Souvenirs d'un gamer : Radiant Silvergun

Cet article était originellement une contribution personnel, réalisé pour le compte du site Console-toi.fr. Voici une version légèrement remanié et enrichie à destination de la communauté Steem. Bonne lecture !

Mais que fais-je mes amis ? Quelle hérésie me pousse à prendre la plume et à chroniquer ce mythe ! Suis-je en train de commettre une faute ? Réaliser une critique envers ce monument qu'est Radiant Silvergun reviendrait à pondre un constat ou alors une remise en question sur des textes sacrés et religieux tels que la Bible, le Coran ou la Torah. Une simple hérésie pour tous les croyants de par le monde ! Puisse le saint patron du jeu-vidéo me pardonner pour le péché que je suis entrain de commettre…

Bref, je m’égare très chers lecteurs ! Cependant, je me dois de vous avouer que cette tâche risque d’être particulièrement difficile et ne sera point objectif, tant l’affect sur ce bijou inestimable reste ancrée dans mes pensées. Si seulement on m'avait prévenu que cette oeuvre bouleversa à tout jamais ma vie de joueur qui était pratiquement réduite à néant, au tout début des années 2000, je n'aurais alors pas plongé à corps perdu de nouveau dans le monde vidéoludique. C'est bien grâce à la découverte de ce titre que ma passion pour ce média que je délaissais alors, se matérialisa de nouveau ! Rédiger un test de Radiant Silvergun n'est ici qu'un simple prétexte afin de vous dévoiler mais aussi pour vous faire part d'une partie de ma vie de joueur, face à un tournant déterminant dans mon existence. Un événement tout à fais inattendu qui laissa une empreinte indélébile dans mon esprit. Si il y a bien deux titres qui ont relancé mon intérêt sur ce petit plaisir personnel ludique, ce sont bien Radiant Silvergun et Dodonpachi. Deux jeux hors normes, qui n'ont que faire des productions uniformisés de ce début de siècle. Toi, oui toi, lecteur, visiteur, curieux, rageur, troll, qui que tu sois, je t’invite donc à franchir les portes de mon intimité à travers ce témoignage. Prend ton temps, installe-toi confortablement. Je m’en vais te conter mon histoire, celle d’un simple joueur jusque là ignorant…

Un bref témoignage du passé !

C’est par un beau jour d’été 2002 que l’aventure prit forme. Venant tout juste de fêter mes vingt printemps, je pris la ferme décision de me faire plaisir en faisant l'acquisition d’une connexion ADSL. Chose assez révolutionnaire pour cette période bénie de l'internet domestique, avec sa vitesse de 512k en illimité chez Wanadoo ! Autant vous dire qu’à cet instant, cette offre était considéré comme la panacée ultime, le tout pour un prix approchant les 45€ par mois. La sphère internet était en pleine mutation : le peer 2 peer était utilisé massivement. Une expansion générée par une industrie qui s’obstinait à conserver un système de distribution poussiéreux et antique, sans jamais s'adapter aux nouvelles technologies. Google ne détenait pas encore le monopole des moteurs de recherches ainsi que des services web (R.I.P. Lycos, Yahoo et bien d’autres…). Les blogs n’existaient pas encore. Du moins leurs ancêtres, les fameuses pages perso prospéraient malgré un code HTML assez austère et à l'architecture quelque peu sommaire. Mais la plus grande innovation du moment provenait d’un nouveau langage de programmation qui prit place rapidement dans l’écosystème du net : le PHP. C’est par son intermédiaire que bon nombres de forums de discussions à tendance communautaire firent leurs apparitions. Notamment avec l'apparition du très célèbre mod qu’est PHPbb, remplaçant ainsi l’antique et austère réseau des newsgroups.

