Après 5 mois d'absence, ma nouvelle vie de papa m'a éloigné de mes publications sur Steem. Je reviens avec la même envie de parcourir l'histoire de l'art. Pour celles et ceux qui n'ont pas suivis cette série d'article, mon but est de reprendre mes cours d'histoires de l'art auxquels j'avais eu accès il y a quelques années grâce à une formation professionnelle. Ce que j'ai retenu de ces cours fut la chose suivante : une oeuvre d'art nous raconte bien plus une époque donnée que certains livres d'histoire.
Nous nous sommes jusque là à travers des oeuvres d'art de la renaissance naissante en Italie, dans le saint empire, en Holland et en Angleterre. Il est temps de nous intéresser durant quelques articles sur Léonard, qui reste le peintre le plus connu de cette époque et un révolutionnaire dans son domaine. Nous commencerons par mon chouchou qui est, selon moi, l'oeuvre le plus abouti de ce dernier avec La Vierge aux rochers.

Interprétation de la Vierge aux Rochers

Une des plus grandes peintures de la Renaissance, cette œuvre de Léonard de Vinci existe en deux versions : la plus ancienne, parfois appelée La Madonne aux rochers, actuellement au Louvre et une version plus récente à la National Gallery de Londres. La première a été réalisée par Léonard peu de temps après son entrée au service de Ludovico Sforza, duc de Milan. La commande consistait en plusieurs peintures sur panneaux pour décorer l'Ancona (un autel en bois sculpté conçu pour recevoir des images) dans la chapelle de l'immaculée concerption, dans l'église de San Francesco Grande à Milan. En avril 1483, les membres de la Confraternité de l'Immaculée Conception se partagèrent le projet entre Leonard (responsable de la Vierge centrale et l'enfant) et les frères Ambrogio De Predis (responsables de huit anges musicaux sur les deux panneaux latéraux). La Vierge des Rochers a été dûment complétée vers 1484 et a peut-être été installée dans la chapelle de l'Immaculée Conception, comme prévu. Cependant, peu de temps après, il fut vendu pour 100 ducats au roi de France Louis XII (1462-1515), qui l'eut peut-être ensuite présenté à l'empereur romain Saint-Empire, Maximilien Ier (1459-1519). La seconde version londonienne a ensuite été commandée pour reprendre place dans l’église de San Francesco Grande. Ces deux peintures religieuses sont des chefs-d’œuvre de l’art de la Renaissance, notamment parce qu’elles ne font partie que d’une poignée d’œuvres connues peintes par la main de Da Vinci.

à gauche la 1ère version de l'oeuvre visible au Louvre à Paris et à droite celle du National Gallery à Londres

Composition

La commande demandait un portrait de la Vierge en l'honneur de la doctrine de l'Immaculée Conception, le dogme proclamant que Marie a été conçu sans péché originel. Comme son nom l'indique, le décor iconographique est une grotte rocheuse, où quatre personnages sont assis côte à côte sur le sol de pierre dans un arrangement en forme de pyramide qui semble contenir les quatre personnages dans un échange serré d'apparences et de gestes. À droite, l'archange Gabriel nous accueille sur la scène avec un regard énigmatique, tout en montrant la figure enfantine de Saint Jean. De son autre main, il soutient l'enfant Jésus assis à côté de lui. Au sommet de la pyramide se trouve la Vierge dont la main est levée paume sur la tête du Christ enfantin, comme pour lui donner une bénédiction. La main de Gabriel, qui pointe l'enfant Jean, forme une ligne horizontale dans l'espace entre la main de la Vierge et la tête du Christ, comme si elle complétait une croix invisible. Pendant ce temps, le petit bras droit de Jésus-Christ est levé dans un geste de bénédiction, en direction de l’enfant Saint-Jean, qui serre les mains dans la prière. Le cercle est complété par la Madone qui tend le bras pour entourer la tête du bébé Saint Jean.

Une composition pyramidale

Lumière et ombre

La manière dont Leonardo traite l'ombre et la lumière; sans doute sa plus grande contribution à la peinture de la Haute Renaissance, est presque incroyable. Les personnages sortent de l'obscurité de la grotte, illuminés par la lumière tombant du coin supérieur gauche de l'image. Le clair-obscur résultant améliore la solidité et la tridimensionnalité des personnages, tandis que la maîtrise de sfumato par Leonardo garantit que les contours entre les zones illuminées et ombragées des visages et des corps des personnages sont restitués avec la plus grande réalité possible. Ce naturalisme marque un point culminant dans la peinture de Leonardo, mais marque l'abandon du style de l'art de la Renaissance à Florence, dans lequel la précision anatomique est sacrifiée pour un effet artistique.

En photographie, on appelle cela du Dodge and Burn... on a rien inventé

Perspective et profondeur

La perspective linéaire en relief, qui donne au tableau une illusion de profondeur, est créée par un contraste entre les roches noires déchiquetées de la grotte et les profils flous des cimes des sommets lointains. Il s'agit d'un exploit non négligeable, compte tenu de la gamme tonale étroite du fond monochrome.
Cette œuvre d’art biblique, a eu un impact considérable sur l’art de la Haute Renaissance en Lombardie et à Rome. Le décor d’une tanière rocheuse est une image parfaite pour évoquer la notion de maternité naturelle. Dans l'église aux chandelles de San Francesco Grande, le cadre étincelant ainsi que les rochers sombres du tableau d'où émergent les figures saintes se seraient combinés pour suggérer une grotte primordiale, un cadre idéal pour le mystère de l'Immaculée Conception.

Utilisation primitive de la perspective par Leonard

La version londonienne

La Vierge aux rochers de la Galerie nationale contient quelques détails que l'artiste néglige généralement dans la version du Louvre, notamment les auréoles des personnages, la croix de roseau de l'enfant Saint Jean. Les autres différences sont les suivantes : l’archange Gabriel ne pointe plus vers l’enfant Jean et est tourné vers l’intérieur plutôt que partiellement vers le spectateur, la draperie est plus légère et plus révélatrice, il y a une plus grande illumination dans la grotte, elle est plus diffuse et provient de sources variées etc... Malheureusement, l'intervention d'assistants a rendu la représentation plus banale que la version sans pareil du Louvre.

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Série d'articles Présente moi une oeuvre d'art :

1- L'annonciation par Fra Angelico

2- Ecce Homo par Antonello de Messine

3- L'Extase de saint François par Bellini

4- Portrait du doge Leonardo Loredan par Bellini

5- La naissance de Vénus par Botticelli

6- Io et Jupiter par Le Corrège

7- Allégorie du triomphe de Vénus par Bronzino

8- La Mort de la Vierge

9- Portrait de Thomas More par Hoblein le jeune

10- Les Ambassadeurs par Hoblein le jeune

11- L'autoportrait à la fourrure de Dürer (1500)

12- Le lièvre de Dürer (1502)

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@siavach, Amtateur d'art et Photographe

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