Qui êtes-vous vraiment ? Episode #2 : Le leadership

in #fr6 years ago


Comment peut-on devenir un leader ?

En psychologie sociale, les chercheurs se sont longtemps intéressés aux traits des leaders. Leur espoir était de trouver des points communs entre eux afin de déterminer quelle serait la meilleure façon de choisir un leader, ou sur quels critères doit-on le sélectionner.

Quels sont les traits d'un leader ? Quel leadership est le plus efficace ?

Au cours du dernier siècle, cette question fut interprété de trois façons différentes sur lesquelles nous allons nous intéresser aujourd'hui.

Puis nous verrons comment répondre aux questions posées ci-dessus.

Les 3 approches des leaderships


Longtemps, les chercheurs ont pensé que le caractère d'une personne, ses comportements, étaient les composantes les plus importantes du leadership. Ce courant de pensée, appelé l'approche personnaliste, faisait la distinction entre des leaders et des non-leaders.

Cette interprétation du leadership a notamment permis de créer la grille managériale (Blake & Mouton), un outil pour analyser les styles de management.

Cette approche suppose qu'il existe une façon de commander idéale, quel que soit la situation étudiée.

En effet, on observe sur la grille managériale que le style "Gestion démocratique intégrateur" possède les degrés d'intérêt porté aux résultats et aux relations humaines les plus hauts.

Ce qui nous amène aux travaux opposés, l'approche situationniste. Celle-ci nous informe que c'est la situation qui détermine qui deviendra un leader ou non.

En observant un peu l'Histoire, on s'aperçoit que certaines personnes sont devenues des leaders simplement parce qu'ils étaient au bon endroit et au bon moment.

Enfin, la troisième approche, dite interactionniste, utilise les deux approche précédentes. Il faudrait donc prendre en compte à la fois les qualités d'une personne, mais aussi la situation dans laquelle elle se trouve.

Selon Fiedler, un des psychologues les plus influents du monde de la psychologie industrielle et organisationnelle, un style de commandement sera plus ou moins efficace en fonction de la situation.

En partant de ce point de vue, il n'y a donc pas de style de commandement idéal comme pour l'approche personnaliste.

Ces approches ont toutes un point en commun. Elles possèdent deux axes, qui sont le degré d'intérêt pour la tâche, et le degré d'intérêt pour le groupe.

Au tout début, les psychologues pensaient qu'un style de commandement devait être, soit axé sur la tâche, soit sur le groupe. C'est ce qu'on appelle la conception unidimensionnelle.

Or rapidement, cette idée fut remplacée par une conception bidimensionnelle, c'est-à-dire qu'il est possible d'être à la fois axé sur la tâche, et à la fois sur le groupe, de façon entièrement indépendante l'une de l'autre.

On retrouvera donc 3 grands styles de commandement : démocratique (tendance à être axé sur le groupe), autoritaire (tendance à être axé sur la tâche) , et "laisser-faire". Nous allons donc chercher lequel de ces styles de commandement est le plus efficace.

Un style pour les commander tous


En 1939, les chercheurs en psychologie White, Lewin et Lippitt ont conduit une expérience pour étudier l'effet d'un leadership sur un groupe.

Ils ont attribué à 3 groupes de jeunes garçons un leader démocratique, un leader autoritaire, et un de type "laisser-faire".

Le leader démocratique pousse les membres du groupe à participer, et donne à chacun le pouvoir de s'exprimer, de partager ses suggestions.

Le leader autoritaire au contraire oblige les jeunes garçons à suivre ses directives, et n'accepte aucune suggestion.

Le leader laisser-faire de son côté, n'intervenait quasiment pas. Il n'était présent que pour permettre aux enfants d'avoir des informations sur la tâche à effectuer.

Ces psychologues avaient pour objectif de démontrer que le commandement de style démocratique aurait le meilleur résultat.

Or, les styles autoritaires et démocratiques se sont révélés être globalement équivalent au niveau de la productivité.
Cependant, le style démocratique aura permis la création d'une sensation de satisfaction, et de lier d'amitié les enfants du groupe.

Stogdill dans sa théorie des traits du leadership en 1974 en vient à la même conclusion : le style démocratique n'est pas nécessairement plus productif que le style autoritaire.

L'expérience de ces 3 chercheurs (White, Lewin et Lippitt) a tout de même permis de mettre en valeur les comportements des groupes lorsque le leader était présent ou absent.

Ainsi, pour le groupe dirigé par un leader autoritaire, si celui-ci est présent, les membres sont les plus productifs des 3 groupes étudiés.
S'il est absent, le groupe devient très peu productif.

Pour le groupe du leader démocratique, lorsqu'il est présent, ou absent, la productivité reste stable

Mais alors, comment expliquer cette différence ?

