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RE: La France s'en va en guerre !

in #fr6 years ago

Bonjour, et merci pour cet article. Je suis comme vous tous, perplexe, mais je vais tâcher d'aborder la discussion sous un autre prisme que celui-ci défendu jusque là dans l'article et les commentaires, à savoir la dénonciation d'une "ingérence", et la défense d'un "isolationnisme", ne pas s'en mêler, et fermer les yeux.

Plusieurs points :
http://www.liberation.fr/planete/2014/03/26/syrie-sarin-une-preuve-dure-comme-pierre_990484
http://www.liberation.fr/planete/2017/02/13/syrie-des-attaques-chimiques-sur-alep-selon-une-ong_1548211
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/06/04/le-regime-syrien-poursuit-ses-attaques-chimiques-au-chlore_4431763_3218.html
https://www.ladepeche.fr/article/2015/11/05/2211453-syrie-du-gaz-moutarde-a-ete-utilise-lors-de-combats.html

Si j'en crois ces articles, il y a eu usage de ce qu'on appelle des armes chimiques. On pourra me parler de manipulation médiatique, certes, et je suis conscient que ça existe. J'ai cependant la chance d'avoir un ami qui est parti avec Médecins du Monde, et qui m'a raconté ce qu'il a vu. Je le crois fidèlement.

Le hic, pour revenir au droit international, et c'est très bien soulevé dans ton article, c'est que le droit n'est pas respecté non plus de notre côté. D'après le droit international, une intervention en pays étranger est possible :

  • à la demande du gouvernement de ce pays (ce qui n'est pas le cas),
  • en cas de mandat explicite de l'ONU (ce qui ne sera jamais possible en raison des veto répétés de la Russie, qui défend son allié syrien),
  • et en cas d'usage d'arme chimique, allégué par une enquête de l'ONU, dépendant là aussi du conseil de sécurité de l'ONU, et donc du veto russe.

Nous n'avions donc pas le droit de bombarder.

Que nous reste-t-il donc? Les témoignages de populations sur place, d'ONG humanitaires, de médecins du monde... Qui ont les preuves, et la neutralité suffisante pour qu'on puisse les prendre au sérieux... Mais qui d'après le droit ne peuvent suffire, puisque non validables par l'ONU en l'absence du déclenchement d'une enquête validée par le Conseil de sécurité. Impasse complète, limites de notre système international et de l'ONU qui est complètement paralysée dès que les intérêts, de près ou de loin, d'un des membres du conseil de Sécurité sont potentiellement menacés.

Il nous reste donc notre moral, et notre humanité. Il nous reste les images de populations gazées. Les images de corps, d'enfants morts. Il nous reste notre conscience, à l'idée qu'on laisse faire, comme face aux situations où on a laissé faire. Le génocide Rwandais. Les rohingyas. Et plein d'autres. L'histoire est pleine de ces situations.

On parle de terroristes, mais les gens gazés sont des civils, des innocents, beaucoup de femmes et d'enfants. La présence de terroristes est un prétexte pour permettre de faire taire l'opposition d'une partie de la population face au pouvoir en place. Que diriez-vous si on gazait demain Notre-Dame-Des-Landes, en prétextant qu'il y a dans le lot, caché quelque part dans un cabanon, un djihadiste? Voilà à quoi ça me fait penser...
Doit-on continuer à fermer les yeux plus longtemps?

Je ne suis pas non plus partisan de l'ingérence, mais je pense que dans cette situation, il faut arrêter de se voiler la face. On parle d'un sacrifice de la paix? D'une rupture du dialogue? D'un empressement?
Je vous rappelle, et tu le rappelles également :

Alors que les Etats-Unis, le Royaume-Unis et la France se préparaient à frapper le régime Syrien suite aux attaques chimiques de la Ghouta Orientale du 21 Aout 2013, Barack Obama changea finalement d’avis. François Hollande en fit de même et aucune action militaire ne fut lancée privilégiant ainsi la voix diplomatique.

Où en est-on aujourd'hui? Qu'a donné la voix diplomatique? 5 ans de massacre supplémentaires. Je suis pour la discussion, comme vous tous, mais manifestement, c'est un échec retentissant.

Je pense qu'on ne peut pas continuer à se cacher les yeux et les oreilles, et à laisser des gens mourir, gazés, comme aux plus sombres heures de notre Histoire. Et si ça doit passer par la destruction de deux usines et d'un entrepôt, ainsi soit-il.

Voilà mon opinion, qui amènera, je l'espère, du contradictoire et une discussion intéressante. J'entends vos arguments, peut-être que je me plante complètement sur certains points, et je pense qu'il y a du bon dans ce que chacun dit.

Sort:  

Bonjour, et merci a toi pour ce commentaire fort intéréssant.

Le prisme de lecture d'un fait ou d'un méfait à son importance car il oriente la discussion dans un sens ou dans l'autre.

D'abord je voulais te dire que j'envie ton esprit synthétique et ta clarté. J'ai encore du travail à faire sur ce point.

Mais revenons en ont nos moutons.

Tout d'abord le droit international doit être respecté par toutes les parties prenantes. À partir de la je considère personnellement que les frappes menées Samedi aussi chirurgical qu'elles puissent être étaient en dehors de tout cadre légal. Considérer que c'est une entorse aux lois pour la bonne cause laisse place à la dérive. Car qu'elle est la limite de la bonne cause.

