Veille sécuritaire S-11-2017 Maghreb / TUNISIE

in #security6 years ago

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VEILLE TUNISIE

Semaine du 13 au 19 mars 2017

L'actualité :

  • 12 mars: le quatrième terroriste ayant mené l’attaque de Kébili a été arrêté. (R1)

  • un militaire a été blessé par l’explosion d’une mine dans la zone militaire fermée deuJebel Semmama, gouvernorat de Kasserine. (R3)

  • l’Italie a expulsé un Tunisien de 37 ans suspecté de liens avec Anis Amri, l’auteur présumé de l’attentat de Berlin. Il s’agit du 153 ème terroriste expulsé depuis 2015 et du 21 ème depuis le mois de janvier. (R4)

  • 13 mars: après l’attaque de la veille à Kébili, une campagne de perquisitions et d’arrestations a été organisée. Selon une source sécuritaire non confirmée, l’un des terroristes abattus serait l’imam d’une des mosquées de la ville. (R2 et R4)

  • arrestation à Nabeul de 3 personnes soupçonnées de trafic de cannabis. L’enquête a permis de remonter jusqu’au fournisseur qui serait un extrémiste religieux classé dangereux par la police. (R1)

  • saisie inédite en Méditerranée, de 31 kg de cocaïne pure pour un montant de 6 millions d’euros. (R2)

  • l’Allemagne a annoncé qu’elle allait extrader vers la Tunisie un ressortissant tunisien soupçonné d’être impliqué dans l’attentat du Bardo. L’homme a été arrêté au cours d’une vaste opération contre la mouvance salafiste. Ayant vécu en Allemagne de 2003 à 2013, il y était revenu en 2015. (R3)

  • à la suite d’un différend, un élève a été poignardé à Sousse dans la cour du lycée. Il est grièvement blessé et l’agresseur a réussi à s’enfuir mais 3 suspects ont été arrêtés. (R3)

  • 14 mars: arrestation à Jendouba de 5 extrémistes religieux ayant déjà été condamnés à des peines de prison.

  • manifestation des habitants de Kébili contre le terrorisme et pour dénoncer l’attaque du 12 mars contre un poste de contrôle de la police. (R2)

  • le Ministère irakien de la Défense a annoncé la mort au combat à Mossoul, du Tunisien Imed Ben Salah (alias Abou Omar Al-Faransi) (R4)

  • 15 mars: démantèlement d’une cellule takfiriste féminine Cité Ettadhamen, dans le gouvernorat de l’Ariana. Elle était composée de 6 femmes âgées de 21 à 23 ans, dont l’épouse d’un terroriste emprisonné, qui ont reconnu être en contact avec des terroristes à l’étranger. (R2)

  • arrestation à Menzel Abdelrahmène de 2 faux-monnayeurs qui opéraient dans le gouvernorat de Bizerte. (R4)

  • démantèlement d’un réseau de trafic de stupéfiants dans la région d’Hammamet, gouvernorat de Nabeul. 4 hommes dont un étranger ont été arrêtés, de la drogue a été saisie (100g de cocaïne, 2 capsules de Kétamine, une demi plaque de cannabis), ainsi que 23 000 dinars, un fusil de chasse, des cartouches, une épée, des bombes de gaz paralysant et une voiture. (R1)

  • à Nabeul, un homme poignarde mortellement son épouse avant de se pendre. (R4)

  • 16 mars: arrestation de 2 takfiristes suspectés d’appartenir à une organisation terroriste, à Sfax et Sidi Bouzid. (R3)

  • 2 individus appartenant au parti Ettahrir seraient sortis de la mosquée El Fajr à Hammamet et auraient collé des tracts appelant à l’instauration d’un califat. (R2)

  • démantèlement d’un réseau de trafic de drogue composé de 6 personnes, derrière le complexe sportif Parc A, à Tunis. (R1)

  • arrestation de 2 dealers de drogue à Menzel Bourguiba dans le gouvernorat de Bizerte. (R4)

  • 17 mars: un fusil d’assaut de type Kalachnikov et 60 balles ont été trouvés sous un olivier au centre ville de Ben Guerdane. L’arme serait celle du terroriste Taher Dhifallah remis aux autorités tunisiennes par les Libyens. (R2)

  • arrestation à Kasserine de 5 individus accusés d’avoir détourné et violé une jeune mineure. (R4)

  • à Djerba, un agent de la police touristique se tire une balle dans la tête après avoir arraché l’arme de son collègue.

