Sept questions que vous n’avez jamais osé poser sur l’asexualitésteemCreated with Sketch.

in #sex7 years ago

L'asexualité consiste à ne ressentir aucun désir de l'ordre sexuel, ou presque... Mais est-ce que ça veut dire qu'une personne asexuelle n'aura jamais de relations sexuelles ? Ne se masturbe jamais ?

J’ai découvert le concept d’asexualité il y a moins de trois ans, en traînant sur Internet. Avant ça, je mesurais bien qu’il y avait des gens plus « sexuels » que d’autres, mais je n’avais pas cherché plus loin.

Selon une étude de 2004 citée par CNN, il y aurait pourtant 1% d’asexuel•les dans le monde.

J’ai voulu poser à trois lecteurs et lectrices de madmoiZelle se définissant comme asexuel•les les questions qui m’ont traversé la tête il y a trois ans, quand j’ai découvert cette existence.

Certaines de ces interrogations sont naïves, mais il faut bien un début à tout ! Les trois personnes qui témoignent ne sont pas des ambassadrices, simplement des témoins des différentes nuances que peuvent prendre l’asexualité.

Ça veut dire quoi, être asexuel ?

Pour Jo, l’asexualité est un terme parapluie regroupant à la fois les personnes ne ressentant pas d’attirance sexuelle du tout et celles n’en ressentant que très peu et/ou sous certaines conditions très précises.

« En fait, c’est comme si l’asexualité se définissait par le fait de n’aimer aucun gâteau.

Certains asexuels vont quand même aimer certains gâteaux très spécifiques, ou alors ils ne vont manger un gâteau qu’une fois tous les 36 du mois… »

Y., une madmoizelle, est un bon exemple. Elle se dit asexuelle et pourtant, il lui arrive d’avoir des relations sexuelles.

« Pour moi, être asexuelle veut dire ne pas avoir de désir. Je peux avoir du plaisir, mais je n’ai que très très très rarement cette « faim » pour l’autre, cette envie d’entreprendre un acte sexuel.

Je dirait que le nombre de fois où j’ai du désir doit tourner autour d’une fois par trimestre, et que c’est encore plus rare que je l’assouvisse ! »

En comparaison, Régis, un lecteur, me raconte être dégoûté par l’idée même de sexe.

Aucun des trois n’a tort ou raison. En fait, il faut simplement voir l’asexualité comme un spectre comportant différents degrés.

Est-ce qu’une personne asexuelle se masturbe ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les trois personnes qui témoignent m’ont dit se masturber : l’absence d’attraction sexuelle ne joue pas sur leur envie de se toucher.

Y. m’explique alors que cela n’a rien à voir pour elle à la sexualité à deux.

« La masturbation, c’est pour moi, par moi. Ça commence quand je veux, ça s’arrête quand je veux, je ne fais attention qu’à mon propre désir.

J’ai finalement une vie sexuelle assez égoïste : je préfère quand tout est fait comme je veux !

Par exemple, il m’arrive de préférer me masturber que de faire l’amour avec mon copain parce qu’à un moment précis j’ai envie d’un truc rapide et vite fait.

J’ai rarement la motivation de coucher avec quelqu’un à cause de ça. Pour moi c’est difficile et éprouvant de séduire l’autre, de faire durer, de faire attention à ce que mes expressions faciales et mon corps soient attirant…

J’ai souvent tout simplement envie d’un petit plaisir de deux minutes enfouie sous la couette ! »

Une personne asexuelle n’a-t-elle jamais de relations sexuelles ?

Régis n’a jamais eu de relations sexuelles et ne pense pas en avoir un jour. Il n’en ressent pas le besoin, et refuse de se forcer. Mais son cas n’est pas forcément celui de tous et toutes.

Selon Jo, une personne asexuelle peut tout à fait consentir à avoir un rapport sexuel sans ressentir d’attirance.

Ça peut être pour faire plaisir à son partenaire ou juste parce qu’elle en a envie. Plus jeune, Y. a été violée. Pour surmonter son traumatisme, elle a décidé de continuer à pratiquer le sexe.

« Je n’ai pas de désir à proprement parler mais j’ai comme objectif d’être libre vis-à-vis de ma sexualité, d’être capable d’avoir des relations sexuelles, de pouvoir faire l’amour à mon compagnon de temps en temps.

Parfois j’ai envie de faire l’amour avec lui pour lui faire plaisir, parce que… ça me fait plaisir de lui faire plaisir ! En fait, j’ai juste envie d’être capable de faire l’amour les très rares fois où j’en ai vraiment envie. »

Enfin, il ne faut pas oublier le cas des personnes asexuelles qui ont, malheureusement, pratiqué du sexe presque par obligation, parce qu’elles pensaient que c’était la marche à suivre pour être « normales ».

Comment savoir si on est asexuel ?

Quand on entend parler de sexe partout, et souvent sur le ton de l’évidence, se rendre compte de son asexualité n’est pas toujours aisé. Régis a découvert ce terme en vagabondant sur Internet. Jo aussi :

« Il y a des articles très bien fait avec des listes type « Tu es asexuel si… » et je m’apercevais en les lisant que je pouvais cocher quasiment tous les items.

