Ce que permet l'accès à l'eau dans le monde, explications avec l'ONG Life

in #life2 months ago

L’eau est l’élément fondamental qui permet à une société de se développer. Life et ses partenaires locaux accompagnent les populations pour subvenir à ce besoin, par ailleurs facteur d’un développement qui permet tant l’accès à l’école que la résilience alimentaire.

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Une base de la vie et de la santé

Le scientifique Hubert Reeves avait déclaré qu’« à l’échelle cosmique, l’eau liquide est plus rare que l’or. Pour la vie, elle est infiniment plus précieuse ». L’eau, mais aussi sa qualité. Dans les sociétés industrialisées se pose la question des nitrates dans les eaux souterraines, de la saumure industrielle ou encore des contaminations au chlordécone. Dans les pays d’Afrique et d’Asie où Life intervient, se présente de manière bien plus primaire le souci de l’accès à une eau salubre. Tous les jours en effet, plus de 260 millions de personnes à travers le monde – dont des enfants – doivent ainsi parcourir jusqu’à 20 kilomètres pour atteindre un point d’eau potable. Avec son programme Oasis, Life a déployé plus de 2 000 projets en dix ans et dans dix pays pour répondre à cette situation, en construisant des puits et des fontaines, des châteaux d’eau et des sanitaires, et en apportant en urgence de l’eau dans les situations de sécheresse. Mais les chiffres présentés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en mars 2023 restent inquiétants. Selon l’Agence, deux milliards de personnes dans le monde ne disposent pas d’accès à l’eau propre et 3,6 milliards s’appuient sur des services d’assainissement qui ne traitent pas les déchets humains. L’eau insalubre, à l’origine de maladies parmi lesquelles le choléra, l’hépatite A et la fièvre typhoïde, entraîne la mort quotidienne de plus de 1 000 enfants de moins de cinq ans, dont près de 500 pour la seule Afrique subsaharienne.

Fondée en 2009 et dotée d’une quarantaine de collaborateurs de 15 nationalités, LIFE intervient dans ce contexte depuis sa création, avec des activités réparties dans plus de vingt-cinq pays. Sur le terrain, elle dispose d’un réseau d’une cinquantaine de partenaires opérationnels, locaux ou internationaux, et experts de terrain tels que des ONG et des associations. Son nombre de projets WASH (pour Water, Sanitation and Hygiene) croît quant à lui de manière conséquente : 976 en 2022 contre 616 en 2021. Principalement en Afrique subsaharienne et en Asie, l’ONG se concentre en priorité sur l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène au travers de la construction et de forages de puits, et fournit de ce fait un accès à l’eau salubre pour des villages entiers. La méthode opérationnelle de Life, qui débute la plupart du temps par une mission exploratoire, permet de cibler les besoins de manière précise par le recours systématique à des acteurs et à des collectifs locaux. Après un diagnostic notamment sur les besoins et sur l’état de la nappe phréatique, suivi d’une mise en chantier, Life accompagne l’autonomisation au travers d’un comité de gestion de l’eau – composé de villageois – formé « pour assurer la pérennité du puits, le bon usage et l’équité dans la distribution de l’eau ». Le procédé est ensuite consolidé par des évaluations menées par des coordinateurs locaux, aptes à servir de relais actifs sur le long terme. Base de la vie, cet accès à l’eau salubre, qui plus est de proximité, permet d’améliorer considérablement le niveau de vie et donc de répondre à d’autres besoins fondamentaux, tels que l’accès à l’école.

Un tremplin vers la scolarisation

Les bénéfices d’une eau propre à disposition dépassent les effets sanitaires directs. Ce progrès permet de se désaliéner de la tâche chronophage de sa récupération. Fin janvier 2024, l’Observatoire des inégalités soulignait ainsi que près de 300 millions de personnes doivent effectuer un trajet aller-retour de peu ou prou une demi-heure pour accéder à un point d’eau potable. L’UNICEF estime de son côté à 200 millions d’heures le temps que les femmes et les filles, dévolues à cette tâche, perdent au quotidien. Dans certains pays, précise l’Agence, ce temps excède une heure « rien que pour se rendre à un point d’eau ». Proximité et sécurité sanitaire renforcent par conséquent l’autonomisation – notamment féminine – et donne la possibilité d’accéder plus aisément à l’école. Car comme le souligne Fanny Fernandes, directrice exécutive de Life, « il ne sert à rien de construire une école si les enfants sont obligés de passer leurs journées à s’acquitter des corvées d’eau ». Or malgré une amélioration globale de l’accès à l’eau potable, l’UNICEF a rapporté en septembre 2023 que le nombre d’enfants non scolarisés a crû de 6 millions depuis 2021, pour s’établir désormais à 250 millions à travers le monde. Par conséquent, Life se mobilise également afin de faciliter la scolarisation des enfants dans ses zones d’intervention, en liaison avec les autorités locales et avec ses partenaires sur le terrain.

