L'homme est-il un loup pour l'homme?
Photo: Le centaure Chiron éduquant Achille, déjà la classe dirigeante revendiquait son éducation bestiale. Crédits photographiques : https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Chiron?uselang=fr
Contrairement aux animaux qui obéissent à leurs instincts de façon immédiate, l'homme, être prétendument doué de raison, s'en remet à celle-ci pour les contrôler. Elle lui dicte que, moyennant une peine équivalente, il peut obtenir les mêmes biens qu'autrui et que chacun peut vivre en paix de cette manière. Mais hélas, cette même raison peut l'amener à conclure que l'usage de la force lui permettrait d'acquérir ces mêmes satisfactions à moindre peine. C'est ainsi que la raison, au cours des siècles, s'est faite la maquerelle de nos pires désirs, et qu'une partie d'entre nous, guidés par leurs instincts de prédateurs se sont déchaînés sur leurs semblables avec violence, massacrant ou réduisant en esclavage leur propres frères dont les seuls crimes étaient d'être moins bien armés ou de s'opposer à leur prétentions injustes. Je n'émettrais pas de conjectures hasardeuses sur les origines d'une telle violence, sans doute est-elle inscrite dans les recoins les plus profonds de la conscience humaine. Quoiqu'il en soit le langage populaire ne se trompe pas : le mot prédateur servait aussi autrefois à désigner le pillard, l'homme qui vit de rapines. Les grands conquérants, qui étaient en réalité de grands pillards, se sont d'ailleurs souvent comparés aux plus puissants des animaux, ceux qui n'ont aucun rival capable de les abattre ou de les voler, c'est-à-dire les prédateurs absolus. C'est qu'ils relèvent plus de la bête de proie que de l'homme supérieur, celui qui n'a nul besoin d'esclaves ou de maîtres. Ils ont même élevé au plus au niveau la glorification de leur violence bestiale et ne s'en sont jamais cachés, en témoignent les représentations sur les armoiries des aristocraties militaires : des aigles, des lions, des loups, des dragons etc., sûrement faites pour frapper leurs opposants de terreur rappelant ainsi à la conscience populaire sa place de proie dans cette hiérarchie. On peut d'ailleurs lire dans Henri VI de Shakespeare : "Écoutez-moi, compatriotes ! ou bien renouvelez le combat, ou bien arrachez les lions du manteau de l'Angleterre. Renoncez à votre patrie ; prenez pour armes un mouton à la place d'un lion : le mouton ne fuit pas avec moitié autant de timidité devant le loup, ni le cheval ou le bœuf devant le léopard, que vous ne fuyez devant vos esclaves si souvent subjugués par vous." Des royaumes entiers se sont créés pour protéger leurs esclaves des conquérants voisins ou pour conquérir les esclaves de ceux-ci. Les esclaves les mieux lotis étant ceux dont les maîtres étaient les moins rudes.
Bien entendu, dans le monde moderne, ce mode de prédation du labeur et des biens d'autrui, ne peut plus être commis qu'à grands frais et grands risques, et il est même arrivé que les proies de ce joug inique se révoltent et décapitent leurs oppresseurs. Mais ces hommes, vivant de la spoliation et de l'esclavage, cherchent encore et toujours un moyen de se faufiler dans les défenses que l'humanité éclairée à ériger pour protéger d'eux. Ils sont malins comme des diables et impitoyables de surcroît! Tel était le modèle du prince selon Machiavel. " Le prince, devant donc agir en bête, tâchera d’être tout à la fois renard et lion : car, s’il n’est que lion, il n’apercevra point les pièges ; s’il n’est que renard, il ne se défendra point contre les loups ; et il a également besoin d’être renard pour connaître les pièges, et lion pour épouvanter les loups. Ceux qui s’en tiennent tout simplement à être lions sont très-malhabiles."
C'est dans ce contexte que la caste des pillards s'est légèrement ouverte en permettant à tout un chacun d'accéder à une partie du butin, que ce soit par élection ou sélection de tribuns ou de représentants du peuple donnant ainsi aux victimes l'illusion d'avoir les mêmes droits que les maîtres. On ne capture plus les biens d'autrui de façon active (sauf dans le cas des criminels ordinaires), on se contente d'en effectuer des prélèvements (légaux ou non). Voilà la société moderne. Un mélange subtil de fraudes, de mensonges, de menaces, d'intimidations, de violences telle est la caractéristique du plus fin des prédateurs modernes, la bête de proie la plus perfectionnée que l'humanité ait eu à affronter : l'être humain lui-même, plus précisément celui qui n'obtient rien par l'échange volontaire mais tout par la force et la ruse. Ce sont de telles gens qui sont des loups pour l'homme.
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