Un mystérieux manuscrit, perdu..............puis retrouvé - Partie 2

in #fr6 years ago

Le lecteur aurait avantage à lire la première partie de ce récit.

Le manuscrit de Voynich – Un parcours rocambolesque

Partir à la découverte du manuscrit MS-408, c’est véritablement partir pour une aventure.
Qualifié par certains de ‘’livre maudit’’, il ne laisse personne indifférent. Tout suscite la curiosité; une époque mouvementée, un manuscrit encrypté et des personnages illustres. Bref tout ceux qui gravitent autour du manuscrit : Wilfrid Voynich, Roger Bacon, John Dee, Rodolphe II, Athanasius Kircher, tous ces personnages ont eu une vie hors du commun et chacun mériterait une série télévisée en 6 épisodes.

Man Voy.jpg
Source : Medieval Manuscript Provenance

Une fausse piste

Après la découverte fortuite du manuscrit par Voynich à la Villa Mondragone en 1912, celui-ci entreprend de remonter aux origines du fameux bouquin. Une lettre écrite en 1666 par un certain Maci et trouvée dans le manuscrit suggère qu’il a été rédigé par Roger Bacon (1214 – 1294). Puis le livre est oublié dans un monastère. Durant la Réforme, en Angleterre, les églises, abbayes et bibliothèques sont spoliées. John Dudley, duc de Northumberland, qui aimait fréquenter régulièrement les monastères pour le pillage, l’aurait donc acquis comme butin de guerre et par la suite cédé à John Dee. Ce dernier sera envoyé en émissaire par la reine Elisabeth I auprès du roi Rudolphe II à Prague en 1584; Dee lui aurait vendu le bouquin 600 ducats.

John Dee et Elizabeth I

JohnDeeElizabethI.jpg
Source: Crystalinks

Toute sa vie, Voynich ne mettra jamais en doute la lettre de Maci et restera convaincu que la piste anglaise (Bacon – Dee – Rudolphe II) est la seule piste crédible. Maci aurait, dit-on, lui-même eu quelques doutes. Tous les experts sont unanimes pour dire que Bacon ne peut en aucune façon en être l’auteur; ce manuscrit ne ressemble en rien à l’œuvre de Bacon et Voynich aurait dû le savoir. En 2009, une dation au carbone 14, faite dans les règles de l’art par des spécialistes de l’Université d’Arizona, vient clore le débat et situe le parchemin entre 1404 et 1438. Ce ne sera pas la seule erreur de Voynich.

Retour à la case départ

La toute première piste nous vient d’un certain Georg Baresch; il vit à Prague, a étudié chez les Jésuites, il est alchimiste, ami de Jan Maci et travaille de près avec des gens qui sont au palais royal. Baresch n’est pas un personnage important; c’est plutôt un fidèle serviteur qui possède tout de même une certaine érudition. En 1639, il écrit à Athanasius Kircher pour avoir son opinion sur un manuscrit encrypté; il retranscrit 3 pages du manuscrit (texte et dessins) et les envoie avec la lettre. Baresch lui demande s’il peut décoder le texte puisque c’est la grande spécialité de Kircher, un jésuite professeur au Collège Romain à Rome. En guise de réponse, Kircher demande de lui faire parvenir le manuscrit. Peu de temps après Baresch décède et c’est Maci qui prendra la relève. On suppose donc que le manuscrit en question est le MS-408.

Palais Royal à Prague

chateau progue.jpg
Source: Wikimedia Commons - Auteur : Ludek

Un autre personnage fournit un indice que le manuscrit est à Prague, dans l’entourage du palais royal; c’est Jacobus Sinapius aussi appelé Jakub Horcicky de Tepenec. Il aurait guéri le roi Rodolphe II d’une terrible maladie et en signe de gratitude, le roi lui accorde plusieurs titres : médecin personnel du roi, premier alchimiste à la cour et même en charge des jardins du palais. C’est un érudit qui possède une riche collection de manuscrits. A sa mort, lors de l’inventaire, on retrouve la liste de ses bouquins. Sur la liste d'inventaire, on retrouve les infos suivantes sur une même ligne:

no.seq - (code) - le titre du livre - l’auteur du livre - l’éditeur - le nb de pages

no.9 - (code) - _____________ - ___________ - ______________ - 234 pages.

Alors que tous les livres sont correctement identifiés, il y a 3 colonnes vides à l'item # 9. Cette omission ne peut être une erreur; le nombre de pages correspond et les espaces à vide sont en fait la vérité. Il s'agirait bien du MS-408 et Sinapius était bel et bien le premier propriétaire du fameux manuscrit.

Conclusion

On peut maintenant dresser le tableau suivant. Compte tenu de la datation au carbone 14 (1404-1438), le manuscrit a sans doute été écrit entre 1425 et 1450. On en perd la trace de 1450 à 1600 (environ). Le manuscrit refait surface à Prague dans les mains de Jacobus Sinapius qui, à sa mort (1622), le laisse à Baresch qui en assure la garde jusqu’en 1639 ou 1640. A partir de 1640, Jan Maci possède le manuscrit et refusera toujours de le remettre à Kircher malgré 25 ans de correspondances insistantes. En 1666, peu avant sa mort, Maci enverra le livre à Kircher à Rome. Le manuscrit connaîtra bien d’autres péripéties avant que Voynich le redécouvre en 1912.

steen-23 011.JPG
Source: http://www.voynich.nu/history.html

À date, c'est le scénario privilégié; il reste cependant un vide de 150 ans (1450 à 1600) à combler.

Peeknpoke

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