C'est simple. Sous un régime autoritaire, un individu n'a pas le choix de se conformer ou non. Il est obligé de répondre à des exigences, et va donc mettre de côté ses libertés pour donner ce qu'on attend de lui. Mais cela le rendra insatisfait et voudra arrêter la tâche dès que le leader autoritaire est absent.

Nous l'avons déjà vu dans mon précédent article sur la psychologie et le pouvoir, l'Homme est de nature à se soumettre facilement à une figure d'autorité.

Pour le régime démocratique, les gens ont le choix de participer ou non. Ils conservent leurs libertés. Ce qui va nécessairement diminuer le niveau global de productivité, mais qui va permettre aux individus de se sentir concernés par la tâche, puisque c'est pour le bien du groupe.

Les travaux de Lewin, White et Lippitt vont donc prouver que c'est non pas sur la productivité qu'il y a une différence majeure, mais sur les répercussions au niveau du moral et de la motivation des membres du groupe.

Conclusion


Mais alors quel est le meilleur style de commandement ?

Comme dit au début de cet article, il n'y a pas de style de commandement plus efficace qu'un autre de façon absolue. Cette expérience montre bien qu'il y a une compétition entre deux styles de leadership, qui sont plus ou moins efficaces en fonction de la situation.

Des chercheurs tels que Higgins pensent que chaque individu a une préférence pour un style de commandement particulier.

Beaucoup d'autres travaux visent à démontrer l'importance de l'identité sociale. De plus, on remarquera les efforts politiques pour intégrer des femmes et des minorités à des postes de direction, ce qui peut bien évidemment susciter de nouvelles interrogations en terme de leadership. En 2003, Eagly et Carli mènent des travaux qui nous informent que les femmes sont plus enclines à adopter un leadership démocratique, et que malgré les préjugés, elles sont tout autant efficaces que les hommes.


Pour aller plus loin :

Présentation des grands courants d’explication du leadership, Stéphane Jacquet, Centre de Ressources en Economie et Gestion
Influence sociale et leadership dans la direction des personnes, Henri Tedongmo Teko et Yves Bapes Ba Bapes, Septembre 2010
Les dimensions conceptuelles du leadership et les styles qui en découlent, Jean-Louis Bergeron, Relations industrielles, 1979
Le leadership et le phénomène du pouvoir dans l'organisation, Gaby José Ababa Ekula
Les styles de leadership, David Morrison, 1999

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J'ai eu un chef qui était démocratique d'apparence.
Il écoutait mais était totalement fermé aux arguements des autres.

Il y avait une forme de liberté très cadré.

Pour etre honnete, la psychologie n'est pas vraiment mon truc, mais j'ai bien apprecie la lecture de ton article (cela m'a permis d'apprendre 2-3 trucs au passage).

Il me semble que le leadership peut aussi venir des relations existantes. Etre mis des puissants peut aider, non? Tu n'en parles pas, mais ca sort peut-etre du domaine de la psychologie :p

Attention à ne pas confondre pouvoir, et leadership ;)

Etre ami des puissants, ça peut en effet apporter une preuve sociale, par biais d'association (simple conditionnement, d'ailleurs j'en parle dans cet article).

Mais tu as tout de même raison sur un point, le leader dans un groupe social, c'est celui qui entretien des relations avec le plus de personnes à l'intérieur même du groupe !

D'ailleurs, cela fera certainement parti d'un des sujets de mes futurs articles sur la psychologie sociale ;)

Merci pour ton commentaire, et puis, pour ta lecture aussi, ça me fait plaisir si j'ai pu t'apprendre 2-3 petites choses :D

Exact, j'ai pris un immense raccourci entre leadership et pouvoir. Autant pour moi ^^

J'attends ton article futur avec impatience.

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:D t'es belge ? :D

Héhé du tout mais je t'ai déjà parlé de mon amie belge elle m'a gavé avec ce mot pendant des jours et des jours !! Du coup j'ai réussi à le caler i'am fière de moi :-D ! Par contre merci Google j'aurai jamais pu l'écrire aussi bien. J'ai galéré à retrouver ce mot je tapais gotverdole et regarde ce que ça donnait --> ici la requête pour que Google ne trouve rien faut le faire puis j'ai tapé godver... et là magie :-D

:-D Cette fille est dingue ! :D

Excellent !

Je pense aussi que les femmes sont tout autant efficaces que les hommes, moins impulsives, plus réfléchies, elles tendent à avoir un regard plus distant sur les situations et à mieux les gérer.

Mais aussi bien chez les hommes que chez les femmes tout le monde n'a pas ces facultés là...

Merci je le répète excellent !!!

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