Melior, part 5

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Je sens qu’on m’enlace. Quelque chose de dur. Ce n’est pas humain. J’ouvre les yeux : je suis bloqué contre un rocher au milieu de la rivière, balloté par le courant. Une corde me ceinture. Le soleil m’éblouis, je suis resté évanoui toute la nuit… On me tire. Je me sens faible. Je perds connaissance, à nouveau.

Le clapotement de l’eau me réveille. Je n’ai pas la moindre idée du temps que j’ai passée inconsciente. Une heure ? Deux ? Une journée ? Je sens le soleil caresser ma joue, le minimum est donc d’au moins une nuit. J’ouvre les yeux difficilement. Mon flanc me fait atrocement mal et ma jambe me lance. Ah oui, la morsure… Saloperie de gobelins. Je regarde autour de moi : personne. Mes affaires sont posées à quelques mètres contre un rocher. Juste à côté de ma couche, un petit morceau de viande séchée et un bout de pain m’attendent. En passant la main sur mes blessures, je sens un bandage très serré, un travail de professionnel. J’ignore qui m’a sauvé la vie mais j’espère qu’il va revenir. Je mange un peu et rapidement, épuisé par mes blessures, je m’endors à nouveau.

Cette fois-ci c’est le bruit des grillons qui me réveille. Je sens une douce brise nuptiale et l’odeur du champ d’à côté. Je me sens beaucoup mieux, mais quand je tente de bouger, la douleur me cisaille le ventre. Je vais devoir attendre quelques jours avant de pouvoir bouger. Ça ne me dérange pas de prendre du retard, j’ai tout mon temps, mais j’ai peur de manquer de vivre avant d’arriver à ma prochaine étape. Mon sauveur n’a pas l’air d’être revenu, j’espère le rencontrer un jour… Comme je n’ai plus envie de dormir, j’attrape mon journal pour noter ce qui m’est arrivé. Je savais que tout ne serait pas facile, mais me faire attaquer le premier jour, je ne m’y attendais vraiment pas…

Je suis resté trois jours tantôt assis, tantôt couché. J’ai écrit, dormit, réfléchit à mon voyage, mais surtout, j’ai compté les minutes. Aujourd’hui je me suis levé et je me sens prête à repartir. Je vais devoir trouver un moyen de me défendre très vite si je veux survivre. Ou trouver un compagnon de voyage, capable de nous défendre. J’aime trop la solitude… Je dois absolument apprendre à me battre !