  • arrestation à Kasserine d’une jeune femme de 23 ans connue pour son extrémisme religieux, qui planifiait son départ pour le jihad en Syrie. Elle était en contact sur Facebook, avec un combattant libyen de Daech qui lui aurait proposé de l’épouser, de pratiquer le « jihad nikah et de recevoir un « cadeau de bienvenue » de 30 000 dinars. (R4)

  • la police a arrêté à Gafsa, un extrémiste religieux ayant célébré l’attaque de Kébili sur les réseaux sociaux. La police a également intercepté des messages envoyés à des jihadistes dans des zones de conflit, les renseignant sur l’actualité des attaques en Tunisie L’homme pourrait être le cousin d’un des assaillants de Kébili(R3).

  • arrestation à Mahdia d’un homme soupçonné d’appartenir à une organisation terroriste et faisant l’objet de 3 mandats de recherche. (R2).

  • arrestation à La Manouba, d’un imam soupçonné d’appartenance à une organisation terroriste. C’est une enquête menée sur les comptes des réseaux sociaux d’un extrémiste de la région de Tébourba, qui aurait permis de révéler les liens avec l’imam d’une des mosquées de la délégation de Oued Ellil. (R2)

  • 18 mars: un élève, candidat au bac, a été arrêté à son domicile, cité Khaled Ben Walid, à Douar Hicher (Manouba), pour suspicion de liens avec des terroristes. Son interpellation fait suite à des échanges interceptés sur les réseaux sociaux avec des terroristes tunisiens en Libye et en Syrie. Des tracts et vidéos faisant l’apologie du terrorisme ainsi que des drapeaux de Daech ont été saisis chez lui. Le suspect aurait été chargé du recrutement de jeunes (hommes et femmes) pour le jihad. (R4)

  • arrestation d’un homme accusé d’avoir violé sa fille de 14 ans pendant des mois. (R3)

  • hold-up dans une agence bancaire du côté de Ksar Saïd dans la banlieue de Tunis. Les malfaiteurs ont été arrêtés. (R4)

  • arrestation à Menzel Nour, à Monastir, d’un fonctionnaire à la retraite suspecté de collecter de l’argent afin de financer un groupe terroriste. L’homme est connu pour son extrémisme religieux et sa proximité avec la mouvance jihadiste.

  • 3 personnes équipées d’armes blanches, auraient tenté de pénétrer au domicile d’un sécuritaire et proféré des menaces, à Menzel Temim, dans le gouvernorat de Nabeul. (R2)

  • 19 mars: les magistrats observeront à partir du 27 mars, une grève de 3 jours dans l’ensemble des juridictions pour protester contre les décisions prises samedi en conseil ministériel et qu’ils jugent insuffisantes et incomplètes.

Analyse de situation :

Contexte régional :

En Irak, selon certaines informations, des Tunisiens de l’Organisation EI, protestant contre leurs conditions de vie, se seraient récemment rebellés contre Al-Baghdadi, le jugeant même indigne du califat. Des affrontements avec ses partisans auraient dégénéré et un des Tunisiens aurait actionné sa ceinture explosive, faisant 20 morts. Ces informations ne sont pas confirmées mais il semble évident que la position d’Al-Baghdadi qui aurait fui dans le désert irakien va devenir délicate.

Au Maroc, démantèlement d’une cellule terroriste composé de 15 extrémistes ayant fait allégeance à Daech et actifs dans différentes villes. Ils planifiaient des opérations terroristes avec des explosifs et visaient des sites de divertissement et des endroits publics.