C’est donc par le biais de cette nouvelle façon de converser avec d’autres personnes partageant un même centre d’intérêt que je fis la rencontre d’individus formidables aux connaissances culturelles et vidéoludiques assez pointues. Ironiquement, tout cela se déroula sur un forum que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de « board warez » (oui je sais c’est mal ! Je n’ai pas honte de l’avouer, vous comprendrez mieux par la suite…). Cependant, la qualité des topics et surtout des propos tenus par les membres habituels dans les différentes sections appropriées ont plus qu’attisé ma curiosité sur un sujet en particulier : le jeu-vidéo. Au détour d’une discussion fort intéressante sur un genre qui me parut au premier abord en totale désuétude, je découvris la ferveur d’un des membres de cette communauté, pour un titre qui selon lui, chamboule à tout jamais le classicisme et la linéarité d’un genre en perdition : le shoot’em up. Appuyé par l’avis éclairé de ce très cher Narsauva (qui officiait en tant que modérateur) et par les opinions positives d’autres personnes allant dans son sens, je me pris soudainement de curiosité pour ce jeu qui faisait alors l'unanimité.

Devant le plébiscite de ces différents membres, il me fallut que peu de temps afin d’entreprendre des recherches plus poussées sur ce jeu qui parut bien obscur à mes yeux. Pour les plus jeunes d’entre vous, sachez que l’indexation de sites à cette époque était très anarchique. Dans le but d’arriver à ses fins, il n’était pas rare de passer des après-midi ou des nuits entières entières à scruter des sites qui vous renvoyaient inévitablement à d’autres et ainsi de suite. En outre, le retrogaming n’était pas aussi développé qu’il l’est actuellement, faire l’impasse sur les sites internationaux était tout juste impensable. Radiant Silvergun, se dévoila peu à peu au travers de screenshots, de textes descriptifs et de vidéos à télécharger (les plateformes de streaming n’existaient pas ou très peu). Je découvris d’un œil médusé un concept assez avant-gardiste, renouvelant ainsi un gameplay plus qu’éprouvé par le temps. Le titre semblait proposer un mariage subtil entre la stratégie/réflexion lié à la simplicité du jeu d’action traditionnel, tout en ajoutant un zeste d’élément de RPG.

Le plaisir de la découverte !

Tout simplement ahurissant ! Comment ai-je pu faire l'impasse sur un titre pareille ? Très peu de jeux me firent pareille impression ! La curiosité laissa progressivement place à l'envie. Cependant, ce sentiment se heurta vite à un problème de taille : Radiant Silvergun bénéficiait d’une forte popularité au détriment d’un nombre d’exemplaires assez restreint. N’ayant que très peu de moyens et n’étant pas en bons termes avec le marché de l’emploi à ce moment-là, j’ai dû me résigner à accepter l’évidence que je ne pourrai point m’essayer à ce prodigieux chef d'oeuvre. La demande est forte et il n'est pas rare de voir ce mythe se négocier aux alentours des 150€. Quelque peu déçu et en sachant pertinemment qu’aucune autre alternative n’était possible, je du me contenter d’une simple image iso du soft téléchargé sur Edonkey. L'émulation Saturn n'étant pas aussi abouti qu'aujourd'hui, il ne me restait plus qu'à me tourner vers une console modifié, permettant de lire les disques gravés.

Et la une illumination divine pénétra mon esprit face à la beauté d’un jeu à la conception jusque-là jamais vu. Une expérience unique amplifiée par la créativité et la profusion d’inventivité tout au long de l’aventure. Radiant Silvergun réussit l’exploit de rallier un shoot’em up au système de jeu complexe, mais chiadé et bien pensé jusque dans ses moindres recoins, en alliant de somptueux graphismes, usant et exploitant la capacité de la Saturn qui excelle tout particulièrement dans le domaine de la 2D. Je ne parle même pas de la somptueuse bande-son, conçu par le talentueux Hitoshi Sakimoto à qui l’on doit les B.O de jeux inoubliables que sont : Ogre Battle, Final Fantasy Tactics, Vagrant Story et bien plus tard Odin Sphere et Oboro Muramasa.

Plus complet tu meurs !

