Croissance versus cohésion

Le Luxembourg a su, pendant plusieurs décennies, marier avec habileté la croissance économique et la maîtrise des changements sociaux et démographiques que la croissance a apportés avec elle.

^{Source: paperjam.lu/archives}

Le plus grand défi politique au Luxembourg n'est donc pas, comme dans la plupart des pays développés d'Europe, la croissance économique et l'emploi mais plutôt, paradoxalement, comment maîtriser une croissance qui s'avère trop tumultueuse.

La croissance engendre une pression démographique forte qui tiraille le tissu social jusqu'au point de rupture. L'influx massif de citoyens européens et non-européens crée, comme dans de nombreux autres pays, des inquiétudes viscérales et des interrogations sur qu'est-ce que c'est que le Luxembourg, qu'est-ce que c'est que d'être Luxembourgeois et quel sera le visage du pays d'ici 20 ou 50 ans.

La cohésion sociale, l'harmonie sociale sont des sujets politiques essentiels, de surcroît natifs du locus politique occupé par le CSV.

Dans un contexte où le différentiel de croissance avec les pays voisins s'est fortement accru cette dernière décennie, nous avons été témoins de l'effet que cela a eu sur le pays et nous avons pu comprendre que la croissance n'était pas "gratuite", qu'elle demandait un prix à payer en termes de cohésion sociale, en termes de développement harmonieux de la société luxembourgeoise.

C'est, nous sommes persuadés, le choix fondamental que les politiques seront également appelés à faire – celui d'un positionnement sur une dimension politique qui va du "maximum de croissance économique à tout prix" jusqu'à l'autre extrême, celle d'une focalisation absolue sur le maintien voir l'utopique retour à une société luxembourgeoise homogène, quitte à sacrifier la prospérité pour tenter d'y parvenir.

Théoriser un centre politique unique à la situation du GDL est utile (peut-être même nécessaire) pour faire évoluer de façon palpable et positive l'identité du CSV dans un contexte d’évolution démographique et sociétale rapide. Il faut pouvoir expliquer décomplexé que le "Chrëstlesch" n'est pas un qualificatif désuet qui laisse deviner un parti vieillissant parlant à une population âgée et nostalgique, bien au contraire, il se décline au présent et au futur à travers un ensemble de valeurs que nous ne négligerons qu’à notre détriment.

En théorisant cette situation singulière et la mission qui en résulte pour les gouvernants luxembourgeois : d'être des barreurs habiles entre une Scylla de la croissance libérale déchaînée et une Charybde du nationalisme et du repli sur soi, nous voulons créer un espace politique serein dans un moment historique où le socialisme semble incapable d’enrayer un déclin séculaire tandis que le libéralisme est engagé dans une spirale déraisonnable entraînant la société dans un mouvement d’essoreuse séparant de plus en plus les riches, toujours plus riches, des pauvres, toujours plus pauvres.

Sur ce terrain central où le CSV est légitime, nous pouvons assoir notre phare qui illumine et montre le chemin dans la nuit – notre vision de ce que pourra être le Luxembourg dans 20 ou 50 ans et comment éviter les écueils dont le chemin jusque-là est parsemé.

Comment refondre une identité luxembourgeoise dans un creuset où des nouveaux arrivants doivent être en permanence intégrés. Quelle est notre vitesse d'absorption ? Nos moyens d'absorption ? Comment nous pouvons rendre l’expérience de l’intégration plus satisfaisante aussi bien pour ceux qui appartiennent déjà à ce Luxembourg multi-facettes que pour ceux qui y aspirent ?

Cela permet de parler d'une culture luxembourgeoise et de décaler le débat de la question trop étroite de la langue.
Partant, nous pouvons penser à la création d'un think-tank-cum-association dont l'objectif serait d'associer les résidents étrangers aussi bien que les luxembourgeois à un effort commun à imaginer le Luxembourg de 2050.

Si vous savez ce que sont les "témoins" sur la blockchain steem et si vous pensez qu'ils jouent un rôle important ...

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