Kiev, optimisme de guerre - Kiev #2
Kiev, optimisme de guerre
Après trois ans dans une ethnie à Madagascar nous arrivons à Kiev au début de l’hiver 2014. Les événements en Ukraine cette année là ne portent pas à l’optimisme : révolution de Maïdan en février, fuite du président en Russie, élection d’un gouvernement pro Européen qui déclenchera les mouvements en Crimée et dans tout le sud est de l’Ukraine. Rapidement c'est la guerre.
En ce début d’hiver, le calme à Kiev contraste avec les nouvelles du front, la guerre n’est pourtant pas si loin géographiquement parlant. L'économie du pays a souffert et l'effort de guerre n'arrange rien, et pourtant Kiev continue à vivre, elle vit même intensément.
Kiev, capitale d’une Ukraine en guerre …
Il est impossible d'ignorer, en se promenant dans Kiev que la guerre est là. Dans la rue des militaires revenant du front font la quête pour participer à l’effort de financement. Assis sur la place de l’indépendance j’ai pu vérifier que beaucoup de gens donnaient, je ne sais pas dans quelle proportion. Certains autres ont été blessés et hantent les tunnels qui permettent à Kiev de traverser en sécurité les grands boulevards. Dignes et visiblement soutenus par la population, mais pour combien de temps ?
Source Pixabay
Beaucoup d’Ukrainiens installés à l’étranger se mobilisent. Ils font des collectes d’argent, achètent et envoie des équipements tels que des gilets pare-balles, tenue de combat chaude … la diaspora se mobilise essayant de palier au manque de moyen de l’armée.
A Kiev on attend beaucoup de l’Europe, de l’OTAN … mais en attendant l’effort de guerre ruine une économie déjà extrêmement fragile, PIB en chute libre, le cours de la monnaie plonge …et en ce début d'hiver on tarde à avoir le chauffage, collectif, car le gaz vient de Russie et la Russie nous fait attendre un peu.
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur la guerre à cette époque quelques articles qui me semblent intéressants : Le Monde, Libération, La Tribune, Diploweb.
… mais Kiev est optimiste !
Il y a forcément un fort sentiment nationaliste dans Kiev, on se sent plus Ukrainien quand on est menacé par l’extérieur. Concept valable partout, le nationaliste a toujours était un bon levier pour les hommes politiques. Mais ce nationalisme, aux effets si souvent négatifs voire agressifs, se traduit ici par une émulation intellectuelle et culturelle. On regarde vers le futur, on construit une identité.Un simple exemple, j’ai pris des cours de Russe, et pas d'Ukrainien, simplement dans l’idée que le Russe était plus répandu, logique. Logique pour moi mais en pleine tension avec la Russie je me demandais si cela paraîtrait si logique à Kiev. Personne n’a rien trouvé à redire, je testais régulièrement mes trois mots, jamais je n’ai senti aucun reproche, je ne parle même pas d’animosité, au contraire.
Le dimanche était mon jour préféré pour déambuler dans le centre ville de Kiev.
Des couples et leurs enfants, bien habillés pour l'occasion, se promenaient main dans la main, achetaient une glace aux enfants, saluaient des amis et donnaient quelques pièces au talentueux violoniste qui animait la rue pour le plaisir de tous. Il y avait même un gars avec son piano dans la rue, un virtuose.Je crois que cette admosphére du dimanche n'était pas liée à la guerre, plutôt avec le niveau de développement / richesse. Je me suis souvent demandé si au-delà d’un certain niveau d’enrichissement on ne perd pas ce bonheur simple et vrai ? ... les "Millionnaires du dimanche" d'Enrico Matias !
Si ce jour-là on fait moins attention, aux dépenses
C'est que l'on a avec soi des millions d'espérances
Enrico Matias
Je transmets uniquement mon sentiment, mon expérience limitée dans le temps et dans l’échange, ne parlant ni Ukrainien ni Russe. On ne devait pas être beaucoup d’étrangers, les gens avaient à cœur de nous montrer le meilleur. Ils ne sont pas non plus du genre à se plaindre facilement.
Kiev est aussi un foyer de pauvreté, de vieilles dames couchées dans les tunnels quand il fait très froid c’est dur à soutenir, pourtant je me croyais "blindé" par de longues années dans des pays très pauvres.
Kiev est aussi une ville millénaire, marquée par l’histoire qui a laissée de nombreuses richesses que j’ai aimées et dont je voudrais parler dans un prochain post.
Pour y être allé l'année dernière, j'ai eu à peu près le même ressenti. Et j'ai aussi perçu les efforts considérables qu'ils font afin d'attirer les touristes et l'économie que cela engendre. J'ai toujours été bien accueilli, les gens sont souriants et on sent que la joie de vivre est une nécessité pour "digérer" le climat tendu à la frontière russe.
Dans les restaurants ou les bars, tout est extrêmement soigné et le soucis du détail est omniprésent.
J'ai aussi la chance d'aller à Lviv, que j'ai trouvé encore plus active culturellement parlant (j'en ferai sûrement un post d'ailleurs).
J'y retournerai peut être un jour, c'est pas l'envie qui manque en tout cas !
En tout cas, merci pour ce post, il rejoint pas mal l'idée que je m'étais faite en y allant.
Merci de votre commentaire, comme je le disais je crois dans le post précédent, moi aussi j'y retournerai un jour. Je ne connais pas Lviv mais j'en ai beaucoup entendu parler par des amis de là bas. Je suppose que le sentiment national y est encore plus développé qu'à Kiev. J'attends votre post avec impatience.
Je me suis permis de citer ton tag dans mon nouvel article sur Kiev il y a 5mn