La Tour de mille pied #1 La construction

(Source: Construction of the Eiffel tower, wikimedia commons)

GUSTAVE EIFFEL

Alexandre Gustave Bonickhausen-Eiffel né à Dijon en 1832 est un illustre ingénieur et chef d’entreprise. Il retirera Bonickhausen car selon lui sa consonance allemande faisant préjudice à ses affaires d’autant plus après la défaite Française face à la Prusse en 1871. En 1958, alors âgé 26 ans, il assure et dirige le chantier de la passerelle Saint-Jean à Bordeaux. Le jeune Gustave va s’illustrer par l’utilisation d’une nouvelle technique de fondation qui consiste à utiliser un caisson à air pour creuser les fondations en milieu humide. La réussite du projet vaudra à Eiffel une première reconnaissance dans le milieu et en 1866 il décidera de fonder sa propre entreprise et fera l’acquisition des Ateliers Pauwels de constructions métalliques à Levallois-Perret. Fort de sa réputation il se verra confier des travaux dans l’Europe entière (Espagne, Portugal, Viêt Nam, Hongrie, Pérou, Bolivie) mais aussi en France (observatoire de Nice, Gare de Verdun, viaduc de Garabit alors plus grand viaduc du monde). En plus d’être un grand ingénieur il se révélera être un redoutable homme d’affaires en relation étroite avec le pouvoir et particulièrement le ministre du commerce de l’époque Édouard Lockroy. Gustave Eiffel est aujourd’hui célèbre pour sa participation à la réalisation de la statue de la liberté et pour une petite tour plantée sur le champ de mars et qui porte son nom.

(Gustave Eiffel Source: Wikipédia)

LE MYTHE DES 1000 PIEDS

En 1884 le nouveau gouvernement obtient l’organisation de la prochaine exposition universelle qui se tiendra en 1889, une bonne manière de fêter le centenaire de la révolution et redorer le blason français après la perte de l’Alsace et la Lorraine. Pour cet événement les organisateurs souhaitent marquer le coup, tout autant que le célèbre Crystal Palace qui avait été construit à l’occasion de la première exposition à Londres en 1851. À l’époque les plus grands architectes du monde entier rêvent d’une structure de 1000 pieds (304,8 mètres) alors que l’obélisque de Washington qui deviendra le plus grand monument du monde en 1885 ne s’élève lui qu’à 169 mètres. De plus ça construction fut très difficile, sa structure en granite posant de nombreux problèmes car il avait tendance à s’enfoncer dans le sol et à pencher dangereusement. Le premier qui parviendra à réaliser un tel exploit entrera dans l’histoire.

LES PREMIERS PLANS

Suite à l’attribution de l’exposition universelle de 1889, Maurice Koechlin et Émile Nouguier deux des plus éminents ingénieurs de la société de Gustave Eiffel, imaginent ensemble une Tour en métal pour l’occasion et déposent plusieurs brevets dès 1884. Ils soumirent alors leur premier dessin à Eiffel qui était loin d’être conquis, il laissa cependant les deux ingénieurs poursuivre leur affaire. Ils firent alors appel à Stéphane Sauvestre, architecte de la société, pour rendre la tour plus esthétique. Ces nouveaux dessins finirent par convaincre l’homme d’affaires de 53 ans qui va y ajouter ses propres modifications et décide de racheter tous les brevets de ses employés en plus d’une prime de 10 000 francs or chacun et d’une participation aux bénéfices. Gustave Eiffel va alors porter le projet et user de son influence pour parvenir à ses fins. Édouard Lockroy, ministre du commerce, fervent supporter du projet ouvre un « concours d’idée » en vue de l’exposition universelle et fixe des conditions exigeantes étrangement (ou presque) parfaitement compatible avec les plans de Eiffel. Le projet est tout de même en concurrence avec un poids lourd de l’architecture à l’origine du Palais du Trocadéro, Jules Bourdais, qui présente également une tour de 300 mètres mais en granite. Gustave Eiffel arrivera à convaincre par la faisabilité de son projet, l’obélisque de Washington ayant montré les limites de la pierre pour des constructions de grandes envergures.