Au-delà de ses apports intrinsèques, la scolarisation est abordée comme une promesse de progrès au bénéfice des familles et de leur village. Président de Life, Tarek El Kahodi voit les enfants (ainsi que les femmes) comme « des vecteurs fondamentaux de développement […] pour l’avenir de ces communautés ». Au Bangladesh, en 2022, l’ONG a fourni 211 vélos neufs à 211 collégiennes de familles pauvres pour qu’elles puissent se rendre à l’école en sécurité plutôt qu’à pied, sur un trajet de plusieurs kilomètres. La même année, au Mali, Bénin, Togo et Sénégal, Life a distribué un total de près de 4 000 kits scolaires avec les fournitures requises pour l’apprentissage des enfants. En Éthiopie, Life a implémenté « un projet de financement d’un pensionnat pour 30 jeunes filles défavorisées âgées de 4 à 14 ans ». Life inscrit ces actions dans une démarche holistique. Fanny Fernandes expliquait à ce titre que les projets actuels de l’ONG combinent plusieurs domaines d’intervention, ce que restitue le rapport d’activité de Life quant à sa contribution aux Objectifs de développement durable. L’apport et l’assainissement d’eau y sont très présents, tandis que l’élimination de l’extrême pauvreté, la réduction des inégalités et la garantie d’une vie saine se retrouvent dans quasiment tous ses pays d’intervention. C’est également le cas de la sécurité alimentaire, autre cheval de bataille de Life.

Un outil de résilience alimentaire

Sans besoin de détour, l’actualité européenne nous rappelle que la pauvreté touche de nombreux enfants, dont la rentrée 2023 s’est pour certains effectuée « le ventre vide ». Dans les zones d’intervention de Life, l’accès à l’eau potable permet d’éviter de telles situations. Tarek El Kahodi note que l’accès à l’eau permet de mettre sur pied des cantines scolaires locales. De ce fait, les parents qui envoient leurs enfants à l’école savent qu’ils y seront concomitamment instruits et nourris, ce qui accroît le taux de présence et réduit l’échec scolaire. Cette approche de l’ONG, qui la qualifie de « projets intégrés », consiste à agir conjointement dans plusieurs domaines : protection de l’environnement, accès à l’eau, éducation et aide alimentaire assurée par les équipes locales de Life et leurs partenaires. En 2022, Life a déployé ce dispositif au sein de quatre écoles primaires publiques de trois villages togolais et d’un village béninois. Au niveau alimentaire, une cantine scolaire a été construite-rénovée avec un espace de stockage et provisionnée, et des repas ont été distribués. Rapportant les résultats au sein d’une des trois écoles togolaises, Life précisait que « le taux de réussite à l'examen d'entrée en 6ème a augmenté de manière significative, passant de 38% à 100%, grâce à cette approche intégrée ».

Jusqu’ici, il s’agit toutefois d’une aide alimentaire d’appoint. Mais si l’eau permet de développer une infrastructure cantinière, Fanny Fernandes rappelle que l’objectif final de Life est de quitter ses pays d’intervention grâce à l’autonomisation des populations locales. La mise à disposition d’eau propre s’articule par conséquent autour d’un second axe : la résilience alimentaire, à l’école comme au sein des villages. Au Sénégal par exemple, l’accès à l’eau potable fourni par Life s’est enchaîné avec l’introduction d’un jardin potager tant pour développer des activités agricoles que pour « offrir aux élèves une alimentation saine, diversifiée et équilibrée », avec en sus une formation des élèves au maraîchage biologique. En parallèle, dans le village de l’école ainsi que dans d’autres, Life a planté des arbres fruitiers ainsi que des jardins potagers. L’ONG met en outre en lumière que l’activité maraîchère est motrice dans la réduction des inégalités de genre en raison de son caractère éminemment mixte. Si l’eau est un élément vital fondamental, l’approche globale qu’en propose Life montre donc avec succès qu’elle constitue un outil-clé dans la santé et la sortie de la pauvreté des populations. Celles-ci subissent de plein fouet les effets du changement climatique et du manque de structures leur permettant de se développer et de sécuriser leur avenir collectif. L’accès à l’eau constitue alors l’une des solutions majeures de sortie de la simple survie, pour passer à la vie.

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