En Algérie, 2 terroristes ont été abattus et leurs armes saisies par l’armée algérienne le 16 mars au cours d’une opération menée à El Milia dans la wilaya de Jijel. Par ailleurs, les forces algériennes sont en alerte maximale le long des frontières sud du pays et particulièrement face au Mali, après que certaines informations aient fait état de possibles incursions d’éléments armés en provenance d’Azawad. Les militaires envisageraient même de mener des actions préventives en profondeur, au Mali, pour y déloger certains groupuscules armés.

En Libye, le 14 mars, l’Armée Nationale Libyenne du général Haftar a lancé une large offensive pour reprendre les zones perdues dans le Croissant pétrolier, qui semble avoir été couronnée de succès. Presque dans la foulée, c’est l’unité de la compagnie nationale du pétrole qui a volé en éclat. Cette compagnie qui gère l’argent du pétrole possédait depuis 2013, 2 branches, une à Tripoli, l’autre à Benghazi. L’année dernière, un accord avait été signé entre les 2, il semble qu’il soit rompu.

Selon certaines informations occidentales, des soldats des forces spéciales russes seraient stationnés à Sid Barrani, sur une base militaire dans l’ouest de l’Egypte, à une centaine de kilomètres de la frontière libyenne. Moscou a démenti.

Au début de la semaine, la partie ouest de Tripoli a été le théâtre de violents affrontements opposant des milices rivales. Mercredi, les forces loyales au GNA ont gagné du terrain, chassant les groupe rivaux à l’issue de violents combats qui ont paralysé la capitale. Par ailleurs, nous avons déjà évoqué la frontière mouvante entre AQMI et l’EI. Il semble bien que le théâtre libyen ait mis en lumière les liens qui existent parfois entre les 2 mouvements. Les autorités libyennes affirment d’ailleurs de manière fort inquiétante que l’EI islamique cherche à réorganiser ses rangs et à se positionner dans le sud de la Libye avec l’appui d’Al Qaïda et de Mokhtar Belmokhtar. Cet été déjà, des documents retrouvés à Syrte semblaient démontrer que certains groupes jihadistes proches d’Al Qaïda étaient financés par l’EI à Benghazi, Ajdabiya et Derna. De plus, il y a quelques mois, le chef du conseil de la Choura, un des groupes combattant avec les Brigades de Défense de Benghazi, a reconnu que son groupe s’était allié avec l’EI pour combattre l’armée libyenne.

Nous savions déjà avec certitude que les groupes jihadistes passaient d’un mouvement à l’autre par opportunisme mais il semblent également capables, en Libye comme en Tunisie récemment, de s’allier quand les circonstances l’exigent.

De plus, et c’est le plus préoccupant, plusieurs informations semblent confirmer que l’EI se reconstruit au sud de la Libye où le terrain y est particulièrement propice.

En Tunisie.

Une des principales menaces pesant sur la Tunisie reste encore la situation en Libye. Une aggravation de la situation sécuritaire pourrait avoir de graves répercussions sur les proches voisins.
Elle repose aussi avec acuité la question de la porosité des frontières et du risque de passage d’éléments dangereux désirant, au « mieux » rentrer chez eux, au pire continuer le combat dans les maquis montagneux ou à partir de cellules dormantes. C’est ainsi que,
cette semaine, les autorités de Zentan qui combattent Fajr Libya, ont remis, comme elles s’y étaient engagées, aux Tunisiens, 2 terroristes considérés comme dangereux: Hichem Manai et Taher Dhifallah. Ils ont été arrêtés alors qu’ils tentaient de passer la frontière tunisienne pour rejoindre les groupes armés retranchés dans les montagnes, et plus particulièrement Jond Al Khilafa à Mghila. Le premier homme appartenait à Katibat Jendouba relevant d’AQMI, et a collaboré avec les frères Hanachi avant de rejoindre Daech en Libye. Le second était membre d’Ansar Chariâa. Il est soupçonné d’être impliqué dans des assassinats politiques et dans la constitution d’un dépôt d’armes à Ben Guerdane. le danger est donc bien réel de voir ces revenants grossir les rangs des terroristes présents dans le pays, forts de leur expérience acquise au combat. Et il est indispensable que la Tunisie puisse, comme cela a été le cas cette fois-ci, coopérer avec les autorités libyennes, à conditions que celles-ci soient clairement établies et définies, ce qui n’est pas le cas sur tout le territoire.