Ça expliquait tellement bien ma confusion et mon mal-être des dernières années…

Avant ça, je ne savais pas qu’il était possible de ne pas ressentir d’attirance sexuelle, donc j’ai perdu un temps fou à essayer de me convaincre que j’en ressentais. »

Ça fait quoi d’être asexuel dans une société très sexualisée ?

Régis a 20 ans et énormément de discussions, parmi ses amis, tournent autour du sexe.

Lui se sent toujours mal à l’aise dans ces moments, alors que pour eux tout est normal. En plus de ça, il ne s’imagine pas avouer son asexualité à certains de ses proches.

« Ils ne sont tout simplement pas capables de concevoir une vie sans sexe.

Ils verraient en plus ça comme une faiblesse de ma part. Voyons, un homme qui ne pense pas au sexe, ce n’est quand même pas normal, n’est-ce pas ? »

Y. dit, elle, qu’au jour le jour ça ne lui fait pas grand chose. En revanche, elle sait que certaines paroles qui se veulent bienveillantes de la part de proches l’ont fait souffrir.

« Ce sont des réflexions qui m’ont poussées à rester avec mon ex alors que je souffrais.

On me disait qu’il fallait que je me force si je l’aimais, que l’appétit vient en mangeant, que si je n’avais pas envie de coucher avec lui, c’est que je ne l’aimais pas…

Sans oublier les personnes qui le plaignaient, disant que ça devait être horrible pour lui d’être frustré.

Toutes ces petites phrases m’ont fait croire que le manque de libido était quelque chose qui n’existait pas. Si j’étais amoureuse, je DEVAIS avoir envie de sexe. »

Est-ce qu’on peut être asexuel, puis changer et devenir plus « sexuel » ?

Y. ne pense pas devenir un jour plus « sexuelle ». En revanche, elle estime possible que certaines personnes asexuelles le deviennent, et vice versa.

« Je pense qu’il y a très peu de choses qui ne peuvent pas changer dans notre vie, peu importe le sujet, et la sexualité en fait partie.

Tant mieux d’un certain côté, ça veut dire que notre futur est imprévisible, et c’est plus amusant comme ça ! »

Jo partage cet avis et ajoute :

« Du moment que personne n’essaie de nous « réparer » ou de nous « guérir » (on n’est ni malades ni cassés), on s’en fout un peu, non ? »

Comment ça se passe quand une personne asexuelle se met en couple avec une personne non-asexuelle ?

Plus jeune, Régis est sorti avec une fille à laquelle il a annoncé son absence de désir. Même si elle avait l’air un peu surprise et déçue, elle lui a d’abord dit qu’elle acceptait la situation.

« Sauf que plus le temps passait, plus je la sentais entreprenante. Elle voulait aller plus loin, et j’étais de plus en plus mal à l’aise. On s’est donc arrêté là, c’est dur, mais mieux comme ça.

Depuis, j’ai décidé que je ne veux plus être en couple avec une personne non-asexuelle. Comme ça, j’évite de créer la frustration ou de la culpabilité de mon côté ou de l’autre…

Ceci dit, la tâche n’est pas facile car l’asexualité d’une personne se voit rarement sur son visage ! »

Y. est pour sa part en couple depuis 4 ans. Une chose est certaine pour elle : il faut prévenir l’autre au plus tôt, pour ne pas qu’il ou elle se sente piégé par ses sentiments dans une relation qui ne lui permettrait pas de s’épanouir.

« Honnêtement, sortir avec quelqu’un qui voudrait coucher plusieurs fois par semaines alors que toi tu couches deux fois par an, c’est très compliqué.

On a dû beaucoup discuter, essayer de se comprendre l’un l’autre, de s’expliquer nos fonctionnements, de se rassurer, de faire des compromis, de mettre en place des règles

Et c’est parfois douloureux, parce que le sexe c’est quelque chose de très important pour les gens pour qui le désir fait partie de leur épanouissement ! »

Pour palier à ça, elle lui a proposé une relation ouverte.

« Je ne peux pas aider mon compagnon à être épanoui au lit, alors je ne veux pas l’empêcher de vivre sa libido ailleurs.

C’est quelque chose qui ne me dérange pas puisque le sexe n’est pas important pour moi. »

Faire connaître l’asexualité est nécessaire

S’il me semblait si important d’écrire cet article aujourd’hui, c’est parce que j’ai encore et toujours envie de rappeler qu‘il n’y a pas de norme dans la sexualité.

Comme me le rappelle très justement Y., contrairement aux idées reçues, les personnes asexuelles ne sont pas forcément cassées ou traumatisées.

« Oui, certain•es sont asexuel•les à cause d’un vécu sexuel difficile qui a façonné ou transformé leur sexualité, mais d’autres ne sont tout simplement pas intéressé•es par le sexe. Il n’y a pas de traumatisme caché derrière. »

Dans tous les cas, les personnes asexuelles ne sont pas pour autant malheureuses. Ce n’est pas un problème, pas une maladie, c’est juste ce qu’elles sont !

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