Le 8 avril 2023

Doit-on repenser le temps qui reste à vivre ? | Emmanuel Hirsh


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Emmanuel Hirsh, bonjour. (Bonjour, Valérie Tibet)

Vous êtes professeur émérite d'éthique médicale à l'université Paris-Saclay. Et vous êtes aussi directeur de l'éthique pour le groupe ORPEA. Dans votre livre "Devoir mourir, digne et libre", qui est paru aux éditions du Cerf. Vous développez plutôt l'idée d'accompagner à la mort plutôt que d'accompagner la mort plutôt que de la donner, finalement. Alors quand vous entendez ce témoignage... ce type de témoignage est-ce que ça fait un peu bouger les lignes, pour vous ?

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D'abord, énormément de respect pour ces dames. Pour son courage et pour sa dignité. Et pour ce témoignage que je trouve impressionnant de justesse. Parce que ce n'est pas un témoignage sur l'euthanasie, c'est un témoignage sur des valeurs profondes, celles de sa mère ont été honorées. Et ce monsieur pose la question :

"Pourquoi en Belgique, aux Pays-Bas et pas en France ?"

Voilà la question posée. Et vous avez évoqué, dans votre lancement, la Convention citoyenne. Les citoyens qui nous ont représentés pendant quelques semaines, qui ont travaillé ces questions...

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Est-ce que c'est le bon modèle, justement... ?

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Oui, mais je vais juste terminer, pour dire qu'ils ont montré à quel point ces questions, que ce monsieur pose, sont des questions qu'on doit tous se poser. Voilà, avec la complexité et il dit aussi l'ambivalence de cette situation et les moments merveilleux, les derniers moments qu'il a partagé avec sa mère. Alors sur la Convention citoyenne je trouve que tout ce qu'on peut tirer aujourd'hui du document tiré par ces citoyens était extraordinaires. C'est-à-dire qu'on a eu à la fois des parlementaires qui se sont prononcés sur est-ce que la loi actuelle qui est une loi de 2016, est conforme à ce qu'on attendrait en général. Est-ce qu'il n'y a pas des points particuliers qui devraient être revu ? Et puis on a nos citoyens, et vous l'avez dit aussi, que ont dit à la fois dit à quel point les soins palliatifs, c'est-à-dire l'accompagnement de la personne jusqu'au terme de son existence sans qu'elle souffre, alors qu'elle peut vivre aussi une vie relationnelle, un projet, c'est important.

