Poésie Française

Les autres:

Pour l'instant tu étais seule
Devant les autres, devant le monde
Ton corps en sémaphore inquiet
Lançait des regards aux absences du devenir, du verbe
Tu aimais, tu priais, tu riais, comme une colombe apprivoisée
Tu connaissais le colombier et tu disais Sa main m'étonne
Il ne fait que me caresser et me regarder en plein vol
Je m'élance avec tant de grâce
Rien ne peut assouvir la joie d'être ici, d'être moi
Devant les autres, devant le monde

Tu buvais le ciel et la terre
Les autres n'étaient qu'un froissement d'aile
Ton esprit considérait la nuit
Comme l'ombre qu'il fallait fuir
Comme la peur, l'ombre en est ainsi
Rien que la voir il n'y a déjà plus d'obscurité
Ses mots résonnaient alors
Mais ne disaient autre chose que repose toi, repose toi et dors
Les autres n'étaient qu'un froissement d'aile

Puis la douleur surgit, soudain
Les autres te regardaient, encore
Percée d'une flèche en plein vol
Qui abîme le ciel, déchire le cœur
Tu te débattais seule dans un songe
Les éclats de soleil, brisés
La nuit prenait ton âme au ciel
Sa présence n'était plus qu'un souvenir
Triste chute vers un nouveau désir
Les autres te regardaient, encore

Comme dans un jeu d'éventail
Les autres te voient, ne te voient pas
Ta souffrance était instable, une simple lumière, une faille
La nuit est un grand sérail où se promène ton âme
Apprivoiser les colombes est devenu ton plaisir
Tu les caresses, tu les lances
Pour qu'elles prennent leur envol
Tu les couches avec des mots, doucement tu leur dis : dors
La première jouissance exquise n'est guère plus qu'un vieux souvenir
Tu reprends goût à la vie, l'amertume est ton élixir
Les autres te voient, ne te voient pas

Pour l'instant tu es seule
Les autres sont loin, tu es là
Tes yeux regardent la lumière
De l'obscurité éternelle
Les mots sont tes derniers amis
Ils dansent au bord de ton esprit
Douce colombe reviendra
D'un geste ton désespoir l'appelle
Fidèle ta main l’effleurera
Tes yeux éclaireront le ciel
Ses mots reviendront quand tu danses
Repose toi, repose toi et dors
Les autres sont loin, tu es là