Premiers Plans de la Tour Eiffel (Wikimédia Commons)

Plan final de Gustave Eiffel (Wikimédia Commons)

LES FONDATIONS

Le projet se heurte très vite à un terrain fragile, le champ de mars alors terrain militaire est peu compatible avec un tel projet d’autant que deux des quatre piliers doivent reposer sur un terrain boueux qui était un ancien bras de la Seine. Gustave Eiffel va alors user d’une technique qu’il a déjà expérimentée en 1858 pour la passerelle Saint-Jean, les caissons à air comprimé. Cette méthode consistait à creuser le terrain, laisser s’enfoncer un caisson pressurisé pour que l’eau ne s’y infiltre pas, retirer la terre et le remplir de béton. Ensuite on peut construire des piles classiques par-dessus. Les conditions de travail y étaient très rudes : chaleur, manque d’espace et de lumière. À cela s’ajoute les risques de noyades en cas de panne, des dangers qui leurs ont valu le surnom de « cercueils de fer » dans la presse.

Procédé Triger dit caissons pressurisés (Wikipédia)

LA MENACE DES POLÉMIQUES ET DES GRÈVES

Les caissons pressurisés choquent beaucoup à Paris, les détracteurs demandent l’arrêt complet du projet. Édouard Lokroy va donc intervenir en descendant en personne dans les caissons pour montrer que ceux-ci sont sûres, son action constituera le premier sauvetage du projet. En effet, à l’époque la Tour Eiffel est loin de faire l’unanimité, les plus grands artistes et intellectuels se mobilisent contre le projet à travers une lettre ouverte. Garnier, Zola et Maupassant entre autres accuseront la Tour « inutile et monstrueuse » de déshonorer Paris en « humiliant » les autres monuments de la ville par sa hauteur. Le projet tient malgré tout, toujours grâce à l’éloquence et l’aura de Gustave Eiffel qui mise sur sa renommée et ses relations avec le gouvernement. À l’opinion public s’ajoutera la colère des ouvriers, 200 charpentiers de Paris habitués au travail en hauteur, qui protestent contre leurs conditions de travail : du lever du soleil au coucher, en été comme en hiver, le tout avec des vents violents et des risques de chutes. Le maître d’œuvre cédera aux revendications salariales pour respecter les délais.

LES PROUESSES TECHNIQUES

La Tour Eiffel est constituée de plus de 18 000 pièces de fer fixées à l’aide de 2,5 millions de rivets ! Malgré ses 10 100 tonnes elle exerce autant de pression sur le sol qu’un homme assis sur une chaise. Par sa composition en Fer, alors préféré à l’acier pourtant très prisé à l’époque mais dont le son ne plaisait pas à Gustave Eiffel qui avait peur que sa tour ne devienne un diapason géant, elle est très résistante aux fortes chaleurs et au vent, d’après l’ingénieur elle pourrait supporter une oscillation allant jusqu’à 70 centimètres (son inclinaison record, enregistrée en 1976, étant de 18 centimètres). Ce qui impressionna tous les visiteurs, ce sont les 4 ascenseurs hydrauliques, une vraie prouesse pour l’époque puisque jamais auparavant les contraintes de telles hauteurs et de telles charges n’avaient été abordées. Aujourd’hui encore deux ascenseurs historiques sont toujours en fonctionnement ce qui atteste du génie visionnaire de Gustave Eiffel.

CONCLUSION

Si Gustave Eiffel n’a pas imaginé la Tour, il est peu probable qu’elle ait tenu aujourd’hui sur ses quatre piliers sans son génie technique, son influence politique et sa force de conviction qui permettra au projet de résister aux polémiques et aux grèves. La Tour Eiffel fut un succès retentissant dès l’ouverture de l’exposition en accueillant plus de 2 millions de visiteurs. Fort de ce succès et pour avoir respecté les délais. Gustave Eiffel recevra la légion d’honneur ainsi qu’une reconnaissance éternelle.

SOURCE
Histoire de la Tour Eiffel
Tour Eiffel wikipédia
Concurrent de la Tour Eiffel
Gustave Eiffel
Les ascenceurs)
Procédé Triger
Documentaire vidéo

Merci de m'avoir lu j'espère que ce premier épisode vous aura plus ! (Toutes les images utilisées sont libres de droit)

Caricature de Gustave Eiffel (Wikipédia)