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mais que pour certaines circonstances
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peut-être que la loi devrait être
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évoluer et le président de la République
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nous a annoncé le 3 il y a dans quelques
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jours nous annoncer donc qu'il y aurait
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législative envisagée avec un terme
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précis c'est vers l'été que devrait y
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avoir un projet de loi donc c'est un
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engagement démocratique important c'est
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le gouvernement c'est pas une
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proposition de loi et il y a des groupes
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maintenant qui se mettent en place pour
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savoir jusqu'où la ligne doit bouger et
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je rappelle juste un point important
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dans la loi de 2016 la loi française on
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parle de sédation profonde et continue
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jusqu'au décès et on endort la personne
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et elle meurt j'allais dire dans son
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sommeil là ce que certains demandent et
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on voit dans ce témoignage que c'est
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important c'est soit le suicide assisté
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la personne elle-même aurait le produit
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et serait en quelque sorte autonome
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jusqu'au dernier moment soit
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l'assistance médicalisée active à
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travers l'euthanasie et la vraie
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question éthique qui se pose est-ce que
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c'est le rôle du médecin là tout est des
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éléments du débat que d'aider la
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personne à mourir c'est-à-dire à
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respecter sa volonté vous voyez que
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cette dame avait une volonté farouche de
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son autonomie et de sa dignité elle
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voulait que ça se passe comme ça
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uniquement elle a recouru d'une certaine
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manière à l'acte médical au geste d'un
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tiers mais pour vous il faudrait plutôt
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enfin c'est ce que vous développez dans
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votre livre repenser le temps à mourir
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le temps qui reste à vivre ma pensée
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d'abord est très relative je ne sais pas
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ce que je penserai pour moi ou pour un
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être cher si demain je me trouvais face
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à une situation de maladie extrêmement
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grave avec des souffrances globales donc
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on peut repenser ce temps qui reste à
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vivre si on est dans une souffrance je
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réponds déjà a priori je n'ai pas de
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dogmatique je n'ai pas une position à
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priori c'est toute la difficulté
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d'ailleurs de trouver des situations
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toujours singulières dans une loi qui
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par nature et générale mais pour
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répondre à votre question d'une manière
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précise je pense que la vie vaut la
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peine d'être vécue jusqu'à son terme
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c'est les vécu en société c'est à dire
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avec le sentiment qu'on est reconnu dans
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sanité de ses droits et laissons un
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palliatifs c'est un accompagnement non
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pas obstiné mais ces données de la
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qualité de vie du coup à vivre jusqu'au
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dernier instant et c'est intéressant de
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le témoignage de ce monsieur qui dit ce
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qui s'est passé d'extrêmement important
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dans les dernières heures dans les
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dernières minutes il a voulu même
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photographier il y a dans le départ
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aussi pour certains l'envie de
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transmettre il dit il a venu une sorte
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de transmettre des conseils une
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expérience de vie donc je dis on doit
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pas abolir ce temps la vraie question
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importante c'est la question du mourir
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et du long mourir quand vous êtes
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atteint d'une maladie chronique sur un
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long temps c'est-à-dire vous avez une
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maladie grave et ça se poursuit quand
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vous êtes dans un établissement comme un
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établissement qui accueille des
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personnes âgées que vous êtes très
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dépendant vous êtes une maladie comme la
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maladie d'Alzheimer on peut s'interroger
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sur quel est le sens de cette vie est-ce
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qu'il y a encore des bonnes choses
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attendent de la vie alors moi mon parti
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personnel c'est de dire que on doit
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développer des solidarités sociales et
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voyez dans notre société française
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développée beaucoup de personnes âgées
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sont seuls chez elle ou dans des
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institutions donc quel type de
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solidarité on est à TV5 non il y a
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quelques jours j'ai rencontré des
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auxiliaires de vie qui interviennent
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auprès des personnes à domicile elles
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étaient pour la plupart d'entre elles
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d'origine africaine lisez dans notre
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culture on n'abandonne pas le vieux et
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le vieux pour nous c'est tout c'est la
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base de notre civilisation et notre
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société on le respecte donc elle ne
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comprenait pas on abandonne entre
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guillemets des personnes dans des lieux
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qui sont des lieux dont on s'interroge
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sur la pertinence en termes de vie
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sociale en termes de projet de vie donc
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voilà pour répondre à la question
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précise je pense que le modèle qui nous
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serait imposé d'une mort libre assumée
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en abrégence son existence en décidant
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du moment où on veut se donner la mort
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c'est un modèle très théorique par
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rapport à la réalité mais probablement
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qu'il faut réfléchir à ces questions
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puisque on a politisé ces questions un
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élément on réfléchit la Belgique la
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Suisse Italie l'Espagne le Royaume-Uni
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les États-Unis ils ont légiféré alors
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est-ce qu'il y a un de ces modèles qui
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peut être duplicable en France d'abord
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je pense pas qu'il y a un modèle le vrai
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fondamental c'est qu'elle sollicitude
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quelle attention vis-à-vis de la
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personne qui est dans une situation de
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souffrance je puisque toutes les
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personnes qui sont face à leur mort ne
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souffrent pas mais il y a toujours une
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souffrance existentielle s'interroger
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sur le moment de la fin comment ça va se
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passer donc je pense que les pays qui
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nous ont prédé précédé notamment au
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niveau européen les premiers pays
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c'était la Belgique avec une législation
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importante qui a été votée le même jour
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que les législation sur le roi des
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malades c'est à prendre en considération
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ces pays ont développé leur approche la
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critique c'est que au départ il y avait
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des critères extrêmement stricts définis
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et que la personne soit vraiment en
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capacité discernement elle est vraiment
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un pronostic engagé à court terme on a
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vu malheureusement qu'il y a des
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évolutions en termes de justice et par
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exemple des personnes atteintes de
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pathologies psychiatrique ou des
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personnes âgées qui ont une mélancolie
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d'existence aujourd'hui peuvent
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bénéficier d'une donc pour le
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législateur français c'est d'abord quel
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encadrement et ce qui a des maladies ou
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des situations de détresse qui
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justifient ou pas donc on évoluera de
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toutes les manières c'est à dire il est
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évident qu'en France dans les mois qui
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viennent on aura une nouvelle
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législation merci beaucoup Emmanuel dire
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je pense cette année je rappelle le
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titre de votre livre devoir mourir digne
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et libre qui est paru aux éditions du
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Cerf merci c'est moi qui vous


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