Barcelone : l'enquête se prolonge à l'étranger
Barcelone : l'enquête se prolonge à l'étranger
INFOGRAPHIE - Après les auditions devant le juge mardi, la police retrace le parcours en Espagne et à l'étranger des auteurs des attentats sanglants de Catalogne qui préparaient un complot encore plus meurtrier avec une énorme quantité d'explosifs, d'après l'un des inculpés.
L'enquête se prolonge à l'étranger, la plupart des suspects étant marocains et alors que leurs déplacements ont été signalés en Belgique, en Suisse et en France. Le ministre espagnol de l'Intérieur Juan Ignacio Zoido doit d'ailleurs en parler mercredi à Paris avec son homologue français Gérard Collomb lequel a indiqué que l'Audi A3 utilisée pour l'attentat de Cambrils avait été «flashée» en région parisienne, moins d'une semaine avant les attaques. Le ministre Gérard Collomb a confirmé cette information sur BFM-TV mardi matin avant d'ajouter: «Nous savions (...) qu'ils étaient venus effectivement en région parisienne, et nous avons transmis ces informations à l'Espagne. Il est peut-être trop tôt dans l'enquête pour expliquer les raisons de cet «aller-retour extrêmement rapide à Paris et dans ses environs». Selon les informations de BFM-TV, deux membres de cette équipe ont effectué des achats à Paris le week-end du 12 et 13 août. De nombreuses questions restent encore sans réponse.
Lundi soir, la police avait annoncé que «les douze objectifs principaux [étaient] détenus ou morts», après que les forces de l'ordre espagnoles ont abattu Younès Abouyaaqoub. Ce Marocain de 22 ans, qui a grandi en Espagne, est tenu pour responsable de la mort de 14 des 15 victimes des attentats. Il serait le conducteur de la camionnette qui a fauché 13 personnes. «Cela ne signifie pas qu'on a fini. Nous travaillons encore», a précisé la police sur Twitter, tandis que son chef évoquait la recherche désormais des connexions des membres de la cellule en Espagne et ailleurs. En effet, la police enquête actuellement sur les possibles ramifications internationales de la cellule, dont plusieurs membres se sont déplacés à l'étranger. L'imam Abdelbaki Es Satty, mort dans l'explosion de la maison d'Alcanar, a séjourné en Belgique entre janvier et mars 2016. Au moins un des suspects, dont le nom n'a pas été révélé, s'est rendu à Zurich en décembre dernier, selon la police fédérale suisse qui a retrouvé trace de son passage dans un hôtel de la ville à la demande de son homologue espagnole.
Deux suspects écroués, un troisième laissé en liberté
Le juge d'instruction Fernando Andreu, assisté de deux procureurs, a décidé mardi en fin d'après-midi de mettre en examen les quatre hommes pour «appartenance à une organisation terroriste, assassinats terroristes, possession d'explosifs». Dans la soirée, deux suspects, Mohamed Houli Chemlal et Driss Oukabir, ont été inculpés pour «assassinats terroristes». Un troisième, Salh El Karib, propriétaire d'un café internet à Ripoll, a été placé en liberté sous contrôle judiciaire, les charges contre lui étant minces. Le juge a prolongé de trois jours, pour complément d'enquête, la garde à vue du quatrième, Sahl El Karib qui tenait un taxiphone (boutique d'appels téléphoniques) à Ripoll, petite ville au pied des Pyrénées où vivaient la plupart des suspects.
En milieu d'après-midi, Mohamed Houli Chemla a admis devant le magistrat que la cellule préparait un attentat de plus grande envergure. L'homme âgé de 21 ans et né à Melilla, avait été blessé dans l'explosion de la maison d'Alcanar, où la cellule tentait de fabriquer des explosifs. Il est le seul en vie dont on sait avec certitude qu'il avait séjourné dans cette villa et qui puisse raconter ce que les suspects y faisaient. Sous les décombres, les policiers avaient découvert 120 bombonnes de gaz et des traces de substances habituellement utilisées pour fabriquer du TATP, un explosif prisé par le groupe État islamique (EI) qui a revendiqué les attentats. Selon la police, la perte de ce laboratoire de fortune a pu pousser les suspects à recourir à des moyens plus rudimentaires.
Par ailleurs, deux des quatre suspects ont confirmé que l'imam de Ripoll, Abdelbaki Es Satty - mort dans la gigantesque déflagration qui s'était produite la veille des attentats dans une maison à Alcanar, à 200 km au sud-ouest de Barcelone - était le cerveau des attaques. D'après Mohamed Houli Chemlal, l'imam voulait commettre un attentat suicide. «Il voulait s'immoler», a-t-il déclaré, selon une source judiciaire. La police n'a pas encore formellement identifié le deuxième corps qui serait celui de Youssef Aalla, un des frères de Mohammed Aalla, qui se trouvait dans la maison.
Mesure de sécurité
A Barcelone, des représentants du gouvernement catalan, de l'Etat et de la mairie se sont réunis mercredi dans la matinée pour voir s'ils devaient prendre des mesures de sécurité additionnelles. Le maire de Barcelone, Ada Colau, a été critiquée pour ne pas avoir protégé les Ramblas par des bornes anti-intrusion. Elle a répondu que de telles bornes empêcheraient aussi la circulation des ambulanciers et des pompiers.
Au dernier bilan, 46 blessés dans les attentats étaient encore hospitalisés, dont sept dans un état critique.