Copie Conforme p.18

Le taxi déposa Joseph dans le centre-ville de Tanger. Il n’était pas venu ici depuis dix ans et ne reconnaissait l’endroit que de mémoire, sans connaître le nom des rues. Il descendit sur le boulevard Mohammed V. Il essayait de se diriger parmi toute la populace agitée. Il se promena dans ce mélange de visages bronzés et blancs, de vêtements du « souk » et signés Cardin. La flasque de scotch qu’il avait cachée dans sa poche de veston commençait à peser lourd.

Il entra et ressortit rapidement d’une boutique avec ses achats. Il regarda l’heure indiquée sur son reçu de réservation. Il avait encore le temps avant de s’enregistrer à l’hôtel. Il en profita pour flâner et regarder avec curiosité les maisons, les rues, et les vestiges du passé; ce mélange de cultures, de souffrances et d’histoires; des siècles de guerres pour en arriver à cet amalgame.

Il entra et ressortit rapidement d’une boutique avec ses achats. Il regarda l’heure indiquée sur son reçu de réservation. Il avait encore le temps avant de s’enregistrer à l’hôtel. Il en profita pour flâner et regarder avec curiosité les maisons, les rues, et les vestiges du passé; ce mélange de cultures, de souffrances et d’histoires; des siècles de guerres pour en arriver à cet amalgame.

Il s’arrêta quelques instants devant une maison aux murs turquoise. Il était en plein milieu de la rue. Il fut un instant songeur. Soudain, une mobylette passa à sa droite, le tintamarre de son moteur résonna dans tout le quartier. Un vieil homme à la barbe grisonnante, aux vêtements en lambeaux et crasseux, somnolait contre une grille entourant l’école américaine de Tanger. Face au mur de plâtre fatigué, une jeune fille aux traits assez charmants pour les desseins de Joseph. Tous les deux l’observèrent un instant, sans trop savoir ce que cet étranger pouvait leur vouloir.

Un klaxon strident, cri d’une volaille qu’on égorge, le sortit de sa réflexion. Un chauffeur de taxi l’engueula à travers sa fenêtre. Joseph fit un pas vers la grille. Le véhicule passa. La jeune fille était maintenant à quelques centimètres de lui. Elle portait une jupe s’arrêtant à mi-cuisse et un polo rose. Cette proximité l’obligea à l’aborder.

– Comment tu t’appelles ?

– Najua… Et toi ?

– Mon nom n’a pas d’importance…D’où viens-tu ?

– Tétouan, répondit-elle.

– Et que fais-tu ici ?

– Je regarde le soleil se coucher avant d’aller à la plage ce soir.

Il lui tendit le bras, elle le prit et ils descendirent tous les deux sur l’avenue de l’Espagne. Dans une ruelle menant au port, le dos contre le mur, il souleva cette jupe qui cachait des cuisses dorées par le soleil. Il caressa cette pêche sans duvet, puis planta ses ongles dans cette peau juteuse et moite. Il mordait les lèvres de Najua, les dévorait comme une mangue bien mûre. Toute cette saveur qui s’écoulait dans sa bouche explosait ses sens. Joseph plaqua la tête de Najua contre le plâtre, le visage ruisselant. Il sentit une langue rafraîchissante parcourir son épaule.

Il étira le col du polo pour plonger son visage entre les seins débordant d’une liqueur sucrée. Ses dents glissaient contre la chair bien ferme. Les vagues frappaient contre les rochers et noyaient tous les bruits des alentours. Ils avaient l’impression d’être seuls sur terre, mais la plage était bondée de touristes. Joseph descendit ses mains sur les fesses de Najua. Il souleva sans peine la bagasse qui s’amarra à lui. Il se sentit aspiré au plus profond d’elle, comme pour se retenir il tenta de s’accrocher au mur de plâtre qui s’effritait. Joseph n’entendait déjà plus les gémissements de cette hétaïre devenus des cris de douleur. Pour lui, il n’y avait que cette haleine soufflant toujours plus fort contre son visage. Il se sentit partir. Ses jambes fléchirent.

Le soleil se coucha et les ténèbres prirent d’assaut la cité. Alors que l’excitation de Joseph était à son paroxysme, le temps s’arrêta. Il s’écroula sur le sol, sans voir la jeune fille se rhabiller, abandonner un portefeuille vidé de ses dirhams et disparaître dans la nuit tiède de cette ville obscure.