisissez votre illustrateur (ce qui est rare en maison d'édition, même si on peut vous laissez donner votre avis sur l'illustration).

Inconvénients :

  • Vous devrez payer un correcteur, ou faire suffisamment confiance à vos proches pour la délicate phase de la chasse à la coquille. Un quota d'une faute toutes les 100 pages est acceptable. Au-dessus, vous passez pour un kikoo-lol pas professionnel du tout.
  • Vous devrez également payer un illustrateur (entre 400€ et 1500€) ou prendre une photo gratuite sur Photolia (même inconvénients que pour le compte d'auteur : pas d'exclusivité ni de personnalisation).
  • Vendre vos livres devient une activité à part entière dans votre vie. Attendez-vous à y investir beaucoup de temps pour revenir sur votre investissement et faire des bénéfices.
  • Vous ne bénéficiez pas du réseau de diffusion et distribution des éditeurs. Vous pouvez dès lors prendre des actions chez LaPoste.
  • De nombreuses librairies et certains salons vous refuseront catégoriquement, sous prétexte que vous n'avez pas pu passer l'examen d'un comité de lecture. Et comme ils n'ont pas du tout le temps de lire tous les livres qu'on leur propose, ils ne peuvent pas prendre de risque de ventre un étron en boîte (et croyez-moi, j'en ai vu, ils font donc bien de se méfier).

Choses que vous pouvez faire vous-même, même si on peut penser du premier abord que c'est l'apanage des "pros" :

  • Obtenir un numéro ISBN pour votre ouvrage (le code-barre).
  • Référencer votre ouvrage dans les bases de données. C'est payant, mais c'est possible.
  • Avoir un stand en salon qui claque (une belle nappe, deux kakémonos, un présentoir et des cartes de visites sont des objets que l'ont peut trouver ou faire réaliser très facilement).
  • Démarcher les chroniques littéraires, participer à des concours... bref, faire la pub de votre livre.

Je n'ai personnellement jamais tenté l'autoédition mais j'ai rencontré un grand nombre d'auteurs qui ont fait ce choix en toute état de cause, pas par dépit de ne pas avoir été choisi par un éditeur, mais bien parce qu'ils voulaient gérer leur projet de A à Z.

Si ce choix vous intéresse et que vous souhaitez en apprendre davantage, je vous invite à découvrir le blog de Nathalie Bagadey. Cette auteure de l'Imaginaire auto-éditée a également réalisé un livre intitulé Autoédition : à vous de jouer !, qui recense toutes les astuces et erreurs à ne pas commettre quand on se lance dans l'autoédition. C'est illustré, ludique et pleeeiiiiin de très bons conseils.



Récapitulatif :

Vous voulez l'appui d'une structure pour vous faire éditer :

  • contrat payant : fuyez !
  • contrat vous donnant des droits d'auteurs : négociez.
  • contrat vous donnant des droits + un avoir : là, vous avez trouvé une pépite. Mais négociez quand même, on ne sait jamais.
  • dans tous les cas : épluchez le contrat, faite-le lire à un avocat et n'hésitez pas à négocier. Si quelque chose vous chiffonne, dite-le. Demandez à ce qu'on vous explique tout. Prenez le temps d'y réfléchir avant de signer.

Vous voulez être maître de votre navire :

  • prenez le temps de bien préparer votre projet. Vous pouvez y arriver, mais vous serez seul à bord.




Et voili, c'est déjà la fin de cet article !

J'espère qu'il vous aura appris des choses :)

Dans les prochains articles, j'aborderai les questions de recherche d'un éditeur (quel format, que dire, les erreurs à ne pas faire), ainsi que le fameux contrat (quand savoir si on se fait entuber ou pas ? quels sont les points à négocier ?).

N'hésitez pas à upvoter, resteemer.
Si vous avez des suggestions, des remarques, un apport, une question, la section des commentaires est faite pour ça !

à bientôt ^^ !

Oreille Pointue

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