L'héritage de Paddington

in #fr7 years ago (edited)

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Il est de si étranges destins que la plupart les jugerait improbables. Pourtant, l’un de ces destins fut celui de mon neveu, Paddington. En effet, qui aurait pu croire que ce petit ourson que Pastuso et moi-même avons sauvé de la noyade serait un jour devenu la coqueluche londonienne ?

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une statue en bronze de Paddington à Londres

Aujourd’hui, il n’est pas un seul habitant de Londres qui ne connaisse pas Paddington, cet ours encore adolescent devenu célèbre par ses aventures incroyables. Pour l’anniversaire de mes 100 ans, Paddington a voulu un cadeau digne de ce siècle à fêter… et ma foi, il a été l’auteur de la réalisation du rêve d’une vie, pour la vieille ourse que je suis : Visiter Londres !

Avec mon cher Pastuso, ce fut notre souhait le plus caressé. Depuis mon arrivée à Londres, je passe d’émerveillement en émerveillement et comme plus rien ne me retient au Pérou, j’ai émis le souhait de rester vivre dans cette belle ville. Mon lien de parenté avec l’ours le plus célèbre d’Angleterre et mon grand âge ont facilité les demandes administratives : J’ai pu obtenir mon permis de séjour illimité !

Les Brown n’ont pas pu me loger chez eux, faute de place. Devant la situation, leur gouvernante, Madame Bird, m’a prêtée son ancienne habitation : Une vieille chambre de bonne en mansarde au cœur du vieux Londres. Bien-sûr, la pluie londonienne étant tenace, quelques gouttes s’infiltrent de temps en temps par le toit, mais Madame Bird m’a aussi donnée un vieux parapluie qui, dit-elle, parerait à ce léger inconvénient. Nonobstant, ce léger inconvénient n’altère en rien le confort de l’endroit et je m’y trouve tout à fait à mon aise.

Mais ce n’est pas pour vous raconter l’installation d’une vieille ourse à Londres que mes lignes ici, tentent de vous relater…

Depuis mon arrivée, nombre de journalistes ont défilé afin d’apprendre par mon biais les origines de Paddington… Mais je n’ai jamais voulu rien dire. Jusqu’à ce jour où, du haut de mes 105 ans, je pense pouvoir compter mes jours.

Et comme tout parent sachant leur départ proche, je veux laisser un héritage à mon unique famille, Paddington.

Je crois donc qu’il est temps que je révèle ce que je sais des origines de cet ourson si populaire.

Revenons au début de notre séparation, Paddington et moi. C’est à la mort de mon regretté Pastuso que nous-nous retrouvâmes sans logis… Il m’a fallu rejoindre la maison de retraite pour ours, et envoyer Paddington vers un avenir que je lui souhaitais meilleur : Londres. Sa mission était de trouver assistance auprès de Monsieur Montgoméry Clyde, l’explorateur qui, bien des années auparavant, nous a transmis la recette de la marmelade à l’orange. Vous connaissez tous cette histoire, donc je ne vais pas m’attarder sur elle.

C’est cette partie de ma vie à la maison de retraite pour ours, à Lima que je vais ici, vous conter.

Mes nombreuses cartes envoyées à Paddington pour le rassurer de ma vie tranquille à Lima n’étaient que des pieux mensonges, afin de ne pas l’inquiéter à mon sujet. En effet, dès que je suis arrivée à la maison de retraite, j’ai pu m’apercevoir que la vie des ours en ces lieux était misérable… Mes congénères étaient tous sous nourris, malades et dépressifs. Leur poil était terne et leur museau, bas. N’ayant pas d’autre endroit où vivre, je me résignais à y rester, dans l’attente de la grande faucheuse.

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Cela faisait huit mois que j’y séjournais quand une tournure différente y prit place, à l’arrivée d’un vieil ours grincheux, coiffé d’un chapeau de feutre marron. Son couvre-chef me rappelait celui de mon tendre Pastuso et ce fut avec attention que j’observais ce nouvel arrivé, ce qui, inévitablement, provoqua la réciproque. A force de s’interroger du regard, nous nous liâmes connaissance.

Nous-nous découvrîmes une affinité immédiate et une connivence innée, malgré son côté grincheux qui n’était qu’une apparente protection… N’ont besoin de protection que ceux qui sont sensibles, et mon nouvel ami s’avérait l’être le plus sensible et le plus délicat que j’ai pu connaître. La trame de notre amitié devint de plus en plus serrée sur le métier à tisser qu’est le temps, et au bout de quelques mois, nous étions inséparables.