On observe également cette semaine une importante actualité liée au trafic de stupéfiants qui a fortement augmenté en 15 ans. Ce sont souvent de jeunes voire de très jeunes gens qui sont impliqués. On observe également une féminisation du trafic. La plupart des saisies dont nous traitons sont souvent multiples mais restreintes. Ce n’est pas le cas cette semaine avec la saisie record de cocaïne. Il y’a déjà quelques temps que la garde maritime tunisienne avait dit être confrontée à de nouvelles formes de trafics avec l’Italie. Des vedettes se livrant au trafic de stupéfiants, de cigarettes mais aussi d’êtres humains, accostent sur les côtes tunisiennes. L’ampleur de la saisie effectuée cette semaine montre qu’il existe certainement un grand réseau international doté de ramifications en Tunisie.

Recommandations :

Il n’y a pas, cette semaine, de recommandations particulières à formuler. La Tunisie est une pays qui vit avec le terrorisme, tout en réussissant depuis un an à juguler la menace pour la ramener à un niveau acceptable. Les maquis de la montagne restent bien actifs mais mis sous pression par les opérations de ratissage de l’armée. La plupart des attentats déjoués étaient ciblés et visaient presque exclusivement les forces sécuritaires. Peu de plans d’attaques, depuis plusieurs mois, ont révélé une volonté de toucher la population ou les touristes, à l’aveugle, avec la volonté de tuer le plus de personnes possible. Ce qui ne signifie pas, naturellement que ce risque n’existe pas mais que probablement, certaines cellules importantes ont été touchées par les démantèlements et arrestations qui se sont multipliées depuis les événements de Ben Guerdane.
Il conviendra cependant, comme toujours d’éviter les rassemblements de foule, comme ce pourrait être le cas par exemple le 20 mars pour les célébrations de l’indépendance du pays. Il faudra également surveiller et réévaluer la menace avec l’arrivée de la saison touristique et de certaines fêtes religieuses.
Par ailleurs, la situation sociale est toujours assez calme et aucun des mouvements d’ampleur ne porte de colère populaire susceptible de dégénérer en actes de violence cette semaine. Les mécontentements les plus vifs sont le fait de réactions à un problème conjoncturel ou à un événement imprévu. Ils sont limités en nombre, dans le temps et dans l’espace.

Les zones à risques :

Sont déconseillés, la région de Ben Guerdène ainsi que les zones montagneuses des Gouvernorats de Kasserine et du Kef, de Jendouba ainsi que le corridor routier reliant les villes de Kasserine et de Sidi Bouzid en passant par Sbeitla.

  • Il est également recommandé d'être très vigilent à Zarsis et Djerba, et d'éviter les zones du Grand Sud Nefta, Douz, Medenine. Ainsi que les régions du gouvernorat de Tatouine, du sud de Dehiba et d'el Borma. Tout voyage dans une zone désertique doit se faire avec une agence de tourisme officielle. Le risque d'enlèvement est particulièrement élevé dans ces régions.
  • Eviter les zones rurales comprises entre Kairouan, Kasserine et Siliana. Et de manière générale les zones proches des frontières avec l'Algérie et la Libye, dans un rayon d'au moins 30km.
  • Suivre les recommandations qui, en raison des risques de mouvements sociaux spontanés, conseillent de privilégier l'avion pour rejoindre les zones touristiques du sud-ouest.
  • Dans la capitale, rappelons qu'il est recommandé de se tenir à l'écart des rassemblements, des axes empruntés par les manifestations et surtout des bâtiments sensibles et en particulier sécuritaires.

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