Les candidats les plus déroutants aux prochaines élections communales belges

Ce 16 octobre 2018, des élections communales et provinciales auront lieu en Belgique.

Malgré les différents scandales qui ont marqué l'actualité de cette année, l'engouement de la population pour la politique locale semble plus fort que jamais. Dans mon patelin, une maison sur deux en moyenne affiche ses couleurs. Impossible donc d'ignorer que nous sommes en période électorale.

Depuis quelques jours, les listes officielles sont connues. À côté des partis traditionnels et des plus petites formations coutumières des scrutins, quelques candidatures se révèlent plus hautes en couleur. Dérision, humour absurde ou humour involontaire, je vous propose de faire le tour de ces candidatures particulières...

1) Wachou, la liste potache de Wavre, la commune du premier ministre Charles Michel.

La tête de liste Benoît Doumont, j'ai déjà eu l'occasion de la lire et de la rencontrer car elle s'exprime dans le journal satirique Même Pas Peur auquel j'ai un peu collaboré. Wachou, cela signifie Wavre c'est chouette. Benoît Dumont commente auprès de la RTBF :

Après après avoir été dirigés autant d'années par la même famille politique (libérale) - note : celle de Charles Michel donc -, les habitants en viendraient à oublier que cette ville est bien. Il faut donc le rappeler. D'où notre slogan et le nom de notre liste.

La formation, qui entend dénoncer par l'humour, propose 50 mesures joyeusement absurdes que vous pouvez découvrir sur leur site.
Ainsi, les candidats proposent entre autres l'édification d'une grande pyramide en écho au projet de tour-hôtel qui a fait polémique.

Suivez la campagne de Wachou sur facebook

2)Un faux Bart de Wever qui veut affronter le vrai.

Si vous ne vivez pas en Belgique, vous ne connaissez peut-être pas Bart de Wever, le leader controversé de la N-VA, parti de droite nationaliste flamand - certains observateurs parleront de parti d'extrême-droite. Notre homme, souvent pointé du doigt pour sa communication agressive, est à l'origine de diverses sorties envers les francophones, les migrants et les homosexuels.
Depuis que son parti est en coalition avec la droite libérale au fédéral, il se sent littéralement pousser des ailes. Armé de son humour, le comédien Geert Beullens a choisi de le remettre à sa place et... de se présenter également aux suffrages pour mieux le dénoncer. Son slogan de campagne ? De schulde van de anderen, ce qui signifie c'est la faute des autres.

Si vous activez les sous-titres, les paroles s'afficheront en français.

3) La liste Pokémon, une liste sans revendication portée par les joueurs de Pokémon Go

Moins militante mais encore plus incongrue, la liste Pokémon présente quelques candidats dans le district de Gand en Flandre. Amateurs du célèbre jeu Pokémon Go, ils espèrent obtenir quelques voix sans budget ni programme. Ils sont également contents d'avoir pu concrétiser ce qui n'était qu'une blague entre amis, preuve selon eux que la démocratie existe.

J'ai beau chercher mais je ne vois pas ce qu'il y a à dire de plus si ce n'est qu'une liste Flash McQueen, du nom d'un personnage du film d'animation Cars, avait également vu le jour à Braine-Le-Comte lors des élections communales de 2012.

Pikachu aux élections... Preuve de démocratie ou exemple de plus que la société du spectacle va trop loin ?

4) Un candidat inattendu au CDH

Les partis traditionnel aussi alignent parfois des candidats surprenants. Quand on parle du CDH, on se représente le parti centriste typique, appuyant une majorité ou une autre. Rien d'extravagant a priori avec cette formation politique de tradition chrétienne...
Pourtant, sa dernière recrue pour Bruxelles-Ville est pour le moins inattendue.
Tantôt qualifié de youtubeur, tantôt de rappeur, Ramal Trip est un garçon qui a gagné une petite notoriété (quelques trente mille likes sur sa page facebook) en postant des vidéos tournées sur son smartphone sur à peu près tout et n'importe quoi, vidéos qu'il agrémente en général de commentaires impulsifs, parfois injurieux.

https://dai.ly/x6sviq3

À coup d'autotune, Ramal Trip annonce sa présence sur les listes CDH et insulte les concurrents.

À vouloir se la jouer modernes sans comprendre les codes de la jeunesse, les partis traditionnels perdent-ils leur crédibilité ?

Je vous laisse libres de répondre à la question avec cette vidéo de la section de Sambreville du parti Défi, ancienne composante fédéraliste du MR - droite libérale - qui décide d'interpréter à sa sauce le morceau Basique du rappeur Orelsan.
https://www.facebook.com/DeFISambreville/videos/518576461901785/

5) Emmanuel Colbrant : l'homme qui est plusieurs partis à lui tout seul

Emmanuel Colbrant aime les couleurs vives plus que vos yeux. Il vénère le Christ et pense que tous les autres partis sont de confession musulmane et qu'il faut les combattre pour cette raison. Il propose un programme d'aides sociales plus généreuses et une chasse aux immigrés. Il pique des slogans à Trump, - Pour une Belgique grande à nouveau - au Parti Populaire - Les belges d'abord - et des mesures au PTB - instauration d'une taxe des millionnaires et du modèle Kiwi en matière de soins de santé.
Il a d'abord fondé un premier parti, le MGJOD, avant d'en lancer un autre, Chrétien, plus simple à retenir sans doute.

Heureusement, il est seul. Enfin, il a failli ne plus l'être. Un autre candidat voulait se présenter sous sa bannière à Forest, mais ils se sont rapidement disputés et il n'y aura finalement que lui, candidat unique d'une liste unique à Binche dont vous pouvez consulter le programme ici, sauf si vous tenez à vos yeux.

6) Jean-Louis Majerus : vrai candidat ou fantasme ?

Tout aussi mystérieux - et un brin inquiétant - est le cas de Jean-Louis Majerus.
Cet homme, qui partage avec Emmanuel Colbrant, le même goût pour les slogans volés, les couleurs vives, l'islamophobie et l'orthographe approximative, se présentait comme le candidat n°21 du Parti Populaire à la ville de Namur. Une petite particularité cependant : ses photos de campagne en maillot de bain.

La formation d'extrême-droite avait en effet lancé un vaste appel à candidature depuis son site Internet, désireuse de déposer un maximum de listes alors qu'elle peinait à en obtenir quelques-unes de complètes. Cet appel d'air aurait-il profité à Jean-Louis Majerus ? En tout cas, le candidat explique avoir reçu un appel d'un responsable du parti - rebaptisé Parti pillulaire - et avoir dû retirer ses affiches...

C'est sur ce mystérieux cas que nous nous quittons donc.

Qui a dit que la politique était ennuyeuse ?

Note : toutes les captures d'écran ont été faites depuis des pages publiques, accessibles à n'importe quel internaute.