Arrivée au continent

in #litterature7 years ago

Le soleil pointait à l’horizon, ses rayons se reflétaient sur l’eau, lui donnant un aspect vermillon. Le vent cinglant, portant avec lui les embruns de la mer, fouettait tout ce qui passait à sa portée. Sur les planches, marquées par l’eau et le sel du port, les gardes s’affairaient à contrôler les cargaisons se déchargeant des navires grinçant sous la houle. Deux d’entre eux étaient postés à la sortie des quais et vérifiaient les laissez-passer d’immigrants de toutes nationalités. Parmi eux, une ombre de stature imposante était vêtue d’une armure de gladiateur et d’une capuche de fourrure cachant son visage au dédain des premières lueurs du jour ; ses muscles saillant étaient bardés d’impressionnantes cicatrices, preuves d’innombrables batailles passées. Elle avança vers les gardes d’un pas assuré en faisant mine de les ignorer. « Votre laissez-passer ? » demanda sèchement le premier garde. Des yeux se levèrent vers lui, le défigurant d’un regard embrasé par la haine. Le garde fit un bond en arrière, dégainant son épée, il vît cette carrure imposante saisir son compagnon par la gorge. Un craquement sourd se fit entendre. Son compère s’effondra sur le sol, inerte. Il chargea, bien décider à venger son camarade défunt. Il lui taillada le torse d’un grand revers de l’épée. Mais l’étranger ne réagit pas, il paraissait insensible à la douleur. Celui-ci l’envoya au sol d’un coup de pied à la poitrine. Apeuré, le garde ne pouvait reprendre son souffle. Le gladiateur avait pris des airs de bête sauvage sous l’ombre de sa capuche. Il s’approcha et plaça son pied sur le visage de sa proie gigotant sur le sol. La dernière chose que sentit ce garde fût la semelle de la b^te s’enfonçant dans son crâne en un atroce bruit d’os brisés, sa vie le quittant dans un flot de sang bouillonnant.

Un marin, ayant aperçu toute la scène, donna l’alerte. Une vingtaine de gardes accourut vers la sortie des quais pour arrêter le meurtrier qui, déjà, fonçait vers eux dans un monstrueux cri de rage. Un premier garde fut accueilli avec un coup de pied dans le genou qui plia dans le sens opposé en un craquement ignoble. Son épée tomba et fut ramassée à la volée par le gladiateur. Deux gardes se ruèrent sur lui, le premier sentit son visage s’écraser sous le poing gauche du meurtrier. Le deuxième arrêta sa course, la lame de l’épée enfoncée dans la gorge. Cinq défenseurs du port assaillirent à leur tour le bourreau de leurs compagnons, l’un d’eux lui dessina une estafilade sur le bras, un autre plongea sa lame dans sa cuisse , puis se fit fendre le crâne par son adversaire. Les quatre gardes restants, rejoints par les autres, ne cessèrent de multiplier les blessures de l’inconnu, qui finalement, s’effondra lourdement sur le sol. Les gardes traînèrent l’homme à présent inconscient jusqu’à une charrette et l’emmenèrent en ville pour l’enfermer dans une des cellules de la garde.

L’homme s’éveilla sur la paille moisie d’une geôle d’où se dégageait une odeur putride, il y faisait sombre, seule la lumière vacillante de torches lointaines était perceptible. Les murs suintaient d’un liquide rougeâtre semblable à du sang. Les épais barreaux de la cellule étaient marqués par la rouille et le temps, qui n’avait pas non plus épargné les anciens locataires des cachots. Un squelette se trouvait là, enchaîné par ce qui restait de son pied droit. L’homme ne mit pas longtemps à réaliser que c’était aussi son cas, une chaîne partant du mur se terminait par un fermoir d’acier serré autour de sa cheville. Ses plaies s’étaient refermées et la capuche qui naguère masquait ses traits, semblait maintenant n’être qu’un chiffon imbibé de l’humidité ambiante et laissait entrevoir un visage marqué par les affres de la guerre dégageant à la fois tristesse et peine mais aussi une fureur insondable. Ses yeux fixant ses entraves, ne dégageant à présent que le regard vide d’une bête en cage, étaient embrumés par la chaleur de la fièvre. Un garde approcha de la cellule avec une torche, la lumière dégagée par celle-ci brûlait les yeux du prisonnier. « Tu veux de l’eau ? » demanda le garde d’un ton qui semblait amical. « Oh… Oui... » balbutia difficilement le captif. « Tiens ! » répondit le garde d’un ton railleur en renversant l’eau d’une carafe sur les pavés crasseux de la cellule. La bête fut prise d’un accès de rage, elle se leva  d’un bon et se rua sur son geôlier. Mais ses fers la retinrent et elle s’effondra aux pieds du garde qui maintenant riait à gorge déployée. Celui-ci décocha un coup de pied au menton de sa victime, qui sombra de nouveaux dans les profondeurs infinies d’un sommeil fiévreux.
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