Les héros de mon époque : Tom Savini

in #fr6 years ago (edited)

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Personnage énigmatique qui a œuvré dans l'ombre des grandes productions, Tom Savini n'en reste pas moins un magicien qui a marqué de son empreinte le monde du septième art. Bien que relégué plus généralement au rang de second couteau, de par son attachement au cinéma indépendant et de genre, Savini s'est forgé une réputation d'artiste aux talents multiples. Alternant talentueusement entre la conception de maquillage et la réalisation d'effets spéciaux qui ont fait les beaux jours des long métrages à tendance horrifique, ou l'hémoglobine coulait à flot sans retenu. A l'heure ou les productions de ce genre ont une tendance à proposer une image bien plus lissé et aseptisé via l'utilisation d'images de synthèses, rejetant la profusion de fluides corporels à l'écran tout en abusant de "jump scares" en tous genres pour susciter l'effroi chez le spectateur, il est bon de se remémorer un temps ou la peur sur grand écran rimait avec artisanat, inventivité et illusion.

Des débuts prometteurs !

Dès son plus jeune, Savini est partagé entre deux passions dévorantes : L'art de l'illusion ainsi qu'un gout prononcé pour le morbide qui le poursuivra pendant toute son existence. C'est donc par vocation et les yeux emplis d'étoiles que ce jeune homme, un peu marginal sur les bords, se lance dans des études d'arts plastiques à l'université de Carnegie-Mellon. Alors que sa rencontre avec Georges A. Roméro, à la fin des années 60, fut déterminante quand à sa choix de faire carrière dans le cinéma, l'homme se retrouve contraint de participer aux conflits qui éclataient alors au Vietnam. Délaissant ainsi sa participation au projet Night Of The Living Dead qui fit la renommée de Roméro auprès du grand public et qui fut pour lui une source de frustration profonde. Toutefois, le réalisateur élevé depuis au rang de maître de l'effroi, lui accorde sa confiance pour son second métrage intitulé Martin. Long métrage bien plus sombre et contemporain, proposant une mise en abîme d'un jeune désœuvrée se prenant pour un vampire.

Impressionné devant tant d'ingéniosité, Roméro entreprit une longue collaboration avec ce jeune talent qui excelle alors dans tous pleins de domaines différents. La force de Savini est de pouvoir retranscrire visuellement la violence de l'instant et de délivrer un sentiment de dégoût au spectateur, grâce à son talent naturel à reproduire la difformité mais aussi la mutilation d'organes et ce en gros plan. Cette générosité totalement macabre s'associe à un tour de force technique basé sur l'illusion. C'est ainsi qu'avec peu de moyens financiers, l'homme réussi à nous impressionner avec des subterfuges sentant bon la récup', à base de silicone, moules et autres prothèses. Perfectionniste dans l’âme, Savini n'en reste pas la puisqu'il se charge aussi de la mise en scène de chacune de ses interventions, capable ainsi de rendre l'action crédible aux yeux de tous.

Tout son art de la débrouille et son inventivité se retrouve alors sublimé dans le second épisode de la saga des morts-vivants qui reste encore aujourd'hui un monument du genre : Zombie Dawn Of The Dead. Sortie sur les écrans en 1978, le film bouleversa toute une génération de fans assidus de film de genre et fait encore office de cas d'école dans l'industrie du cinéma en tant que prouesse graphique, notamment pour sa débauche d'effets spéciaux jaillissant littéralement à la face du public. Imaginez un peu la stupeur de l'audience qui aperçoit tour à tour une tète exploser en gros plan, des membres arrachés, des organes plus vrais que nature déchiquetés et dévorés ainsi que des geysers de sang expurgés de corps sans vie... Le clou du spectacle viendra d'une scène surréaliste ou Savini himself, incarnant le rôle d'un chef de bande de motard, transperce le visage d'un revenant à l'aide d'une machette ! Miam !

Génie de la péloche !

Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le magicien du grand écran enchaîna les participations et les apparitions sur de longs métrages devenus cultes au fil du temps. Mettant tout son talent au profit de titres tels que Friday The 13th, Maniac, Creepshow 1 et 2, Day of the Dead, The Texas Chainsaw Massacre 2, l'homme acquit une réputation de maître dans le domaine de l'hémoglobine. C'est en 1990, que Savini put réaliser son souhait le plus chère. Alors que les droits de l'illustre Night Of The Living Dead tombaient subitement dans le domaine du public, à cause d'un simple oublie de dépôt de copyright par son propre exploitant, l'artiste prit la résolution de s'approprier l'oeuvre de son mentor afin de le lui remettre en bonne et du forme. C'est donc pour le compte de Roméro que Savini s'attela à la réalisation du remake de Night Of The Living Dead, qui selon mon propre avis, surpasse l'oeuvre original en terme d'ambiance et d'intensité ! Le film propose une vision plus pessimiste et critique des événements, emprunt d'une aura mystique bien plus développé que son aïeux. Un véritable chef d'oeuvre à voir ou à revoir de toute urgence !

Le travail accompli de Tom Savini laissa un souvenir impérissable pour toute une génération abreuvée de films de série B. La génération de vidéaste qui lui succéda à trouver matière à inspiration pour la réalisation de leurs œuvres auprès de ce qu'a pu offrir le célèbre illusionniste. Centré autour d'une mise en scène incisive et tout particulièrement féroce, des films que l'on considère aujourd'hui comme incontournable sont les fruits de l'héritage du savoir faire de Savini. Et c'est sans surprise que Tarantino et Rodriguez firent appel à ses compétences pour les besoins de From Dusk Till Dawn, ultime hommage à cette époque révolue. La boucle est bouclée, le nom de Savini restera à jamais gravé dans le marbre !

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Excellent article! Tom Savini est définitivement un artiste incontournable que j'ai toujours admirée! C'est un plaisir de se remémorer tout son talent, c'était la belle époque pour les films d'horreur! Je dois t'avouer que le premier Night of the living dead (1968) et la version 1990 sont pour moi tous les deux à égalité. C'est vrai que Savini a vraiement su rendre hommage au premier, à sa sortie le film a crée tout un impact mais la version noir et blanc a pour moi été un des films marquants de ma jeunesse. Super article @ixindamix!

Il fait clairement parti des derniers artisans du cinéma, au même titre que Stan Winston (R.I.P) et Ray Harryhausen (R.I.P too). Les deux versions de Night Of Living Dead peuvent se lire comme deux oeuvres totalement différentes avec chacune leurs propres ambiances. Je ne dénigre clairement pas le film originel de Roméro qui dépeint une critique acerbe de la société à travers un long métrage fantastique, mais j'avoue avoir une net préférence pour la version de Savini qui améliore le coté oppressif et malsain (l'instinct de survie qui pousse certaines personnes à commettre des actes immoraux) dans son récit.

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