Devenir Sauveteur en Mer... Pourquoi et comment?

NB : For the english readers, this post will be soon translated by @vcelier so follow his work!

Le samedi midi à la station, c’est un rituel : l’apéro. C’est sans chichi. Une table dans le hangar, quelques verres et de quoi grignoter. C’est surtout le moment où tout le monde se réunit, viens voir les plannings, les infos pour s’inscrire à une opération programmée ou une formation. C’est aussi le moment où le groupe prend du plaisir à se voir car il est très soudé ce groupe. Il y a quinze jours donc, à l’occasion de l’apéro, j’ai vu Ronan débarqué. Je le connais bien pour avoir eu à travailler avec lui dans une autre association. Ce jour là, il est venu s’inscrire. Huit jours plus tard, il démarre sa formation et est donc en mer avec une équipe. J’ai fait quelques photos de sa première sortie et en dehors de son histoire singulière, je vais te parler aujourd’hui des bénévoles et du recrutement.

Contrairement aux pompiers, les sauveteurs en mer ne sont pas rémunérés. Pour la plupart, ils sont bénévoles. Pourtant, il y a autant de formations, autant d’astreintes et de contraintes et des interventions en tout genre. Le recrutement est donc délicat mais vital pour l ‘existence d’une station. D’autant plus vital qu’une intervention banale chez les pompiers ne mobilise qu’une fourgonnette et deux ou trois hommes. A la SNSM, il en faut 6 minimum par équipage quelque soit l’intervention. Le recrutement des nouveaux est donc indispensable pour assurer les roulements. La première question légitime pourrait donc être : pourquoi on vient à la SNSM et pourquoi on y reste?
De prime abord, on pourrait se dire que la principale motivation des sauveteurs en mer est de sauver les gens. Le côté un peu héroïque de l’affaire. Et bien non! Ceux qui ont cette motivation comme première intention ne restent pas. Au bout de six mois, ils se rendent compte que l’on sort très peu en intervention tout en étant très disponibles. Ceux là disparaissent comme ils sont venus. En fait, le vrai moteur des bénévoles au long court, c’est le besoin d’être sur l’eau. Sur l’eau ou dans l’eau car il y a beaucoup de nageurs à la SNSM. Bref, c’est cet amour de la mer qui est notre lien. Ce qui nous unit. Et quand on est venu pour ça, quelque soit son parcours, on y reste.

Conséquence de cet amour de la mer et des contraintes que la SNSM impose, une bonne part sont des anciens militaires de carrières venus de la Marine Nationale. Avec deux avantages évidents : ils sont déjà opérationnels et surtout très disciplinés. La deuxième grande catégorie se retrouve chez les enseignants car ils ont de la disponibilité. C’est souvent l’objet de blagues entre les deux camps. Enfin, il y a une troisième catégorie : les plaisanciers et bien souvent les voileux (ceux qui ont des voiliers) et qui sont ravis de pouvoir sortir l’hiver quand les bateaux sont au chaud pour l’hivernage. Le point commun de tous ces sauveteurs, c’est donc l’amour de la mer. Et Ronan n’échappe pas à la règle : enseignant en disponibilité et toujours sur un bateau. La SNSM est donc une logique pour lui.

La semaine suivante, Ronan est donc embarqué pour sa première formation. La formation dure environ un an même si au bout de quelques mois, en fonction de son implication et de la capacité à faire, on peut devenir 7ème homme comme moi. 7ème homme, on est pas encore officiellement équipier mais on est inscrit dans les astreintes et on peut faire des interventions. On aide au mieux et on continue d’apprendre. C’est le patron d’équipe qui choisit. Mais avant d’être 7ème homme puis équipier confirmé, la formation passe par trois phases : les gestes élémentaires sur la vedette, les permis (cotier, hauturier, radio…) et toutes les notions de secourisme assez poussées et qu’il faut revalider tous les deux ans.
Les gestes élémentaires sur une vedette s’apprennent en pratiquant. Chaque semaine, la vedette sort avec un équipage pour une fausse intervention et nous répétons inlassablement les mêmes gestes. Quand on y réfléchit, il y en a très peu. Mais l’idée est de les reproduire sans paniquer quelque soit la situation et quelque soit l’état de la mer. De jour comme de nuit. Il faut donc savoir préparer une remorque (la corde qui va permettre de tirer un bateau naufragé), lancer une touline (fil avec une boule pour accrocher un bateau en détresse), savoir étaler une voie d’eau avec la motopompe (étaler = assécher un bateau qui prend l’eau), savoir sortir et piloter le petit zodiaque qui est dans la vedette etc… Et pour sa première sortie, ronan est immédiatement dans le jus : sur le petit zodiac, équipé de la motopompe, le voilà parti assécher un bateau…

Les formations ne sont pas réservés qu’aux nouveaux. Pour être opérationnel par tous les temps, les équipages sont composés à moitié de nouveau et à moitié d’anciens qui viennent eux aussi faire et refaire les gestes élémentaires. Et c’est d’ailleurs ce mélange qui fait que les formations sont très efficaces pour les nouveaux. Le partage.

Ce samedi, Ronan est revenu ravi. Son intention de nous rejoindre est devenue une évidence. Il fait déjà parti du groupe. Et c’est aussi un de nos moteurs. Nous sommes un groupe, tous animés par cet amour de la mer. Un groupe… je dirai même une sorte de famille. Cet esprit est difficilement descriptible, il se ressent plutôt. Le nouveau est immédiatement inclu dans le groupe, il n’est pas vu comme un boulet mais comme une chance. Il va trouver sa place très vite. Ici, dans notre station, je n’ai pas constaté d’égo, chacun a des compétences, chacun les met au service du groupe car il faut bien garder à l’esprit que si les interventions ont pour but de sauver des vies, notre premier objectif est de veiller à ne jamais nous mettre en péril nous même. Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas des héros, nous sommes juste des professionnels parfaitement entraînés et surtout passionnés de la mer.

J'en ai fini de ma petite chronique aujourd'hui. La prochaine à venir : les interventions de la SNSM!