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Cette complicité nous encourageait à nous confier nos histoires, nos secrets, nos espoirs… C’est ainsi que j’ai appris que mon ami, que j’ai baptisé « Aimé », car son nom en langue ourse est imprononçable, a perdu toute sa famille il y a longtemps, au cours d’une tempête dans la jungle du Pérou… Le même genre de tempête qui, hélas, a balayé ma vie d’un revers de main.
Cette similitude nous a encore plus rapprochés, Aimé et moi, et nous décidâmes de finir notre vie ensemble. Sa compagnie colorait la médiocrité de la vie à la maison de retraite et les privations n’étaient plus si pénibles à endurer.

Mais Aimé, qui venait d’arriver, ne supportait plus cette maison de retraite pour ours. Il eût l’idée, maintenant qu’il a trouvé en moi une nouvelle famille, de recommencer à zéro et repartir pour la jungle. Seulement, la jungle au Pérou est devenue dangereuse pour ses habitants, à cause des humains. Aimé misait sur le fait que je parle couramment anglais pour pouvoir négocier avec les humains si nécessaire.

N’ayant plus grande chose à perdre à part ma vie qui, de toutes les façons, s’étiolait, j’acceptai l’idée et nous partîmes, Aimé et moi, vers les lieux de son ancienne habitation.

Relater les détails de ce périple serait trop long et aussi pénible pour vous de lire que pour moi de les raconter. Au terme donc d’un long voyage, nous arrivons là où Aimé vécut avec sa famille… Heureusement, l’endroit était intact et non découvert par les hommes. Curieusement, ce n’était pas bien loin de notre ancienne demeure, à Pastuso et moi : A l’amont de la rivière dans laquelle nous avions l’habitude d’aller pêcher et… dans laquelle nous avons sauvé Paddington de la noyade !
Une intuition soudaine frappa mon esprit comme un éclair frappe le ciel : J’ai demandé les circonstances et la date de la disparition de la famille d’Aimé.

Pourquoi n’ai-je pas été surprise d’apprendre que l’orage qui a tout ravagé chez Aimé, était celui même que Pastuso et moi avions essuyé la veille même du jour où nous avions trouvé Paddington ?

Je lui ai donc posé LA question :
« Aimé, avais tu un fils, un ourson, perdu de vue depuis cet orage ? »

Aimé ouvrit de grands yeux ronds et me répondit par l’affirmatif : « Oui, comment le sais-tu ? Je ne t’en ai jamais parlée, car cela me fait trop de peine… »

A mon tour, je lui racontais donc comment nous avions trouvé Paddington et ce qu’est devenu cet ourson, que je supposais fortement être son fils. A mon récit, Aimé tomba sur ses genoux… Mais je voulais être sûre que Paddington était bien l’ourson qu’il avait perdu.

« Aimé, quelle particularité avait ton fils, pour être sûr que c’est lui ? »

Après son émotion, Aimé décrivit son fils :
« C’était un ourson très très très curieux et toujours de bonne humeur. Il essayait d’être sage et obéissant mais sa curiosité l’emportait toujours… Et… il avait une tâche blanche qui remonte de son nez vers son front, entre les deux yeux. »

Pour moi, il n’y eût plus de doute, c’est bien Paddington ! Je viens de retrouver son père !!

Aimé prit sa tête entre ses mains et pleura toutes les larmes de son corps. Je n’ai jamais vu un ours pleurer autant…

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Je lui proposais donc d’écrire tout de suite à Paddington et poster la lettre avec notre intermédiaire volatile (un oiseau ami qui assurait le rôle de facteur à partir de la maison de retraite), mais Aimé refusa.

« Tu comprends, ma Lucy, si Paddington apprenait que je suis en vie et que je suis ici, il va tout faire pour venir me retrouver… Il va ainsi gâcher sa vie à Londres et rater ses opportunités d’un bel avenir. Je préfère rester dans l’ombre, ma Lucy… et lorsque je ne serais plus là, tu pourras alors le lui dire… et lui donner ceci, c’est tout ce qui me reste. »

Aimé me montra son chapeau feutre marron (celui que vous pouvez voir accroché à mon mur jaune).

