Kaléidoscope mélimélomane

in #art7 years ago

Eh bien jeunot

Il est bien temps

Du dur boulot

Jusqu’à ton sang

Travailler ciel

Et terre et eau

Les bagatelles

Pour les bobos

Tu vas trimer

Pour le petit

Le petit pain

Et du mépris

Aux bons-à-rien

Mais j’ai été béni par Saint-Antoine

Du haut de sa colonne il jeta des dattes

Noires pour les mélomanes

Nourriture pour coléoptères et mille-pattes

Grouillant comme des dunes animées

Le sable disparaît sous les obscures carapaces

Un désert d’onyx érodé

Ils apportent un trône digne de Ménélas

Sur lui est assise la négresse blonde

Ebène et or vie et mort

La reine qui haït les catacombes

Qui jouit des plaisanteries et des métaphores

Dans les tentes des bédouins

Placées dans l’ombre des oasis

On se moque des gras européens

On se passe la syphilis

Et dans le désert les contrats

Les factures les déclarations les billets

De cerfs-volants de phasmes et de larves entourés

Se désintègrent dans le noir Sahara

Les littérateurs

Sont des astronautes

Tapettes fusil-fleur

Des hommes des glottes

Du vieux Carpe Diem

Au nouveau YOLO

Pour briser la veine

De lire Erato

Arrêtez Socrate

Nous avons horreur

Des rimes adéquates

Et des empereurs

Vous en avez assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine

Où dans les maisons blanches comme un E

Mallarmé a posé ses rimes anciennes

Et jeté les bibelots qui ne sont que paille en feu

Comme un verbe sur une page noir sur blanc

Je t’ai cueilli comme une proserpine

Mais je déplore le désert d’antan

Ma négresse je suis d’humeur assassine

Outil traître que le babil des Abolis

Il a chanté que jamais plus il n’ira

Flânant son temps l’anachorète maudit

A vu les grandes mains d’Œdipe roi

Tenant les hommes dévorés par Saturne

Qui violent l’enceinte du Parthénon

Des jambes emportées qui ont gardé leurs cothurnes

Leur sang est blanc comme le palais d’Astérion

.

De colonne en colonne il goutte à goutte

.

Il les tachète il s’y écrase

.

Il est l’encre blanche il est salive pour le muet mais il est déroute

.

