La Saga PLOUF [Episode 3] : l'effet miroir

L’enveloppe avec les papiers est arrivée trois jours plus tard. Pas un mot, mais tous les papiers et la clé du cadenas. Un peu impatient, j’ai de nouveau sauté dans la bagnole et je suis allé sur le ponton I. Là, pas de Plouf. Bah il est où ce con? Pas de panique, j’appelle le maitre de port sur son portable. Pas de quoi paniquer en effet, ils l’ont changé de place pour qu’il soit mieux situé et surtout que je puisse sortir quelque soit la hauteur d’eau… je suis donc au H place 35. Un badge m’attend à la capitainerie.

Arrivé sur place, Yann et Julien me tendent un café et un badge. Yann me précise que celui-ci n’est pas référencé donc il ouvre tous les pontons. Il faudra que je régularise avec Barbara, la secrétaire. Pas de soucis. J’ai un badge et les clés du bateau. Ca tombe bien, les enfants viennent ce week-end et il doit faire beau!

Julien est toujours plus réservé que Yann mais là, il est impatient de me raconter l’histoire de mon canote. C’est un bateau sorti des chantiers Bremaud en 1973. La série à laquelle il appartient s’appelle Explorateur. Le nom indique déjà ce que peut faire le bateau : du cabotage, c’est à dire aller d’un port à un autre. Forcément, avec un 5 mètres et 20cm, tu n’envisages pas une traversée de l’atlantique en solitaire.

Son premier nom en 1973 était « Blue Star » avec sa coque bleue puis Côtes d’Armor en 1990. En 2010, à l’abandon total, il a échoué un petit matin dans le port, venant d’on ne sait où. La police maritime est remontée au propriétaire qui en clair ne comptait pas le récupérer. C’est comme ça que Julien a récupéré le rafiot, particulièrement abîmé. Alors avec Yann, ils l’ont remis sur pied! Ils sont allés aux affaires maritimes pour le réimmatriculé et son nom est devenu Plouf. La suite, vous la connaissez. Le bateau est gentiment resté 5 ans à son ponton. Sans sortir et sans entretien.

Il a du vécu mon Plouf. Il a le même âge que moi. Bien cabossé mais toujours là. Comme moi. Hasard ou coïncidence? non, il n’y a aucun hasard pas plus que de coïncidence. La vie est faite de rencontres et d’opportunités. Il faut savoir les saisir.

Je crois qu’au fond de moi, je viens d’accomplir un rêve de gamin. J’ai toujours rêvé d’avoir un bateau, j’adore naviguer. Alors certes, mon premier bateau ressemble plus à une épave qu’un bateau armé pour traverser l’atlantique mais on est désormais uni par un lien indéfectible.