L’accident, les assureurs et moi
Au Québec, les mécaniciens ont obligations de résultat, contrairement aux médecins.
Ça, ça veut dire que le char qui m’a foncé dedans va s’en sortir pas mal plus rapidement que moi. Je ne sais pas exactement comment ça s’est passé : la douleur m’a fait perdre connaissance. Cependant, les médecins m’ont dit que mon bassin, ma cuisse et ma jambe gauche ont été affectés. Bref, je vais devoir réapprendre à marcher. Il parait que j’ai eu de la chance dans ma malchance. J’ai une tête dure! Mon cerveau n’a pas été touché lors de l’impact.
Ça fait maintenant quatre mois que je suis en convalescence et le mois dernier, j’ai fait de gros progrès. Après deux mois et demi de souffrance, avec l’aide de ma physiothérapeute, j’ai fait quelques pas. Pour la deuxième fois de ma vie, j’ai appris à marcher.
J’étais tellement fière de moi que j’ai voulu répéter l’expérience chez nous, avec ma blonde qui me tient les bras comme un petit vieux pis mon fils qui m’encourage. Je voulais montrer mes progrès à mes proches. Ce moment a été magique, j’ai pu faire deux pas dans notre maison, mon fils m’a filmée. Il a mis le vidéo sur Instagram et m’a dit qu’il allait faire un « vlog » de ma guérison. Je n’ai pas compris ce que ça voulait dire sur le coup. Cependant, je savais que ça allait se traduire par une activité père-fils. Je sentais que ça l’avait rassuré de me voir sur mes deux pieds. C’était comme la preuve qu’il allait un jour pouvoir retrouver son père, comme avant.
Ou ben donc, c’est à moi que ça a prouvé que j’allais redevenir comme avant.
Je me suis un peu trop donnée cette soirée-là. J’ai eu mal et j’ai même un petit peu régressé pendant quelques jours. J’ai trop fait d’effort en trop peu de temps. Mais en un mois, j’ai vraiment continué à faire des progrès. Mon fils « documente » le tout sur les médias sociaux. Il paraît que je deviens de plus en plus populaire sur internet, et mon fils aussi.
Bien entendu, on ne publie pas les moments où je suis incapable de faire mes exercices tellement la douleur est intense. On ne publie pas la quantité de morphines et ses dérivés que je dois prendre pour arriver à progresser. On ne publie pas que quelquefois je triche avec un petit join parce que la morphine ce n’est pas assez. On ne publie pas le fait que j’ai environ autant d’autonomie qu’un enfant de 4 ans : ma blonde m’aide à m’habiller, à me laver, à me torcher. On ne publie pas que je suis incapable de participer aux tâches quotidiennes. Bien oui, sur le « vlog » on me voit couper des légumes pour participer aux tâches domestiques. En fait, mon fils m’avait installée à la table et je n’ai eu qu’à couper des légumes et rien d’autre. Je suis encore loin de l’autonomie.
Moi et mon fils, on publie une jolie histoire : celle de quelqu’un qui s’en sort bien. Et ça nous rapproche de faire ça ensemble.
Mes assureurs ont particulièrement aimé mon histoire, malheureusement. Ils me disent que vu tout ce que je suis capable de faire sur mon « vlog », ils ne paieront plus pour l’assurance salaire, ni pour la physio. Ils me demandent de rembourser le dernier mois de salaires payé. Ils m’ont expliqué qu’ils ont placé dans mon dossier une vidéo datant d’il y a 34 jours me présentant en train de faire deux pas, dans ma maison, sans ma physiothérapeute. Sans aucun doute selon eux, à partir de ce moment-là, j’aurais dû retourner à mon poste d’enseignant en éducation physique. Ces deux pas seraient la preuve que je peux marcher et courir avec 30 ados de 15 ans.
Des fois, des histoires similaires se réalisent: http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1083545/samuel-archibald-desjardins-assurances-prestation-depression-maladie-invalidite
Des fois, mon chat passe devant ma caméra ¯_(ツ)_/¯
C'est une aberration... Complètement dingue ! Révoltant... Et j'ai encore plein d'autres mots qui me viennent, vraiment désolé pour toi.
Clique sur le lien, ce n’est pas à moi que c’est arrivé. Ce genre d'histoires s’est malheureusement produit, à plusieurs reprises, avec Desjardins assurance. Et c’est très triste pour le père de famille qui à vécu une histoire similaire et qui a du faire appel au médias nationaux pour recevoir de l’aide. J'ai repris son histoire avec un autre problème de santé pour montrer l'absurdité de son cas.
Je n'avais pas saisi, mais en tout cas le fond du truc est là...
C'est le danger d'écrire toujours au «Je» et au présent. Mais je n'arrive pas a écrire autrement :S
C'est une histoire de fou ce que tu nous racontes. Ton assureur est-il venu te voir chez toi? Et le chauffard qui t'as percuté, se soucie-t-il de toi?
Nous sommes toujours bons pour payer mais l'humain dans tout ça n'a aucune place. Quel monde !