D'Abidjan à Carcassonne : Une pause à Dakar

in #fr6 years ago


Le Sénégal

Depuis Abidjan nous avions traversé le nord de la Guinée Conakry avec un grand plaisir et pas mal de difficultés. Nous avions fini par atteindre le Sénégal par le sud est. Nous pensions visiter le parc national du Niokolo-Koba tout proche mais il y eut des contre temps. De là il fallait atteindre Dakar à 700 kilomètres, faire vérifier quelques bruits sur le 4*4, bruits qui nous avaient rejoints sur les pistes Guinéennes et monter vers la Mauritanie.

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Le Niokolo-Koba

Sur le coup, nous nous en sommes réjouis. Nous étions passé de la Guinée au Sénégal sans rencontrer de frontière ni d’uniformes. Fier de notre joli coup, involontaire, nous roulions sur Tambacounda pensant déjà aux plaisirs qui commençaient à nous manquer, un repas chaud, un lit correct, quelques provisions pour repartir vers le parc. Le contrôle de police a douché notre enthousiasme, sans le réaliser on venait de se faire attraper en pays étranger sans visa ni papiers d’entrée.

Ça c’est résolu comme toujours, avec patience, diplomatie, éclats de rire pour détendre l’atmosphère, visite d’un grand nombre d’administrations, escortés par des policiers transformés en guide touristiques. Nous avons gouté au statut non enviable d’immigrés clandestins, de luxe, pendant … trois jours. Des amis nous attendaient à Dakar pour traverser ensemble la Mauritanie, nous avons abandonnés à plus tard la visite du parc dont le nom me faisait rêver. Les éléphants, les élands de Derby et les baobabs du mont Assirik nous attendraient encore deux ans. Seule consolation, en saison des pluies cela aurait été ardu.

Dakar nous attendait, on aimait Dakar, on y avait nos repaires, nos amis, nos petits rendez vous et habitudes. Deux jours plus tard nous rentrions sur la presqu’île.

Dakar

J’avais sympathisé, un peu par hasard, avec un personnage atypique à qui je rendais visite à chacun de mes passages à Dakar. Haïdar était Libanais, né au Sénégal, amoureux de la mer et écologiste. Pas classique du tout. Il possédait un club de plongée sur la petite corniche, préférait s’occuper des plongeuses que des plongeurs, libre à sa façon il ne respectait que ce qu’il considérait comme des vrais valeurs. Haïdar ne se prenait jamais au sérieux, Haïdar d’ailleurs ne prenait rien au sérieux, des événements dramatiques l’avaient conforté dans cette façon de voir la vie. Quelques dix ans plus tard, je rencontrais par hasard un plongeur à Madagascar qui m’appris qu’Haïdar était devenu … Ministre de l’écologie du Sénégal.

En plus de la plongée, le club disposait de kayaks. J’adorais en prendre un pour partir sur l’île de Gorée, juste en face. Une traversée agréable qui permettait d’arriver à Gorée comme un gars du coin et éviter les soit disant guides qui attendaient les touristes au bout du quai se montrant parfois un peu fatiguant. Gorée c’est l’île d’où partaient les bateaux chargés d’esclaves, la Maison des esclaves se visite comme lieu hautement symbolique de cette période. C’est aussi un joli petit port et de belles promenades vers la partie sud plus sauvage.

Il y avait, en bord de mer, en face de l’université, un espace aménagé en plein air pour la musculation. C’était ouvert à tous, fait avec des essieux de camions et autres pièces de récupération. Avec mes 65 kg je passais pour le gringalet de service devant les Sénégalais qui y passaient leurs journées. Loin de se moquer tout le monde venait me donner l’un un coup de main, l’autre un conseil. Juste avant le coucher de soleil une petite plage un peu plus bas servait pour la gym en plein air. On était des centaines à trottiner et faire quelques mouvements sous les ordres de professeurs, je suppose improvisés. Une bonne manière de se faire inviter pour découvrir les chaudes nuits de Dakar.

Le matin, pas trop tôt, on allait prendre un café dans la rue principale du centre ville. Un petit parfum du pays que nous n’avions pas à Abidjan, ville organisée différemment. On trouvait même des croissants. Plusieurs marchés intéressants parsèment la ville, couleurs, odeurs, bruit et négociations au programme.

Si nous ne partions pas plonger, nous allions surfer. La pointe des Almadies avec sa magnifique mais cruelle vague derrière le club Med. Cruelle car les oursins dessous guettaient la moindre erreur et on se rappelait longtemps des morceaux d’épines restés sous la peau. Il y avait, heureusement, d’autres endroits plus faciles, l’un dans eux, prés de l’aéroport abritait la cabane qui me servait de quartier général quand je venais pour le boulot. A 12h j’y partais rapidement, le propriétaire gardait bien plié ma chemise blanche et mon pantalon sérieux, me donnait l’état des vagues, la planche et ses encouragements. A 1h30 il me faisait signe, je sortais, il me douchait avec la bouteille d’eau qu’il avait préparé et à deux heures j’étais en réunion avec mes petites chaussures vernies, parfois les cheveux, que j’avais encore à l’époque, encore un peu mouillés pouvaient seuls me trahir.

En vacances, rien de tel qu’un Thiéboudienne, le riz au poisson, après une bonne session de surf. Je préfère ne pas décrire les spécialités culinaires ça me donne envie de repartir : le Maffé : poulet ou viande aux arachides, les dibiteries qui proposent du mouton grillé avec des oignons, le poulet yassa … De petits restaurants familiaux vous servent ça pour trois fois rien avec un grand sourire. On se sent comme à la maison et on sort calé.

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Il faut bien repartir un jour, un petit passage dans un quartier perdu où des mécaniciens improvisés mais plein de génie et de débrouillardise vous règlent pour quelques billets les problèmes que les grandes concessions n’ont pas était capable de résoudre faute de pièces détachées adaptée. C’est incroyable qu’en une journée un garage qui ressemble à tout sauf à un garage vous fabrique ou vous adapte n’importe quelle partie de la voiture pour vous faire repartir `travers le désert. J’avais déjà testé leur talent d’où ma confiance.

Une dernière soirée d’adieu aux amis de Dakar, la cinquième, la bonne cette fois. Demain matin direction le lac rose d’où l’on atteindra Saint Louis par la plage.


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Une pause du coté de Dakar magnifiquement bien partagé ! Upvoté à 100% !

se doucher avec une bouteille d'eau... voilà ce qui est économique... quant à l'efficacité, je demande à voir. Même avec tes chaussures vernies, ta chemise bien pliée ! ha !ha!

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