Sculpture de Paul Landowski " Alger "steemCreated with Sketch.

in #history7 years ago

Son histoire est dans cet article qui mérite d'être lu et partagé.

L’ironie de l’histoire peut-elle se satisfaire de la grâce du retour purifié à des souvenirs qui momifient les regrets ? Force nous est de le constater, car à Rio de Janeiro les algériens iront admirer la fameuse sculpture de Paul Landowski, il est impossible de voir Rio sans avoir vu le Christ Rédempteur situé sur le Corcovado et surplombant toute la ville. Dire qu’Alger s’enorgueillissait d’une magnifique œuvre du même sculpteur de génie.

Prenons exemple sur la pierre taillée dans Alger, celle qui fait son charme. Elle est le témoin muet devant laquelle l’algérien aujourd’hui passe dédaigneux, ignorant le supplice de ses ancêtres.

S'il faut se fixer un point de départ pour de longues promenades dans Alger, il faut choisir le pont Tafourah, au bas de la grand poste. Devant, le pont propose de belles échappées, à gauche comme droite, dans les rues maitresses de la ville. 

Derrière, il s’infléchit sur la route en direction de l’aéroport, pour discerner la ville derrière sa légende, ses tourments et ses espoirs. 

Cet endroit magique qui émerveille de ses envoûtements à foison, semble souffrir en silence d’une amputation. Avant, il s’enorgueillissait du gigantesque Monument-aux-Morts du sculpteur Paul Landowski. 

Une construction épique sur une volée de marches d'escalier montrant un Gisant porté triomphalement par trois cavaliers, montés sur des chevaux caparaçonnés, dont l’un représentait une victoire ailée.

Un joyau architectural que l’on avait noyé sous une chape de béton, sur laquelle on avait sculpté le relief simplet de deux mains se dégageant de leur chaîne.

 Le Pavois, englouti après avoir jouit d'un emplacement spectaculaire dominant aussi la baie, avait fait couler le chagrin dans le parc qu’il exaltait. 

L’énorme horloge florale en contrebas avait connu le dédain.

 Elle avait fini par perdre ses aiguilles. 

Le monument s’élevait à la mémoire des morts de la guerre 14-18 et parmi eux beaucoup d’algériens dont les noms étaient inscrits au bas de la façade.

Bien avant la disparition du monument, ces noms avaient été effacés, ils portaient la honte d’avoir été enrôlés de force dans la guerre des tranchées! Comme s’il s’agissait de Myrmidons transformés en hommes par la France et à qui il fallait contester le sujet de fierté. 

Une œuvre de Paul Landowski aurait, non seulement enrichi la beauté de la ville, mais rajouté du poignant à son cri et laissé sa mémoire indemne. 

"Ils" ne portaient pas Alger dans leur cœur, le monument rappelait l’occupation française qu’"ils" disaient. ? Le nationalisme où bout le syndrome de l’ennemi et qui rejette les indulgences a un autre nom :

le fascisme.

C’est dur de trouver des répliques les plus sérieuses aux vertus comiques de la bêtise.

Jusqu’à présent, dans la bouche de tous les algérois, tous les marchés d’Alger portent encore les noms des généraux français des plus orgueilleux, Nelson, Meissonnier, Rondon, Clausel. Et puis, quelle était l’édifice, jugé historique et estimé partie du patrimoine national, qui n’avait pas été cimenté du sang algérien à la gloire de l’envahisseur ? Ils trouvaient du gout à sauvegarder les vestiges de l’occupation romaine, heureusement, pourtant, ces ruines, tant qu’elles existent, parleront de l’esclave berbère, humble Secutor, qui périt dans l’arène sous le filet du rétiaire d’un mouvement du pouce retourné. 

Le berbère n’était pas mieux loti après l’invasion des arabes.

 Les Kalàa érigées par leurs pairs témoignent de la razzia des Beni Hillal et de leur sauvagerie.

 Des honneurs ont été consacrés aux seigneurs de la guerre venus d’Arabie au détriment des braves berbères qui les avaient combattus pour protéger leur patrie. 

Alger impose des interrogations. 

L’école nous avait enseigné qu’il eut en nos terres de bons et de méchants conquérants et ainsi, Alger cligne à quelques endroits des symboles de l’occupation turque.

 Pourquoi sont-ils si magnifiquement restaurés.

Des références à la présence turque sont toujours soutenues et jalousement protégées.

 La demeure de la princesse turque Aziza Bent El Bey, une bâtisse insignifiante, et par sa construction et par son esprit, repose tranquillement dans la place des martyres dissimulant fâcheusement la magnifique architecture de la mosquée Ketchaoua.

 De beaux quartiers ont été légués aux Ali Khodja, Baba Hassan, Mustapha Bacha et Baba Arroudj, des corsaires et janissaires, qui, durant des lustres, poursuivaient l’asservissement du peuple berbère et occasionnellement, des activités de piraterie en Méditerranée. 

Ou encore Hussein Dey, un non algérien qui, chasse-mouches aidant, avait fourni à Charles X le prétexte d’envahir Alger. 

Les architectures emblématiques de la colonisation turque re-dynamisent toujours la pratique des distinctions, ses rejetons, les koulouglis, en avaient éprouvé le besoin un moment. 

S’ils avaient pu écrire sur leur fez qu’ils étaient d’essence supérieure, ils l’auraient fait.


Djaffar Ben.

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