Le positivo-néo-darwinisme

Des coupes nettes, très nettes. Aucun être vivant ne peut couper comme ça avec ses dents. Aucun élément ne peut faire de telles coupes. C’est le signe de l’arrivée sur terre d’une entité étrange. Il s’agit d’un animal fragile. Il ne court pas vite. Il n’est pas fort. Il résiste mal au froid. Ses dents sont si ridicules qu’il les montre pour faire rire et non pour menacer. La femelle a un bassin trop petit pour la mise bas. Les rejetons sont pleinement dépendants des adultes pendant cinq ans. Les mâles sons K.O pendant trois jours pour un vulgaire rhume. Tous avaient un cerveau qui consomme 20 % de leur énergie.

Avec un tel pédigrée, c’est à se demander comment cette espèce a réussi à évoluer si mal amanché. Elle aurait dû s’éteindre au moindre aléa du climat. Pourtant je ne vous mens pas, cette espèce existe. Et vous la connaissez.

Bon… d’accord, elle avait quelques caractéristiques sympathiques : des doigts opposables, des yeux voyant trois couleurs et la capacité de produire divers sons. Mais ce n’est pas ça qui te permet de tuer un mammouth, de survivre à une attaque de lion ou de maintenir ta température corporelle stable.

Pour survivre avec ses étranges caractéristiques, les membres de cette espèce ont dû, au cours des millénaires, déployer des talents d’ingéniosité. Cette coupe très nette en est la preuve : sur terre un animal est capable d’utiliser un outil. Bon, plusieurs espèces peuvent utiliser des objets. Par ailleurs, l’avantage d’avoir la capacité de piquer un insecte sur un bout de bois semble dérisoire comparé aux désavantages énumérés si haut.

En fait, le plus gros avantage évolutif de ces animaux c’est leur besoin d’être en groupe : ce qui les pousse à coopérer, à partager. En groupe, c’est toujours plus facile de trouver de la nourriture, et de se protéger des prédateurs. L’ingéniosité est leur point de salut. Un cerveau énergivore qui a des idées, c’est bien, mais dix c’est mieux. Pour uploader des idées d’une tête à une autre cet étrange animal a inventé une technologie sans fil. L’idée est simple : avec leur bouche, ils émettent des sons qui correspondent à un concept selon un consensus préétabli que l’on appelle langage. Le langage est extraordinaire puisqu’il permet le partage d’information d’un individu à l’autre, d’une communauté à l’autre et surtout d’une génération à l’autre.

C’est en se mettant en groupe que cette espèce a réussi à inventer l’extraordinaire : vêtements, maisons, agriculture. Ces animaux forment des communautés. En temps de famine : ça leur permet de trouver, ensemble, des solutions de survie et de partager les tâches. Les individus pallient aux faiblesses des uns et des autres et conjuguent leurs forces. Ces animaux empathiques cherchent même à aider les individus malades, blessés, abandonnés, affamés. Chacun souhaite que les autres fassent pareil pour eux. Ayant toujours besoin de penser et de partager, ces animaux ont inventé l’art : un réservoir infini de choses à créer et à partager. L’art est devenu essentiel à leur vie.

En terme matériel, ces animaux sont allés jusqu’à créer des outils qui permettent de créer des outils qui permettent de créer un élément d’un objet plus grand. En fait, tout ce qui permet à cette espèce de vivre est si complexe aujourd’hui qu’il demande la participation et la collaboration d’un nombre incalculable d’individus ingénieux utilisant des outils complexes.

Qu'est-ce que ça prend pour faire du pain?

• Du blé et de la levure sélectionnés : transmis de génération en génération
• Un champs : ça a pris des individus et des outils
• Des tracteurs adaptés : trouvez les étapes de fabrication de chacune des pièces…
• Des individus qui ont des compétence: donc des cours d’agriculture ou un système d’apprentie
• Un moulin à farine : combien d’individus ont participé à son invention?
• De l'eau traitée : grâce à un système complexe de déviation de l’eau potable
• Un four à pain : eh oui, un animal à un jour pensé que c’était une bonne idée de mettre de la farine mouillée dans le feu

Le pain est un aliment riche en énergie, permettant de nombreuses variantes et pouvant se conserver facilement. Pour en avoir, ça prend toute une communauté qui y travaille qui coopère. C’est la même chose pour tout ce qui permet à cette espèce d’être ce qu’elle est. Chacun de ces animaux a besoin de ses congénères pour vivre.

Et pourtant, aujourd’hui, certains croient avoir réussi seul.
Certains croient pouvoir s’en sortir seul.
Certains croient devoir s’en sortir seul.

Hey, mon ami! On est tous humains. Allez, viens chez nous. Il me reste du pain à partager, une gracieuseté de l’humanité.

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