D'Abidjan à Carcassonne, la première traversée

in #fr6 years ago (edited)

Le chemin est ainsi apparu logiquement. D’Abidjan on prendrait au nord est pourra atteindre la Guinée, une route facile que nous connaissions bien. Nous traverserions la magnifique région du nord de la Guinée pour rentrer au Sénégal par le sud-est. Rejoindre Dakar serait aisé, la quitter vers la Mauritanie serait plus dur car on était bien à Dakar. On attendait quelques difficultés et beaucoup de plaisir de la traversée de la Mauritanie. Enfin on retrouverait avec joie le Maroc pour un voyage facile vers l’Europe. L’acquisition d’un véhicule 4*4 fût le début des préparatifs du voyage. Une fois en France on le déposerait au port de Bordeaux pour le renvoyer à Abidjan en container. Acquérir un 4*4 d’occasion en Côte d’Ivoire n’était pas chose sans risque, le marché de l’occasion était aléatoire. Il fallait prévoir une période de test et de réparations. Il nous fallait également chercher un peu de matériel comme des plaques à sable et apprendre le minimum sur la conduite et le fonctionnement des 4*4. On a traîné trois jours avant de se présenter à la frontière. C’est vrai que l’ouest est une partie magnifique. La région montagneuse, des montagnes, pas très hautes mais aux profils particuliers. C’est la région de Man, celle des Yacouba à la réputation sulfureuse.


Le départ

La première chose qui vous vient à l’esprit quand vous vous retrouvez à vivre en Côte d’Ivoire est de rejoindre la terre natale par la route. Un beau voyage, une petite aventure, une occasion de rencontres et de découvertes. Une bonne manière aussi, de sentir une distance que les avions nous ont faite oublier. Je crois bien y avoir pensé avant même de débarquer en Côte d’Ivoire.

Deux ans c’étaient à peine écoulés que ce début du mois de juillet 1995 nous trouvait sur le départ. Nous avions déjà acquis une certaine aisance dans les voyages en Afrique de l’ouest que nous allions mettre au service et à l’épreuve de ce voyage.

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Le choix de l'itinéraire

Déduis le temps qu’il nous fallait réserver à la famille et aux amis une fois en France (Nous ne les voyions qu’une fois par an, leurs exigences restaient très acceptables) il nous restait un bon mois et demi. Une cinquantaine de jours ça peut paraitre long, mais plus de 10 000 kms à parcourir et 5 ou 6 pays à traverser, nécessitait de faire des choix.

Plusieurs facteurs sont venus contribuer au choix de l’itinéraire. Nous devions rejoindre des amis qui eux, partaient de Dakar. On ferait donc 3 ou 4 jours de pause dans cette ville que l’on adorait. La saison des pluies compliquait le voyage et obligeait à faire certains choix, des lacs infranchissables se créent dans certains coins à cette période.

Les deux pays qui pouvaient nous « couter » le plus en temps et que nous connaissions le moins, étaient la Guinée et la Mauritanie. La Guinée que l’on allait traverser en saison des pluies nous opposerait ces champs de boue, ses pistes inondées et son administration difficile à l´époque, avec ou sans pluie. La Mauritanie, qui voit les sables du Sahara se déverser dans l’océan Atlantique nous obligerait à nous confronter à la conduite dans le sable.

J’ai du me résigner à faire des infidélités à ma super R4 avec laquelle je m’enorgueillais de passer partout. Boue et sable c’était trop pour elle. Elle ne m’en a jamais voulue et a continuée à m’emmener, les années suivantes, dans toute l’Afrique de l’ouest.

Une préparation minutieuse

Le tout s’est fait durant l’année scolaire, certes avec quelques aléas, n’est ce pas pour cela que l’on aime l’Afrique ? Mon idée saugrenue de vouloir tester la voiture sur la plage, seul endroit où l’on pouvait trouver du sable, à bien failli mettre fin au projet avant son commencement. Sans aucune connaissance en la matière je ne suis sorti que par miracle du bord de l’eau qui me retenait prisonnier. La marée montante promettait de noyer mon rêve sans hésitation.

Les visas et autres formalités font partie des agacements liés au voyage. Mais on y survie avec un peu de patience et beaucoup de foi dans l’humanité. Au niveau administratif c’est la frontière Mauritanie – Maroc (Sahara Occidental) qui posait problème. Par une bizarrerie que seuls quelques bureaucrates sont capable d’imaginer, nous avions le droit de descendre du Maroc à la Mauritanie mais c’était interdit dans l’autre sens, le notre. Le genre de complication que l’on ne peut pas réellement anticiper, il faudra voir une fois sur place.

Sur le départ

Le problème c’est toujours le moment où il faut sortir de sa zone de confort. Il y a toujours une bonne excuse pour repousser cet instant. Nous étions chez nous en Côte d’Ivoire, en Guinée les règles allaient changer.

Des amis nous avaient signalés qu’une fête traditionnelle allait avoir lieu. Le groupe ethnique Yacouba fait danser son masque long sur des longues échasses en haut desquelles il réalise des figures acrobatiques incroyables. Le masque sacré, en plus de son pouvoir spirituel, bénéficie pour cela d’un pouvoir temporel qui lui donne cette agilité. Personne ne sait qui est derrière le masque sacré, il a reçu une initiation poussée et est essentiel à l’organisation de la société traditionnelle.

Pas simple de rentrer en Guinée. Le poste était fermé. Quand les douaniers sont finalement arrivés ils nous demandaient de déposer une caution de l’équivalent de la valeur de la voiture que l’on récupérerait en sortant. Inutile de préciser que même si nous avions prévu de sortir par le même endroit nous n’aurions en aucun cas déposé l’argent qui se serait évaporé comme un rêve au réveil.

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Il nous aura fallu trois jours à camper dans la voiture devant le poste frontière pour arriver à débrouiller la situation. Comme c’est souvent le cas tout d’un coup en quelques minutes tout à changé et les portes se sont ouvertes. L’Afrique met parfois la patience à rude épreuve.

Quelques heures plus tard, la nuit était tombée quand nous sommes arrivés à N’Zérékoré. La route avait été impressionnante, en pleine brousse on ne roulait pas de nuit à cette époque. Nous étions très proche de la frontière du Libéria où sévissait une féroce guerre civile qui provoquait des vagues de réfugiés que nous nous efforcions de ne pas renverser, mais ça c’est la prochaine étape.

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Superbe aventure, et quelle organisation! Comme quoi les voyages restent gravés en nous!

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