Je ne nie pas que des armes chimiques est été utilisé durant le conflit Syrien. Je ne nie pas que la population civile a été touchée par ce type d'arme. Au contraire, de nombreuses preuves viennent corroborer ces dires. Y compris les dires de ton ami.

En revanche il est plus compliqué de prouver que ce soit le gouvernement Syrien qui est utilisé ces armes. Pourquoi ce ne serait pas les groupes rebelles ? Le professeur Theodor Postol du MIT a trouvé une coquille dans le rapport présenté par les services de renseignements américains sur les attaques de 2013. Cela pourrait-il justifier la non-intervention d'Obama a l'époque ? Je pense que c'était un homme de raison. Je pense que la pression de l'établishment américain est lourde et c'est peut être pour ça qu'il s'est senti très fier de ne pas prendre cette décision sur le vif. C'est ce que je reproche aujourd'hui à la coalition à trois. L'OIAC avec la bénédiction de l'ONU devait se rendre sur le terrain avec l'aide de la Russie pour vérifier les récentes accusations. Pourtant cette coalition n'a attendu aucun rapport officiel. Leurs propres preuves leur ont suffi. Je demande alors quelle preuve ? Pouvons-nous avoir les preuves matérielles affirmant que c'est le gouvernement Syrien qui est à l'initiative ? Parce que étrangement le général Gerasimov avait prévenu il y a 1 mois qu'une attaque chimique se préparait. Cette guerre n'est pas uniquement sur le terrain, elle est dans les esprits et dans les coeurs.

De plus suite aux attaques de 2013, la Syrie a placé ses armes chimique sous contrôle international.

Je t'invite également à regarder cette intervention d'Éva Bartlett sur les différents rapports et organisation humanitaire présente en Syrie. C'est son intervention qui m'a amené à m’intéresser plus en détails au conflit.

Pour répondre à tes deux dernières questions je dirais que les forces aériennes Russes, et les troupes au sol Syriennes ont libéré une bonne partie du pays. La voix diplomatique entre la Russie, la Syrie, et l'Iran semble bien fonctionner. Le peuple Syrien fête sa libération. Place a la reconstruction même si je me doute que les belligérants n'en resteront pas là. Pas au vu des récents câbles diplomatiques dont je parlerais plus tard

Pour le coup je pense que nous avons deux visions complètement différentes du sujet, mais je respect ta position. Le conflit Syrien est très complexe et le traitement médiatique mainstream n'aide pas du tout a comprendre les réels enjeux à mon avis. Je pense que sur ce genre de conflit surtout avec les médias il faut se demander a qui sa profite et pourquoi ? J'espère que mon prochain article que je devrais publier demain t'apportera plus d'éléments.

Merci pour ta réponse. Je suis, tout comme toi, demandeur qu'on nous fournisse les preuves matérielles qui ont motivé les frappes, puisque les gouvernements américains, britanniques, et français déclarent qu'ils les ont en leur possession. Je regrette simplement les veto répétés de la Russie aux déclenchements d'enquêtes, on peut toujours se demander, en conséquence, s'ils n'ont pas quelque chose à cacher, ou quelqu'un à protéger.

Le prisme de lecture est important, comme tu le soulignes. Je suis parfaitement conscient que toute forme de média a un parti pris, des intérêts cachés, qu'il faut savoir prendre en compte pour une lecture optimale de l'information. Et souvent, comme pour beaucoup de sujets, tout n'est pas noir, tout n'est pas blanc, la vérité est entre les deux. Je pense que nous avons tous ici un esprit critique suffisamment formé, pour aborder un sujet aussi délicat dans le calme, sans en arriver au point Godwin. C'est sans doute une des forces de cette plateforme.

Et en effet, sur plusieurs points, nos avis divergent, mais comme disait Voltaire (même si c'est sujet à controverse) :

Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire.

Je suivrai donc ton prochain article avec intérêt !

A+

Salut @vianney

J'ai lu quelques articles et quelques expertises sur le sujet des armes chimiques. Cela vient confirmer ce que je pense depuis le début. Il n'y a pas eu utilisation d'arme chimique dans la Douma le 7 avril.

Voici un article de l'obs qui explique comment le Quai d'Orsay prouve l'utilisation d'armes chimique. Ils se basent sur les témoignages, photos et vidéos apparus sur internet...

Alors voici quelques témoignages photos et vidéos prouvant le contraire :

Je te propose également de regarder le discours du représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies, Vassily Nebenzia, au conseil de sécurité de l'ONU le 14 avril 2018 suite aux frappes conjointes de la coalition à 3.

J'ai quand même quelques questions en tête. Les frappes de la coalition à 3 visaient des entrepôts et des usines de stockages de produits chimiques n'est ce pas . N'y avait-il pas un risque de contamination du secteur alentour ? Pourquoi ne pas avoir donné l'emplacement des armes et des stocks a l'OIAC qui se rendait sur le terrain le jour des frappes et aurait pu prouver l'existence de ces armes ?

Selon moi ces frappes sont une façon de garder la face à une défaite de politique étrangère visant à faire tomber Assad. Ou dans le pire des cas une façon de nettoyer d’éventuelles preuves de l'implication des Occidentaux dans la mise une scène de ces fausses attaques chimique.

Affaire à suivre, mais les zones d'ombres sont nombreuses.

PS : L'article que je devais publier hier est encore en cours de rédaction

Bonne lecture et bonne journée

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