La Saga PLOUF [Episode 16] : Plouf 4ème sur 11!

En janvier 2016, on me donne un bateau, un tout petit voilier. Un rêve de gamin. Il s'appelle Plouf. Et justement le canote est dans un état pas possible et je n'y connais pas grand chose à part voiler. Je vous raconte le parcours que j'ai mené avec ce petit bateau, devenu mon quatrième bébé! Après maintes rénovations et sorties en mer, nous régatons sur Plouf!

Le déjeuner fait du bien. Tous sur le ponton, c’est à la bonne franquette. Ca picole pas mal. Chez les marins, c’est un peu l’usage. Un peu étant un euphémisme. Ca fait deux mois que je n’ai pas bu une goutte d’alcool pour ma part et je sais que ça va jouer. Comme pour la voiture, boire en navigation diminue tes réflexes et ta résistance. Surtout après un premier effort. Pendant le déjeuner, Tristan se repose. La navigation du matin l’a un peu fatigué.

Les conditions dans l’après-midi sont annoncées encore plus fortes. Même pas peur. Avec Tristan, on repositionne les bouées sur son GPS. On partira en vent arrière et on finira au prés. Stratégie s’éloigner du bord pour avoir le maximum de vent. On ira le plus au large possible, mais la première partie, c’est du vent arrière!

Le vent arrière n’est pas une allure bien violente sur un voilier mais très technique et surtout dangereuse car la grande voile peut passer en un quart de seconde d’un côté à l’autre et te décapiter au passage. Surtout que la baume est très basse sur Plouf. A la hauteur de nos têtes justement. Il va falloir être d’autant plus concentré qu’on mettra le foc à contre. Là aussi, ça se joue au millimètre à la barre. Alors dix minutes, c’est drôle mais une heure trente avec autant d’attention, c’est tout simplement épuisant, surtout qu’en effet, ça souffle beaucoup plus fort.

La première bouée passée, le retour se fait face au vent, et il faut tirer des bords (un coup à droite un coup à gauche). Le vent est fort mais à cette allure, nous ne risquons rien. On prend le plus au large possible et on donne tout ce qu’on a. Finie la pêche. Tristan barre au millimètre, j’ajuste les voiles au millimètre également, surveillant la surface de l’eau pour anticiper chaque risée. On surveille le GPS qui nous indique notre vitesse. Les 6 noeuds sont largement dépassés ce qui pour Plouf constitue un exploit.

La course touche à sa fin. Nous sommes rincés mais joyeux sur Plouf! Nous ignorons notre classement car nous sommes les seuls à avoir pris au large. Les autres sont restés plus sur la côte pour diminuer le vent. La logique voudrait qu’on ait avancé plus vite qu’eux… Bref, nous franchissons la ligne d’arrivée heureux! Heureux mais morts…

On affale, moteur en route, il est temps de ramener Plouf à son Ponton. Il est déjà 18h00. Tristan me dit: Papa, c’était une super journée avec toi… Je te le dis: des fois, il faut se retenir pour ne pas pleurer d’épuisement et de joie. Surtout que perso, j’ai la larme facile! C’est vrai que nous avons passé un moment incroyable tous les deux. Aucune engueulade, bien au contraire une vraie complicité dans des conditions un peu rudes. J’ai fait un clin d’oeil à Plouf…

Le bateau rangé à son ponton, nous nous dirigeons vers la Capitainerie pour connaître notre résultat : Plouf 4ème au général… Bah mon con!!!! Mais souvenez-vous : je vous l’avait dit, voiler, je sais faire. Et c’est assez marrant car on peut apprendre la technique mais sentir le vent, apprécier le couple bateau/vent, ajuster ses voiles au millimètres, c’est binaire : tu le sens ou pas. Moi j’ai ça dans le sang! Et Tristan aussi.

Et puis Plouf avait envie d’en découdre… 4ème sur 11! Ce n’est pas une mascotte pour rien!