Je lui fis la promesse de n’en rien dire à Paddington… Et Aimé vécu avec moi quatre merveilleuses années.
A sa mort, je repris le chemin de la maison de retraite, le cœur lourd, jusqu’au jour béni où j’ai reçu mon billet d’avion pour Londres.

Aujourd’hui, alors que mon heure approche pour rejoindre Aimé et Pastuso, je relate cette histoire pour laisser à Paddington son héritage : Une pensée de son père et son chapeau…Il semble que le chapeau soit pour mon neveu une référence de vie… Aussi, j’ai précieusement gardé le feutre marron de mon bien aimé Aimé, que je chérirai jusqu’à ma propre mort, afin de le redonner intact de l'amour paternel à qui de droit.

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Lucy

Merci de m'avoir lue !

images sources pour les illustrations
Cette histoire a été écrite uniquement dans le cadre de ce concours non lucratif et purement imaginative, ne prétendant influencer en rien la vraie histoire de Paddington, écrite par ses créateurs.

#uneimageuntexte est un challenge amateur permettant aux auteurs en herbe d’écrire leurs propres petites histoires.
Le principe est simple : une image choisie et postée par le maître du challenge sert d’inspiration aux participants qui imaginent une histoire de 2000 mots maximum dans le style, le genre et l’esthétisme de leur choix. Tout est possible, la seule limite étant l’imagination !
À la fin du challenge, le maître choisi parmi les textes participants celui qu’il préfère personnellement et déclare son auteur vainqueur.
Le vainqueur devient le nouveau maître du challenge et choisi, à son tour, une image de son choix qui servira d’inspiration pour le challenge suivant.

Sort:  

Vraiment original et très bien raconté!
J'adore.
Merci!

Merci ! venant de toi, c'est un compliment plutôt flatteur !

Wow @tipousa! tu as un talent littéraire inné. Très belle histoire, racontée et illustrée de merveilleuse façon. Nous avons la chance sur Steemit de te découvrir. Bravo !

Merci Peeknpoke pour ton soutien !

😵 bravo c est du grand Art!!!

Merci pour ton encouragement, Kelos !

BRAVO Tiloupsa!!! Magnifique histoire et tellement bien écrite. Un vrai plaisir de te lire.

Merci Osmosis ! Je me suis dépêchée de le poster avant que Archéo ne me chipe l'idée ! hi!hi!

Haha! Coquine , tu as bien fait je suis très rapide .
Tu devrais ecrire des nouvelles ou un livre, tu aurais un franc succès.

Quelle belle histoire "d'am'ours" @tiloupsa! Bravo et merci d'avoir participé.

avec plaisir, ofildutemps !

Quel talent @tiloupsa ! très belle histoire et superbement écrite !

merci Tchigina !

Sublime rédaction qui mérite à coup sure un petit upvote de notre part !

merci pour votre encouragement, francosteem !

WOW :-) On savait que tu étais talentueuse mais là.... :)

meuh non... c'est l'image de Ofildutemps qui est super inspirante ! mets moi l'image d'une vache mâchouillant un brin d'herbe en rase campagne et je ne peux rien en faire ou traire ! Merci Roxane !

Ouah! Quelle histoire émouvante !
Je ne connaissait pas l'histoire de Paddington.
Bravo pour ce récit si bien écrit ! 😉

tu ne connaissais pas Paddington ? Un petit ours inventé par un romancier en 1959 et il y a peu, deux films ont été sortis sur cet ourson adorable et facétieux.... Vu ton caractère très jeune et joyeux, je pensais que tu les avais visionnés... bon, ben, toute une éducation à faire alors ? hi!hi! Merci pour ton commentaire, Archéo.

Et non, j'ai connut zebulon, nounours, casimir, nemo, mais lui
Je ne l'ai pas vu.
Je vais regarder du coup !

argghhh, moi qui cours après le temps cette semaine... et puis, dire pourquoi je m'appelle tiloupsa est une si longue histoire ! mais je relève le défi ! MERCI Pénélope !

Merci @tiloupsa je suis sûre que ce sera une belle histoire! Il n'y a pas de limite de temps alors tu es libre de faire ça quand tu veux, c'est juste pour le fun.

Moi aussi j'aimerais savoir; il semble y avoir une relation ti-loup-sa, Cela reste à. expliquer @tiloupsa.

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