Le concept de Radiant Silvergun est à la fois ingénieux et terriblement épineux à appréhender. Il vous faudra posséder une témérité sans faille afin d’assimiler les différentes possibilités de gameplay ainsi qu’une grande capacité de mémorisation du level design. Celui ci est intelligemment disposé et regorge de secrets en tous genres. Pour en tirer toute la substantielle moelle, il ne suffit pas de tirer sur tout ce qui bouge en martelant les différents boutons de tirs sans réfléchir à vos actions. Car pour évoluer votre module sous le joug des tirs ennemis, il faudra déchiffrer les puzzles qui « upgrade » vos différentes armes (huit au total !). Oui vous avez bien lu, un principe de niveaux de puissance des armes disponibles est omniprésent, étant donné que le jeu ne comporte aucun « power up » comme tout shoot classique.

Pour ce faire, il faut appliquer la règle des « chains » de couleurs, condition essentiel pour le bon déroulement de votre périple. Les ennemis sont différenciés par les couleurs et comportent les teintes suivantes : rouge, bleu et jaune. Tuer trois ennemis de la même couleur, successivement, établit une première chaîne. Le but étant de prolonger la destruction de ces ennemis en enchaînant ce principe pour ainsi générer un score conséquent et par la même, un upgrade plus rapide de vos armes.

Les points ainsi grappillés grâce à ce système augmenteront les points d’expériences de vos différents tirs jusqu’à atteindre son niveau maximal au level 33. Mais ce n’est pas tout… Une première chaîne d’éléments suivie d’un bleu et d’un jaune donne naissance à une secret chain d’une valeur de 10 000 points. Si vous continuez à détruire des jaunes suite à ce secret vous accumulerez 10 000 points en plus à chaque passage. La valeur maximale à atteindre est de 100 000 points. Les boss permettent également d’accroître votre score ainsi que votre puissance de feu. Chaque boss possède différentes sections destructibles en plus de leur cœur vulnérable. A vous d’en détruire la totalité afin de générer un quota de 100%. N’omettons pas le système de « weapon bonus » qui rajoutera un score bonus quant à l’utilisation prolongée et sous certaines conditions d’une arme en particulier. Le système de « scratch », qui fut introduit grâce à ce titre, permet également une augmentation en frôlant les éléments du décor, des vaisseaux ennemis ainsi que les tirs.

Tous ces paramètres sont vitaux et se doivent d’être maîtrisés. Le plus fort, c’est que Radiant Silvergun force à jouer selon ses règles vu que les opposants évoluent au fil de l’aventure, en résistant sous le feu de vos attaques. Avec un total de huit armes toutes différentes, la réflexion est de mise et je ne doute pas que vous passerez bon nombre d’heures à peaufiner chacun de vos passages durant chaque niveau. Puzzle game + RPG + stratégie + shoot’em up = Radiant Silvergun.

Le jeu de genre ultime !

Après toutes ces multiples découvertes, vous comprenez bien que je fus abasourdi par une telle avalanche d’idées et d’ingéniosités. Il ne m’en fallut pas plus pour m’investir totalement dans ce titre au point d'en ressentir de l'obsession. Tout ceci se solda ,au final, par l’achat d’un exemplaire original ainsi qu’une Sega Saturn japonaise, qui par ailleurs, marqua mon entrée dans le milieu du retrogaming. Après plus de 100 heures de jeux, je délaissais lâchement le chef-d’oeuvre de Treasure au profit d’autres découvertes, plus particulièrement à cause de mon investissement dans le Danmaku et à mon intronisation aux différentes productions Cave. Mais ce n’était sans compter sur le retour de cette merveille sur le devant de la scène, bien des années plus tard, sur la Xbox360 et son Xbox Live Arcade. La passion se manifesta de nouveau, pour un temps...

Radiant Silvergun est une expérience, un titre touchant l’excellence, un condensé de différents genres portés à nue devant les joueurs. Un concept jusque-là, encore inexploité, tant et si bien qu’ il fallut attendre sa suite spirituelle « Ikaruga » afin de retrouver ce sentiment de perfection. Car oui, mes amis, nous atteignons ici la perfection, celle d’un jeu inventif au plaisir incommensurable à chaque partie et d’une durée de vie pratiquement infinie. There is life everywhere !