Facebook m'a tuer

Que l’on soit gilets jaunes, anti-gilets jaunes, suporter du président, foulards rouges, gilets verts, gilets bleus ou tout ce que vous voulez, n’a aucune espèce d’importance pour Facebook.

Le réseau social de Mark Zuckerberg est le grand gagnant de la crise que traverse la France. En 2018, 34 millions de Français utilisait mensuellement Facebook. Ceci représente plus de la moitié de la population du pays.

Nous donnons tout au réseau social, nos photos, notre situation amoureuse, notre localisation, notre numéro de téléphone, nos idées politiques, ceux en quoi nous croyons, etc. Que fait Facebook de tout ça ? Il vend les informations à des annonceurs et se fait plein d’argent.

OK, rien de neuf sous le soleil, j’ai déjà abordé ceci à plusieurs reprises. Je ne vous ferai pas l’insulte de vous parler de l’élection de Donald Trump ou du Brexit vu sous l’angle de Cambridge Analytica.

En choisissant Facebook comme agora, nous avons tous décidé de confier nos opinions et nos colères a une société privée. Pour Facebook, nous ne sommes pas des citoyens, mais des utilisateurs, des produits.

En 2018, Facebook a changé son algorithme pour laisser moins de place aux médias et plus de place au contenu partagé par des amis. De plus, Facebook entendait donner plus de place au contenu de groupes.

J’avais déjà parlé du phénomène de bulle informationnel, mais à présent vous avez un exemple de ce qu’est une bulle informationnelle.

Pour bien comprendre comment marchent ces groupes, il faut aussi comprendre quelles sont les infos que Facebook nous laisse voir. Contrairement à Steemit, où les articles sont classés par ordre chronologique dans la catégorie « Nouveau », Facebook sélectionne les articles selon les interactions qu’ils génèrent. Un post avec plein de likes et de commentaires a plus de chance de trouver un large public.

Par exemple, que se passe-t-il si je vais sur un groupe Facebook tel que « la France en colère » ? Vous trouverez les messages les plus clivants, ceux avec les plus insultants, les plus débiles, les plus violents ou ceux avec la plus grosse fakenews. De plus, les posts sont relégués dans les tréfonds des groupes au bout de quelques jours. La réaction instantanée est plus importante que le débat construit et les arguments. Voici un petit florilège :

Que se passe-t-il pour les gens qui observe ça tout le temps sur leur fil d’actualité ? Que se passe-t-il lorsque chaque fil de commentaire fait grandir l’émulation ?

Facebook a gagné. Que l’on soit pour les gilets jaunes ou qu’on soit contre, on se retrouve tous sur le réseau social qui pendant ce temps-là aspire nos donnés. Il les digère et va les vendre au plus offrant. Les gens se pensent libre avec Facebook, mais ils s’enferment dans des bulles où les avis contraires ne sont que complots, trahisons, collaborations ou stupidités.

Alors que de plus en plus de personne pense que leur voix compte sur le réseau social, elles risquent de s’apercevoir que le réseau social est là pour entretenir leur colère. Le seul but de Facebook est que nous voyons des pubs, leur méthode est de mettre en avant les sujets les plus clivants et les plus polémique.

Le pire, c’est qu’en sachant tout ceci, je ne peux m’empêcher de participer moi aussi à ce débat de l’instant.