Pour ceux qui veulent s’élever profonde catabase

Dans sa chute un rayon de son soleil de Minuit

Rouge orange jaune vert bleu indigo violet

Le transforme en une antique mélodie

Puis reprend sa face blanche recomposée

Finies les conneries

D’éphèbe foufou garçon

Admire la création

Tout naît vit meurt et s’emboîte

Tu as la chance d’être

Mais soit sans plaisir sans hâte

Sous Dieu le maître le prêtre

Administre tes péchés

Le cours de la luxure

Cet an-ci a chuté

Cours procrée et me perdure

La mer ivre bouge

Le soleil deux fois par jour décapité

Se guillotine encore ce matin

Cet Osiris ce Zagreus journalier

Eclaire de six rayons le mot de la fin

L’air vibre rouge

Une mort est inéluctable

Cette enfant noire de malheur

Pourquoi l’emmener conteur de fables

Elle n’a pas notre couleur

Un photon

Incolore

Avion

Fait éclore

En rebondissant

Les feux de la forge

I retentissant

Cou des rouges-gorges

Pendant que tu la violes

Je te supplie

Quel est ton prix

Pour que tu ne dénatures pas la créole

La poitrine du noir enfant est rouge de sang

Mes yeux balbutient et ma bouche tremblant

Hoquète quelques trébuchements

Quelle catastrophe tragique

Le respect aux aînés aux anciens

A ceux qui déclarent la guerre

Bien loin du front de tous les terrains

Exécutant les soldats délétères

Respect aux enseignants aux professeurs

On sait bien qu’ils se trompent souvent

Mais qu’importe la grossière erreur

Tant que tourne la machine à argent

En gros respecte un peu tout

N’essaie pas tu ne sauras faire mieux

Les adultes comme garde-fous

Des idées d’un monde horribleureux

La rivière est une feuille déchirée

Par le nez et les yeux de l’alligator

Le sinuement de son dos cuirassé

A quelques gouttes d’eau de l’aurore

Son dos frais d’un vert éclatant

Dans l’œil des voyous voyeurs d’anadyomènes

Si profonds qu’on y trouve les algues d’Océan

Brille de la couleur des feuilles chlorophilliennes

Tombe la pluie tombe la pluie tombe

Et crée des formes circulaires parfaites

Tombent les feuilles vertes tombent

Mais l’une d’elles tamponnée Article n°17

Une des lois de la seconde strophe

Qui s’échappa de ce désert vert

Elle est aussi fragile qu’un autotrophe

Mais fière de survivre pendant encore trois vers

Insouciante elle se pose sur un nénuphar

Car sa description est une montée du temps perdu

Dans son dos s’ouvrent de puissantes mâchoires

La feuille verte se referme sur l’alligator et son dos nu

Ne pense pas trop fort

Tu vas te faire mal

Je vais te le dire encore

Tu es anormal

Depuis le début du poème

Planté au milieu de la feuille

Tu sembles sous électrogènes

Tu me regardes le blanc de l’œil

Bois mes paroles anesthésiantes

Trois pas en avant deux pas en arrière

De l’intelligence absente

Mais des cœurs fiers

Tu vois les vagues

Mais non l’horizon

L’O scintille sous la Pléiade

Et la ceinture rhénane d’Orion

En barque sur le Rhin

Je me suis perdu jusqu’à l’Océan

Ici n’existe pas le fario divin

Mais les étoiles aperçues par les poissons-volants

Quelle flopée de nageurs libres

Qui n’en font qu’à leur tête

L’art comme les poissons vibre

Me voici dans le net

Ici les créations y sont infinies

Et bleues effaçant ciel et mer

Dix mille enfants nés aujourd’hui

Ouranos de son sexe pénètre la Terre

Et moi nageant comme un poète

Comme une truite bergère

Jette de l’O du Rhin une pincette

Dans cette eau étrangère

La synthèse des liquides miscibles

Me fait voir le bleu des Ormeaux

L’art est irréductible

Dans le Rhin coulera l’eau

Petite chiotte écoute-moi

Je m’évertue à t’instruire

Tu restes sourd et coi

Les plombs ont pété le cerveau va frire

L’homme est un loup

Il lui faut une cage éternelle

Qu’il pende la morale au cou

Crie comme une truie Emmanuel Lapucelle

La gueule bien encastrée

Dans l’ornière des bonnes manières

Roule-toi dans la fange de tes pères

Violée la poitrine enfantine de l’amoureux

D’elle s’y coule le sang magenta

Violée par la nuée d’ongles qui pleut

Comme les larmes et le sang violet qu’on boit

L’Y inversé bandant vers les cieux

Mauve de sang à côté du Christ ascendant

Plus rapide cependant dans la bouche de Dieu

Il crache sa pluie d’or et d’argent

L’Y est un fruit vert à cueillir

Quand il aura acquis la couleur d’hématome

Des veines congestionnées du corps à mourir

Des seringues plantées remplies de pénicillium

Le croquer péché mortel sera revenir

Aux années sans la lyre du délire

Aux années sans étendards rouges et bleus

Violant la poitrine enfantine de l’amoureux

Tu vois ton monde mondialisé

Milliers d’étendards du violet au magenta

Milliers d’étendards du magenta au violet

Les déchets nucléaires se reposent près du bois

Couleur de fruit mort ce monde

S’imprègne de la couleur viol-ish

De Maldoror

Qui encore vagabonde

Et s’arrête souffler entre deux hémistiches

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